Interviewé par nos confrères de L'Obs, Frédéric Beigbeder a parlé de son nouveau spectacle L'amour dure 1h15 donné au Théâtre Edouard VI à Paris les 14,15 et 16 décembre 2023, puis en tournée dans toute la France. Toujours très cash, l'écrivain l'est aussi lorsqu'il s'agit de parler de ses finances.
"Eh bien, moi, je suis un cégétiste de la littérature française !" assume-t-il d'emblée, indiquant rapidement les prix de son spectacle : "De 46 à 23 euros. Désolé mais j'ai besoin de pognon. Je n'ai pas peur de le dire, j'ai beaucoup vendu de livres dans les années 2000, un petit peu moins dans les années 2010, aujourd'hui ça marche correctement mais ce n'est plus ce que c'était. Ma carrière de cinéaste est au point mort. Ce ne serait pas un problème si on ne me réclamait maintenant les impôts de ma période faste."
Un sujet tabou dont il a d'ailleurs tenu à discuter. Non, les écrivains ne sont pas plein aux as selon l'auteur qui explique : "Il y a une chose dont on ne parle jamais parce que c'est un sujet tabou, c'est que les écrivains ont besoin d'argent. Après des années de lutte, on a obtenu d'être payé pour se rendre dans les Salons du Livre, les festivals, les colloques, des foires littéraires, pour dédicacer nos ouvrages et faire des conférences. Mais on reçoit 150 ou 200 euros en échange."
Comparant son métier en France et dans les autres pays du Monde, il ajoute : "Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, il y a des "book tours", des tournées promotionnelles. Un écrivain comme David Sedaris donne de véritables stand-up. Le réalisateur John Waters a fait de même avec son dernier livre. Les gens savent que c'est un moyen pour les écrivains de subvenir à leurs besoins. En France, on considère encore normal de nous faire travailler à l'oeil."
Bien loin des écrivains traditionnels qu'on imagine volontiers en chaussons fourrés et toujours cloîtrés chez eux, Frédéric Beigbeder a toujours eu des goûts de luxe et un train de vie très intense. "Moi, proclame Frédéric Beigbeder, je fais partie d'une autre catégorie, celle des écrivains qui aiment cabotiner, sortir la nuit, rencontrer des gens, qui ont besoin de fraternité. La misanthropie du romancier est un stéréotype qui date de Flaubert", a-t-il ainsi plaisanté face à nos confrères.