Après quatre décennies sur le trône et une transition démocratique opérée avec succès, Juan Carlos cède donc sa place. À la veille de voir son fils Felipe lui succéder, le souverain affaibli par les scandales et les problèmes de santé a tenu à s'adresser aux Espagnols dans un message télévisé, afin d'expliquer les raisons de son abdication, lundi 2 juin.
"Un élan de renouveau." Voilà ce que Juan Carlos (76 ans) souhaite insuffler à l'Espagne en quittant son trône après trente-huit ans de règne. Le monarque en a profité pour adouber son fils, qui deviendra très vite Felipe VI, auquel il a publiquement accordé toute sa confiance, expliquant qu'il avait "la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires pour prendre avec toutes les garanties la tête de l'État et ouvrir une nouvelle étape d'espoir où seront alliées l'expérience acquise et l'impulsion d'une nouvelle génération".
Dans ce message enregistré en fin de matinée, après l'annonce officielle faite par le chef du gouvernement Mariano Rajoy, pour éviter une éventuelle fuite, Juan Carlos a également assuré que le Prince des Asturies incarnait "la stabilité qui est la marque d'identité de l'institution monarchique". Alors qu'il avait démenti vouloir abdiquer au moment où un sondage montrait que 62% des Espagnols souhaitaient voir Felipe prendre sa place, le roi a précisé que c'est pourtant à cette période-là qu'il a pris sa décision. "Lorsque j'ai eu 76 ans en janvier dernier, j'ai estimé que le moment était venu de préparer dans quelques mois la relève pour laisser la place à celui qui se trouve dans des conditions parfaites pour garantir cette stabilité", a-t-il déclaré.
Juan Carlos a aussi évoqué la situation de l'Espagne et notamment le fort taux de chômage frôlant les 26%. "La grave crise économique a laissé de profondes cicatrices dans le tissu social mais elle nous montre aussi la voie vers un avenir plein d'espoir. Tout cela a réveillé en nous un élan de renouveau, de dépassement, de correction des erreurs", a déclaré le souverain. Celui-ci n'a toutefois pas souhaité évoquer les différents scandales qui l'ont touché ces dernières années et écorné son image comme son fameux voyage au Botswana en 2012 ou encore l'affaire de corruption qui a frappé l'infante Cristina et son mari Iñaki Urdangarin.
La reine Sofia a de son côté été remerciée par Juan Carlos, qui a évoqué le "soutien" de sa belle-fille Letizia dont bénéficiera Felipe. Face eux Espagnols, il a conclu en réaffirmant son attachement à la nation. "Je souhaite le meilleur à l'Espagne, à laquelle j'ai consacré ma vie entière et au service de laquelle j'ai mis toutes mes capacités, mon enthousiasme et mon ardeur", a assuré le souverain, monté sur le trône deux jours après la mort du dictateur Franco en novembre 1975.