Cette annonce du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal n'est pas passée inaperçue concernant la levée possible du pass vaccinal pour la fin du mois de mars ou début avril. "Il y a des raisons d'espérer qu'à cet horizon de temps la situation se sera suffisamment améliorée pour que nous soyons en mesure de lever ces ultimes mesures", a-t-il déclaré à l'issue du conseil des ministres et devant l'AFP, suivant un conseil de défense sanitaire ce 9 février 2022. Déjà, il y a juste une semaine, le ministre de la Santé Olivier Véran affirmait que "le pire est derrière nous" pour cette cinquième vague de l'épidémie de Covid-19 et jugeait probable une levée du pass vaccinal avant juillet.
Aux yeux des autorités, la menace due au variant Omicron, moins dangereux que ses prédécesseurs bien que nettement plus contagieux, s'éloigne. La déferlante de contaminations liée à Omicron décroît nettement depuis fin janvier. "La baisse franche, nous y sommes", a souligné Gabriel Attal, "mais gardons-nous bien de fanfaronner".
La France se rapprocherait donc de la levée du pass vaccinal, à deux mois des élections présidentielles. Une nouvelle salve de restrictions anti-Covid doit déjà disparaître dans une semaine. Après Israël, l'Angleterre, le Danemark, qui ont supprimé leur pass vaccinal ou sanitaire, la France pourrait à son tour renoncer à ce dispositif contesté. Le "Monsieur vaccin" du gouvernement, Alain Fischer, avait au préalable expliqué devant une commission d'enquête du Sénat que la levée du pass vaccinal est envisageable sous la condition d'un taux d'incidence "10 ou 20 fois moindre" qu'actuellement, de la fin de la surcharge hospitalière et d'une très forte proportion de vaccinés.
Pour l'heure, les admissions en soins critiques (296 le 9 février) et les décès (255 à l'hôpital ce même jour), les vagues restent toutefois élevées. Entre 4 et 5 millions de Français majeurs pourraient perdre leur sésame s'ils n'ont pas reçu de dose de rappel d'ici là, ou s'ils n'ont pas été infectés après deux doses, selon les estimations des autorités sanitaires. Du coup, "on pense que plusieurs millions de personnes voudront se faire vacciner le week-end prochain", a expliqué mercredi une source gouvernementale.
Les opposants au pass vaccinal restent, eux, mobilisés. Des milliers d'entre eux ont ainsi annoncé sur les réseaux sociaux vouloir "rouler sur Paris" dans le cadre de "convois de la liberté", inspirés par les routiers canadiens qui bloquent le centre d'Ottawa. Ils prévoient de rallier Paris vendredi soir et certains appellent ensuite à rejoindre Bruxelles pour une "convergence européenne" le lundi 14 février. Clamant que la France est "probablement l'un des pays d'Europe qui a pris le moins de mesures contraignantes", Gabriel Attal a lui réagi sur ces mouvements, déclarant que, "comme partout dans le monde, des mouvements politiques, souvent radicaux, ont cherché à capitaliser sur cette lassitude".