Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Catherine Deneuve avait 23 ans quand sa soeur, Françoise Dorléac, décède à l'âge de 25 ans après un violent accident de voiture. Nous sommes en 1967, les deux jeunes femmes venaient de tourner dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. Cela fait désormais cinquante ans que l'actrice à l'avenir si prometteur a disparu. En dix ans de carrière, elle a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma français... Et les mots de sa soeur à son sujet, l'iconique Catherine, sont toujours aussi émouvants.
L'école n'était pas la tasse de thé de Françoise Dorléac qui était très indisciplinée. Son père, directeur artistique dans le doublage, lui confie quelques rôles, notamment dans Heidi de Luigi Comencini (1952), où elle double en français Elsbeth Sigmund. De quoi éveiller son goût pour le jeu, elle affûte son talent en suivant des cours d'art dramatique. Entrée au Conservatoire d'art dramatique de 1957, elle débute dans Gigi, adapté de la nouvelle de Colette, au théâtre Antoine en 1960. Au cinéma, la jeune fille fait ses armes en 1957 dans le court métrage Mensonges. Deux ans plus tard, elle tourne dans un long métrage : Les Loups de la bergerie. Son physique envoûtant se fait remarquer également sur les podiums, la belle Françoise défile ainsi pour Christian Dior.
C'est en 1964 que Françoise Dorléac s'impose sur le grand écran en devenant la partenaire de Jean-Paul Belmondo dans L'Homme de Rio. Viendront La Peau douce de François Truffaut, Cul-de-sac de Roman Polanski en 1965 et Les Demoiselles de Rochefort, film culte de Jacques Demy en 1967, où elle partage la vedette avec sa soeur Catherine.
Toujours avec pudeur et émotion, Catherine Deneuve abordera le sujet douloureux de la disparition de sa soeur dans différentes interviews. C'est grâce au documentaire Elle s'appelait Françoise d'Anne Andreu – réalisatrice qui a su gagner sa confiance – en 1996 qu'elle a eu moins de difficultés à évoquer un sujet qui était tabou dans sa famille.
La vraie actrice, c'est elle
Pour Psychologies Magazine en 2011, elle la décrit comme "la vraie actrice" de la famille : "Quand on a vécu, jeune, un deuil aussi profond, il ne vous quitte jamais. Jamais. Et il se trouve qu'en plus d'être soeurs, nous étions dans le même métier, très complices. (...) On vit avec ses morts ; pas autant qu'avec les vivants, heureusement, mais tout de même ils sont là."
"Nous n'avions que dix-huit mois de différence, nous étions proches, complices. Je n'ai jamais senti aucune concurrence entre nous. Oui, je me demande quelle actrice elle serait aujourd'hui, comment elle serait physiquement, si elle aurait continué le cinéma ou adopté le théâtre comme point d'ancrage. Je me demande aussi si nos rapports seraient restés les mêmes. Oui, cela me travers l'esprit de temps en temps", avait-elle déclaré dans Madame Figaro en 2016.
J'ai été touchée par la mort très jeune
Esprit libre du cinéma français, elle n'en est pas moins tourmentée par les épreuves de la vie : "J'ai été touchée par la mort très jeune, cela m'a semblé encore plus injuste. Et puis j'ai perdu pas mal d'amis, c'est vrai. On continue autrement, mais on ne s'en remet pas.", apprenait-on dans TGV Magazine en 2014.
Elle était tellement moderne
"Elle a toujours de très nombreux et fervents admirateurs – ce qui me touche beaucoup –, elle est restée très présente et très actuelle. Elle était tellement moderne avec ses jeans et ses chemises blanches ouvertes... Sa disparition reste le grand drame de ma vie, c'est la chose la plus douloureuse que j'aie vécue...", avait-elle dit dans Madame Figaro, toujours, en 2016.
"J'ai l'impression que depuis, ma soeur est bien présente dans notre époque, on parle d'elle, on la connaît, c'est très étonnant ! Et pas tant que cela au fond : elle ne peut pas être démodée, il suffit de la voir dans ses interviews ou ses films. Sa façon de se coiffer, de s'habiller, de vivre, son extravagance font d'elle une femme très contemporaine.", s'est-elle réjouie en 2017 dans Psychologies magazine.