Pratiquement trente ans après la mort brutale de sa soeur Françoise Dorléac, Catherine Deneuve a accepté de parler publiquement d'elle dans un documentaire datant de 1996, Elle s'appelait Françoise d'Anne Andreu et Mathias Ledoux. Une douleur qu'elle a abordée aussi récemment dans Madame Figaro et désormais dans Psychologies Magazine, dont elle fait la couverture. Avec son franc-parler élégant, l'héroïne de Sage Femme met des mots sur cette déchirure qui l'a marquée à jamais.
"C'était un sujet tabou dans ma famille. Le jour de sa mort, une chape de plomb s'est abattue sur nous, et parler d'elle est devenu impossible, malheureusement. Si j'ai accepté, trente ans plus tard, c'était d'abord parce que j'avais une grande confiance en la réalisatrice, Anne Andreu, puis parce que j'ai ressenti à ce moment-là la nécessité de redonner à ma soeur plus de place dans l'esprit du public. C'est vrai que j'aurais pu le faire avant... il faut croire que je n'étais pas prête. Vous ne savez pas pourquoi un jour il devient possible de parler, c'est comme ça. J'ai pensé aussi à tous ceux qui vivent le deuil d'un enfant, d'un frère, une soeur... J'ai ressenti le besoin de faire savoir l'arrachement que cela représente", raconte Catherine Deneuve.
Cette démarche n'a pas forcément aidé Catherine Deneuve à surmonter son chagrin, mais elle a apporté autre chose : "J'ai l'impression que depuis, ma soeur est bien présente dans notre époque, on parle d'elle, on la connaît, c'est très étonnant ! Et pas tant que cela au fond : elle ne peut pas être démodée, il suffit de la voir dans ses interviews ou ses films. Sa façon de se coiffer, de s'habiller, de vivre, son extravagance font d'elle une femme très contemporaine." Elle parle sereinement de sa soeur, mais, au moment de la tragédie, à qui a-t-elle pu se confier quand toute sa famille a été plongée dans le deuil ? Pas à un psy : "Non, j'ai parlé à mes amis les plus intimes... Je suis toujours étonnée lorsque je lis ou j'entends des gens dire 'je vais chez un psy' avec autant de banalité que s'ils disaient 'je vais à mon cours de gym'. C'est un sujet terriblement intime !"
Catherine Deneuve avait 23 ans quand sa soeur, Françoise Dorléac, décède à l'âge de 25 ans après un violent accident de voiture. Nous sommes en 1967, les deux jeunes femmes venaient de tourner dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Psychologies du mois d'avril 2017