La descente aux enfers s'accélère, pour la famille royale espagnole. Après l'épée de Damoclès d'une inculpation qui a fini par s'abattre sur l'infante Cristina d'Espagne dans le scandale Noos, le couperet d'une éventuelle condamnation menace désormais.
Début janvier, le porte-parole de la Maison royale espagnole, Rafael Spottorno, appelait la justice à hâter sa marche et à ne pas faire durer un feuilleton que la couronne endure depuis trois ans comme un véritable calvaire (un supplice qui a dramatiquement fait plonger sa cote de confiance). Il a été entendu : dans les heures qui suivirent, le juge majorquin José Castro, en charge de l'instruction de l'affaire Noos dans laquelle le gendre du roi Juan Carlos Ier risque jusqu'à 23 ans de prison suite à sa mise en examen, décidait la mise en examen de la princesse Cristina. Et le magistrat a visiblement pris les voeux de la Maison royale au pied de la lettre, puisque lundi, il a fait savoir qu'il avançait la date de l'audition de l'infante : le 8 février 2014, et non plus le 8 mars.
Après l'annonce de son inculpation de fraude fiscale et blanchiment dans le cadre de cette retentissante affaire de détournement de fonds qui concerne les agissements de son époux Iñaki Urdangarin à l'époque (2004-2006) où il dirigeait l'association Noos (en charge de l'organisation d'un congrès touristique dans les Baléares), l'infante Cristina d'Espagne avait réagi par la voie de son avocat, faisant savoir qu'elle ne s'opposerait pas à la procédure et se présenterait de son plein gré devant le juge comme demandé. Désireuse d'éviter de retarder le processus judiciaire et de faire durer une situation qu'elle trouve "inconfortable et injuste", Cristina d'Espagne, qui réside désormais en Suisse avec ses quatre enfants, "n'a rien à cacher ni au juge ni à l'ensemble de la société espagnole", parce qu'elle n'a pris part "à aucune activité ni aucun agissement qui puisse être qualifié de contraire au droit, et tient de ce fait à clarifier les choses dès que possible", a fait savoir le cabinet d'avocats Roca Junyent. Si les avocats en charge de la défense de la princesse ont bien signalé que, selon eux, la mise en examen de leur cliente ne repose sur aucun fondement juridique et aurait mérité de faire appel (la première tentative de mise en examen de Cristina d'Espagne du juge Castro, en avril 2013, avait ainsi été annulée), l'intéressée a renoncé à ce recours et laissé la porte ouverte à ce que la date de son audition soit avancée. Dont acte.
Toutefois, si Miquel Roca, principal avocat de l'infante Cristina et "convaincu de son innocence", a insisté lundi lors d'un point presse sur la démarche "volontaire" de sa cliente de se présenter face à la justice, décision que la Maison royale a accueillie "très positivement", le juge José Castro ne l'entend pas de cette oreille : en réponse au courrier des avocats de la prévenue, le magistrat de la cour d'instruction numéro 3 du tribunal de Palma de Majorque a avancé la date de la comparution d'un mois, mais n'a pas manqué de souligner que Cristina d'Espagne ne se présenterait pas "spontanément" puisqu'elle y a été contrainte par son inculpation le 7 janvier. Le bras de fer promet d'être tendu.