"Nous, les comédiens, sommes des âmes ouvertes", déclarait Marie Trintignant en interview pour le magazine Psychologies, en 2002. La comédienne aura étalé tout son talent, sa beauté et son charisme indéfinissable durant des années pour le cinéma, le théâtre et la télévision. Elle est morte il y a dix ans exactement, le 1er août 2003, succombant à un oedème cérébral trois jours après avoir été battue par son compagnon de l'époque, l'ex-leader de Noir Désir, Bertrand Cantat. Il sera condamné à huit années de prison en 2004, mais libéré en 2007. Dix années de deuil douloureux - "Ma haine est pour toujours" a dit sa mère Nadine Trintignant à Philippe Vandel sur France Info. En ce triste anniversaire, rendons hommage une nouvelle fois à l'artiste inoubliable qu'était Marie Trintignant.
Le père de Marie, Jean-Louis Trintignant, ne tarissait pas d'éloges au sujet de sa fille : "Ce n'est pas parce qu'elle est ma fille, mais c'est quelqu'un d'extraordinaire", écrivait-il dans La Passion tranquille, son livre de souvenirs publié en 2002. Sa mère, Nadine Trintignant, dira dans les pages de Gala : "Marie aimait tant ce métier, la vie, ses enfants... Ses enfants avant tout." Marie Trintignant avait quatre enfants, Roman, 26 ans, Paul, 20 ans, Léon, 17 ans, et Jules, 15 ans, tous nés de pères différents : le batteur du groupe Téléphone Richard Kolinka, le comédien François Cluzet, Mathias Othnin-Girard et le réalisateur Samuel Benchetrit.Si l'actrice a débuté très tôt sa carrière, baignant dans l'univers du spectacle dans le sillage de ses parents, ce sera Série Noire d'Alain Corneau qui révèlera à la France entière tout son talent. Elle fait face à une figure du cinéma, le magnifique et torturé Patrick Dewaere, lui aussi disparu, et joue une jeune fille silencieuse. Un trait de caractère qui se mêle au sien, elle qui revendique avoir été presque muette dans sa jeunesse, rongée par la timidité.
En 1988, elle joue l'amie prostituée d'Isabelle Huppert pour Claude Chabrol dans Une affaire de femmes. Une performance qui lui vaudra une première nomination aux César, et, en 1992, le réalisateur lui offrira le premier rôle pour Betty, adaptation d'une oeuvre de Georges Simenon qui fait d'elle une jeune femme alcoolique et paumée, réprouvée par son mari et sa famille. Avant de jouer dans Comme elle respire de Pierre Salvadori en 1998 (nouvelle nomination aux César), elle fait une apparition solaire et inoubliable dans Les Apprentis, du même réalisateur. Un petit rôle en termes de minutes à l'écran, mais crucial pour l'histoire. Face à François Cluzet, père de l'un de ses fils, elle capte toute la lumière en un clin d'oeil. Cluzet, elle le retrouvera dans Janis et John (2002) de Samuel Benchetrit, lui aussi père d'un de ses enfants, pour une comédie au pitch délirant : un escroc veut faire croire à son cousin sous acide mais riche qu'il a fait revenir ses idoles Janis Joplin et John Lennon.
Nommée également aux César pour Les Marmottes (1994), Le Cri de la soie (1997) et pour Le Cousin (1998), Marie Trintignant ne recevra jamais la récompense suprême du cinéma français. Tant pis, chacun sait mesurer la grandeur de ses qualités de comédienne. La télévision sera également là pour faire éclater son talent. Sa mère la dirigera dans deux téléfilms, lui offrant de superbes rôles dans Victoire ou la douleur des femmes, puis Colette, une femme libre. Une dernière oeuvre qui aura un goût de tragédie, puisque c'est juste après la fin du tournage que surviendra la mort de Marie Trintignant, à Vilnius, en Lituanie. Elle avait 41 ans.