N'en déplaise à notre cher Gérard Depardieu, qui vient une nouvelle fois de dresser les louanges de sa nouvelle terre d'accueil dans le Journal du Dimanche, il ne fait toujours pas bon vivre pour tout le monde en Russie, loin de là... A commencer par les opposants à son ami Vladimir Poutine, comme les Pussy Riot ou plus récemment Garry Kasparov. Figure emblématique de l'opposition au Kremlin, l'ancien champion du monde d'échecs vient en effet de quitter son pays natal. Un exil forcé, d'un tout autre type que celui du comédien français...
Actuellement à Genève, Garry Kasparov a annoncé qu'il ne retournerait pas en Russie, plus de deux semaines après le départ de l'économiste libéral Sergueï Gouriev pour la France, "coupable" d'avoir soutenu l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski. La raison de cet exil ? L'opposant à Vladimir Poutine craint la justice de son pays. "Si je reviens à Moscou, je doute sérieusement d'avoir encore la possibilité de sortir du pays. Pour le moment, je m'abstiens", a-t-il expliqué dans Le Figaro du 7 juin dernier. Car l'ancien champion du monde d'échecs pourrait bien finir derrière les barreaux s'il revenait en Russie...
Garry Kasparov a en effet participé à une manifestation, le 6 mai 2012, émaillée par de nombreux incidents entre les militants et les forces de l'ordre. Pour l'instant convoqué comme "témoin" dans une enquête destinée à retrouver les coupables de "troubles massifs", le fondateur des mouvements politiques Solidarité et l'Autre Russie craint de connaître le même sort que douze des vingt-huit personnes impliquées dans l'affaire, toujours placées en détention préventive et qui viennent de comparaître à huis clos devant un tribunal qui pourrait les condamner à une peine allant jusqu'à huit ans de camp de travail. Des "prisonniers politiques", selon l'ONG russe Memorial.
Du côté du Kremlin, on assure pourtant que Garry Kasparov n'a aucune raison de s'exiler. "Il ne nous intéresse pas et il n'a pas de raison de s'inquiéter", a déclaré le représentant du Comité d'enquête, inféodé au Kremlin, qui juge même "étrange" cette décision. Même dans son camp, Garry Kasparov ne semble pas faire l'unanimité, puisqu'une autre figure de l'opposition, Edouard Limonov, l'a même qualifié de "lâche" : "Après Kasparov, on doit s'attendre à une propagation d'une épidémie de la peur." Même temporaire, l'exil de Garry Kasparov a le mérite de mettre en lumière la crainte que suscite le régime de Vladimir Poutine chez ses opposants. La Russie est-elle vraiment "une grande démocratie", Gérard ?