Festival de Cannes: La jurée Leila Hatami fait une bise, l'Iran crie au scandale
Publié le 19 mai 2014 à 13:30
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Leila Hatami - Photocall du jury du 67e Festival International du Film de Cannes le 14 mai 2014 Leila Hatami - Photocall du jury du 67e Festival International du Film de Cannes le 14 mai 2014© BestImage
Gilles Jacob - Montée des marches du film "Mr. Turner" lors du 67e Festival du film de Cannes le 15 mai 2014
Leila Hatami lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes le 14 mai 2014
Membres du jury : Leila Hatami, Carole Bouquet, Do-yeon Jeon Sofia Coppola et Jane Campion - Montée des marches du film "Le Meraviglie" lors du 67e Festival du film de Cannes le 18 mai 2014
Leila Hatami - Soirée "Dior et Elle magazine" à l'occasion du 67e Festival du film de Cannes le 18 mai 2014
Gael Garcia Bernal, Carole Bouquet, Willem Dafoe, Jane Campion, Lambert Wilson, Jeon Do-yeon, Sofia Coppola, Zhangke Jia, Leila Hatami, Nicolas Winding Refn, Chiara Mastroianni et Alfonso Cuaron - Cérémonie d'ouverture du 67e Festival international du film de Cannes le 14 mai 2014
La suite après la publicité

Le gouvernement iranien se scandalise une nouvelle fois pour une bise. En 2013, au Festival de Cannes, lorsque Bérénice Bejo a embrassé le réalisateur iranien Asghar Farhadi au moment où elle a reçu le prix d'interprétation pour son rôle dans Le Passé, les critiques avaient fusé. Cette fois, et toujours en plein Cannes, c'est au tour de l'Iranienne Leila Hatami, membre du jury, de provoquer la colère des autorités iraniennes.

Révélée au monde entier pour son interprétation bouleversante dans Une séparation de Farhadi, Leila Hatami (41 ans) a été choisie pour être membre du jury présidé par Jane Campion à Cannes pour la 67e édition. Croisant le président de cette manifestation, Gilles Jacob, elle lui a fait la bise le soir de l'ouverture du Festival le 14 mai. Une attitude "inappropriée" selon le vice-ministre de la Culture iranien et l'image, reprise par certains médias iraniens qui ont flouté l'acte.

Gilles Jacob a réagi par deux posts sur son compte Twitter : "C'est moi qui ai fait la bise à Mme Hatami. À ce moment, elle représentait pour moi tout le cinéma iranien, ensuite elle est redevenue elle-même." Il ajoute : "Cette polémique basée sur une coutume habituelle en Occident n'a donc pas lieu d'être."

Ce n'est pas de l'avis du vice-ministre de la Culture, Hossein Noushabadi, cité par le site Internet de la radio-télévision Irib : "Celles qui participent à des événements internationaux devraient prendre en compte la crédibilité et la chasteté des Iraniens, afin de ne pas montrer une mauvaise image des Iraniennes. (...) Qu'elle soit artiste ou non, la femme iranienne est le symbole de la chasteté et de l'innocence, donc une telle attitude inappropriée (ayant eu lieu) récemment au Festival de Cannes n'est pas conforme à nos principes religieux." Selon la loi islamique, en vigueur dans le pays depuis la Révolution de 1979, une femme ne peut pas avoir de contact physique avec un homme étranger à sa famille.

Une affaire qui intervient peu après la parution d'une vidéo virale dans laquelle plusieurs centaines d'Iraniennes sont apparues non voilées. Les conservateurs iraniens ont alors réclamé récemment la stricte application du port du voile islamique dans les lieux publics. Une position qui s'éloigne de l'attitude modérée du président Hassan Rohani élu l'an dernier, qui oeuvrait pour davantage de libertés culturelle et sociale.

Leila Hatami est la fille de l'actrice Zari Khoshkam, star de cinéma avant la Révolution iranienne. Son père, Ali Hatami, est le symbole toujours présent du cinéma iranien et il la dirige pour ses débuts à l'écran. En 1998, le rôle-titre Leila de Dariush Mehrjui la propulse au rang de vedette dans son pays. Le film Une séparation d'Asghar Farhadi lui permet de remporter un prix d'interprétation collectif au festival de Berlin. Elle est mariée à Ali Mosaffa, qu'on retrouve face à Bérénice Bejo dans Le Passé, de Farhadi.

Mots clés
People International Cinéma Clash Politique Scandale Top news Festival de Cannes
Suivez nous sur Google News
Tendances
Voir tous les people
Top articles Cannes
Dernières actus Festival de Cannes
Actualité Festival de Cannes
Dernières actualités
Dernières news