C'est l'histoire d'un garçon qui a mûri à la vitesse grand V et qui est devenu l'un des hommes les plus importants et les plus attachants du football hexagonal : à 25 ans, Florian Thauvin affiche un jeu enthousiasmant (ses stats phénoménales en témoignent) et un visage épanoui. Loin des affres typiquement footballistiques qu'il a pu connaître, de son transfert houleux à l'Olympique de Marseille en 2013 après un bras de fer avec le LOSC à son expérience ratée en Angleterre, le jeune attaquant, pièce-maîtresse de l'OM et champion du monde avec l'équipe de France, dégage aujourd'hui une sérénité à toute épreuve. Et beaucoup d'humilité.
Des qualités qui transparaissent dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien Le Parisien et publié samedi 22 septembre 2018, à la veille du choc de Ligue 1 entre l'Olympique lyonnais et les joueurs de Rudi Garcia. Comme le souligne le journaliste qui l'a rencontré, Harold Marchetti, "FloTov", comme il se fait appeler par ses fans, s'épanche "sans jamais regarder sa montre" et "pose les mots justes pour décrire ses sentiments et marteler le fond de sa pensée".
Et le fond, ce n'est finalement pas tant de la pensée que de la passion. "Ma passion d'enfance est devenue mon métier d'adulte, résume-t-il en se disant pleinement conscient de sa situation privilégiée. Le plus important, c'est de rester soi-même, de garder au quotidien ce frisson, ce petit picotement délicieux qui vous parcourt, d'avoir le coeur qui palpite."
C'est ma façon à moi de remercier
Encore tout émerveillé du "formidable cadeau" que lui a fait la vie, avec ce triomphe en Coupe du monde qu'il n'aurait "pu imaginer même dans [s]es pensées les plus folles" et qui récompense "tout le travail" accompli depuis le jeune âge, Florian Thauvin semble être de ceux qui rendent au centuple ce qu'ils reçoivent. Cet été, juste avant la Coupe du monde, il a par exemple financé l'achat de la poussette d'un enfant handicapé simplement parce qu'il a été révolté en découvrant le vol de la précédente. Interrogé sur ce "goût des autres" qui semble aussi animer d'autres jeunes Bleus comme N'Golo Kanté ou Benjamin Mendy, Thauvin, en couple avec le mannequin Charlotte Pirroni, a une réponse désarmante de sincérité qui est en même temps une très rare confidence sur sa vie privée : "Pour la plupart, on a quitté très tôt la cellule familiale. Mes parents sont divorcés, ça n'a pas toujours été simple à la maison, même si je n'ai jamais manqué de rien. Aujourd'hui, ça nous fait plaisir d'aller vers les gens et de leur tendre la main."
On retrouve un peu de cette philosophie dans la récente célébration de son doublé contre Guingamp, qu'il avait fêté d'une révérence devant le public : "Au théâtre, à la fin de la pièce, les acteurs saluent ainsi les gens présents dans la salle. C'est ma façon à moi de remercier notre douzième homme et de communier avec lui", explique-t-il, révélant avoir fait ce geste "à l'instinct".
Son instinct, c'est aussi celui du buteur (il était d'ailleurs le meilleur buteur de Ligue 1, avec cinq réalisations, avant cette journée de championnat). Au point de se muer en l'attaquant de grand standing que l'OM recherche en vain sur le marché des transferts ? "L'avenir le dira, tempère-t-il. Je suis un milieu offensif, pas un numéro 9, mais c'est si jouissif d'être décisif. Le but est une vraie obsession." Une saine obsession, à vrai dire. Respectueux, raisonné, ambitieux et passionné, Florian Thauvin est armé pour la suite.