François Cluzet forme un beau duo de cinéma avec Vincent Cassel dans le remake d'Un moment d'égarement (1977) de Claude Berri, cette fois réalisé par Jean-François Richet. Un beau retour pour le comédien populaire qu'on avait vu dernièrement romantique dans Une rencontre et inquiétant dans 11.6. Invité de l'émission Thé ou café de Catherine Ceylac sur France 2 le 13 juin, il a accepté de répondre à la question de l'animatrice : comment va son fils Paul ?, dont la mère est la regrettée Marie Trintignant.
En 2003, la comédienne Marie Trintignant meurt d'un oedème cérébral à la suite des coups que lui a portés son compagnon de l'époque, Bertrand Cantat, leader du groupe Noir désir. Elle avait quatre enfants, l'acteur Roman (29 ans) avec le batteur du groupe Téléphone Richard Kolinka, Léon (19 ans) avec Mathias Othnin-Girard, Jules, (17 ans), - lui aussi comédien - avec le réalisateur Samuel Benchetrit, et donc Paul (22 ans), né de son couple avec François Cluzet (qui est aussi papa de deux enfants avec Valérie Bonneton), son partenaire inoubliable dans Les Apprentis.
"Paul va bien, il est en Australie. Il écrit. (...) Il est parti pour une histoire d'amour mais il va revenir", précisant que partir pour une fille, c'est une raison très romantique, la plus belle qui soit, même. Et de poursuivre, ému : "C'était à lui de se construire. C'est une histoire entre lui et sa maman, une histoire terrible. Je n'ai pu qu'essayer de le protéger, peut-être même trop, j'ai eu très peur de sa réaction, de la violence de sa réaction. Il était tout petit quand sa mère a été tuée, il avait 10 ans. Donc, j'ai essayé de le couver, de lui donner le plus d'amour possible pour qu'il ne se retrouve pas abandonné, puisqu'il avait vécu avec ses frères et Marie toute son enfance et qu'il débarquait chez moi à ce moment-là. J'ai donné le plus de tendresse possible, j'ai essayé aussi d'être exigeant par rapport à l'école parce que je ne voulais pas que ça s'enchaîne avec un échec scolaire qui aurait pu vraiment le destabiliser. Ensuite, c'est quelqu'un qui a vraiment une très forte personnalité, Paul. La violence de ce qu'il a vécu, j'espère qu'il pourra la mettre au service de son art. Maintenant, ce n'est pas les meilleures enfances qui soient."
Lorsque Catherine Ceylac lui demande s'il a pardonné à Bertrand Cantat, François Cluzet répond sans détour : "Non. Je ne pardonnerai jamais. Je ne pardonne pas aux gens qui frappent les femmes, qui les tuent, comme je ne pardonne pas aux assassins d'Ilan Halimi que je n'ai toujours pas digéré, je ne pardonne pas à ceux qui humilient les homosexuels, comme je ne pardonne pas à ceux qui se foutent de la gueule des gros, à ceux qui estiment que les juifs sont riches et à toute cette pagaille de connards, de stupides et d'ignorants qui font un mal fou, et de partis politiques qui surfent sur les anxiétés des gens et sur leur ignorance. Je ne peux pas pardonner qu'on ait tué Marie. Je ne pardonnerai jamais."
Le père de Marie Trintignant, Jean-Louis, est rongé lui aussi par l'immense douleur d'avoir perdu sa fille. En 2013, il avait déclaré sur Europe 1 : "Je ne veux pas le rencontrer, je ne veux pas savoir ce qu'il dit." Et à propos du suicide dont Cantat parle tout au long de l'interview-fleuve qu'il avait accordée aux Inrockuptibles à l'époque et auquel il a songé tant de fois, Jean-Louis Trintignant avait répondu : "Je croyais qu'après le drame, il le ferait, mais il ne l'a pas fait... C'est son problème."