Leurs carrières, elles les ont commencées ensemble : à peine le cap de la vingtaine passée, Catherine Deneuve et sa soeur aînée Françoise Dorléac ont marqué le public par plusieurs films cultes. "Soeurs jumelles" dans le légendaire film des Demoiselles de Rochefort, les deux jeunes femmes avaient une carrière toute tracée devant elles avec leurs physiques de rêve et un talent commun.
Mais un drame a bouleversé ce destin qui semblait écrit. Françoise Dorléac, le 26 juin 1967, doit aller prendre un avion. Elle est attendue sur Paris et doit partir à Londres pour assister à la projection du film de Jacques Demy. La jeune femme part en voiture de Saint-Tropez, pour rejoindre l'aéroport de Nice. Mais sur le chemin, elle roule trop vite et sa voiture dérape : percutant un poteau électrique à pleine vitesse, le véhicule s'embrase et la jeune femme meurt brûlée vive.
Un moment extrêmement difficile pour la famille, selon Catherine Deneuve, qui avait parlé de sa soeur pour Psychologies Magazine. De rares confidences sur ce sujet sensible. "C'était un sujet tabou dans ma famille. Le jour de sa mort, une chape de plomb s'est abattue sur nous, et parler d'elle est devenu impossible, malheureusement", avait-elle expliqué. Un traumatisme dont ses parents Maurice Dorléac et Renée ont eu beaucoup de mal à se remettre et qui a d'ailleurs obligé l'actrice à prendre le relais dans la famille.
Je n'étais pas prête
"J'ai l'impression que j'ai dû prendre le pouvoir quand j'ai perdu ma soeur, vis-à-vis de mes parents et de mes autres soeurs. Ça ne se manifestait pas de façon très directe, mais indirectement, j'étais là pour tenir et surtout pour accompagner mes parents, mes soeurs. J'étais un petit pilier", avait-elle notamment raconté en interview. Et de cette mort, du "grand drame de sa vie", elle n'en pas parlé beaucoup et a attendu 30 ans pour en faire un documentaire, Elle s'appelait Francoise, réalisé par Anne Andreu.
"C'est vrai que j'aurais pu le faire avant... il faut croire que je n'étais pas prête. Vous ne savez pas pourquoi un jour il devient possible de parler, c'est comme ça. J'ai pensé aussi à tous ceux qui vivent le deuil d'un enfant, d'un frère, une soeur... J'ai ressenti le besoin de faire savoir l'arrachement que cela représente", avait-elle confié dans la même interview, sans vouloir pour autant aller consulter un psychologue : "J'ai parlé à mes amis les plus intimes."
Pour elle, qui fêtera cette année ses 80 ans et qui a célébré les 55 ans de la mort de Françoise Dorléac en 2022, le deuil est fait. Et principalement parce qu'elle a compris que sa soeur, par son métier et ses combats, est éternelle : "J'ai l'impression que ma soeur est bien présente dans notre époque, on parle d'elle, on la connaît, c'est très étonnant ! Et pas tant que cela au fond : elle ne peut pas être démodée, il suffit de la voir dans ses interviews ou ses films. Sa façon de se coiffer, de s'habiller, de vivre, son extravagance font d'elle une femme très contemporaine." Une belle déclaration !