Le gouvernement iranien se scandalise une nouvelle fois pour une bise. En 2013, au Festival de Cannes, lorsque Bérénice Bejo a embrassé le réalisateur iranien Asghar Farhadi au moment où elle a reçu le prix d'interprétation pour son rôle dans Le Passé, les critiques avaient fusé. Cette fois, et toujours en plein Cannes, c'est au tour de l'Iranienne Leila Hatami, membre du jury, de provoquer la colère des autorités iraniennes.
Révélée au monde entier pour son interprétation bouleversante dans Une séparation de Farhadi, Leila Hatami (41 ans) a été choisie pour être membre du jury présidé par Jane Campion à Cannes pour la 67e édition. Croisant le président de cette manifestation, Gilles Jacob, elle lui a fait la bise le soir de l'ouverture du Festival le 14 mai. Une attitude "inappropriée" selon le vice-ministre de la Culture iranien et l'image, reprise par certains médias iraniens qui ont flouté l'acte.
Gilles Jacob a réagi par deux posts sur son compte Twitter : "C'est moi qui ai fait la bise à Mme Hatami. À ce moment, elle représentait pour moi tout le cinéma iranien, ensuite elle est redevenue elle-même." Il ajoute : "Cette polémique basée sur une coutume habituelle en Occident n'a donc pas lieu d'être."
Une affaire qui intervient peu après la parution d'une vidéo virale dans laquelle plusieurs centaines d'Iraniennes sont apparues non voilées. Les conservateurs iraniens ont alors réclamé récemment la stricte application du port du voile islamique dans les lieux publics. Une position qui s'éloigne de l'attitude modérée du président Hassan Rohani élu l'an dernier, qui oeuvrait pour davantage de libertés culturelle et sociale.
Leila Hatami est la fille de l'actrice Zari Khoshkam, star de cinéma avant la Révolution iranienne. Son père, Ali Hatami, est le symbole toujours présent du cinéma iranien et il la dirige pour ses débuts à l'écran. En 1998, le rôle-titre Leila de Dariush Mehrjui la propulse au rang de vedette dans son pays. Le film Une séparation d'Asghar Farhadi lui permet de remporter un prix d'interprétation collectif au festival de Berlin. Elle est mariée à Ali Mosaffa, qu'on retrouve face à Bérénice Bejo dans Le Passé, de Farhadi.