Il y a deux ans, Georges Moustaki avait été contraint d'annuler ses concerts en raison de ses bronches gravement fragilisées. Aujourd'hui, dans une longue interview avec le quotidien La Croix, le chanteur de 77 ans confie se porter mieux, mais sa maladie, "donnée comme irréversible", l'empêche désormais de chanter.
"Ma maladie est donnée comme irréversible. Elle touche toutes les régions du corps et de l'esprit et me rend définitivement incapable de chanter. Je ne peux plus faire de sport, pratiquer le tennis de table qui fut mon exercice quotidien pendant quarante ans. Je m'exprime avec peine, mes muscles ont fondu. Je précède la question suivante : ça ne me manque pas."
Ces deux dernières années, Georges Moustaki a bien cru voir la fin arriver. Il remercie les infirmières et de nouvelles amitiés qui lui sont chères : "Alors que je me trouvais en réanimation à l'hôpital, dans le dernier carré, j'ai cru que la maladie me menait droit à la mort. Il semble que ça n'était pas le cas. Les infirmières m'ont soutenu. Elles m'ont aidé à ne pas céder au découragement, m'ont poussé à remarcher, à rejouer de la guitare. Je suis devenu plus sensible aux témoignages qui me réchauffent le coeur. Vincent Delerm, à qui je songe, m'offre depuis des années une amitié aussi belle que désintéressée. Ces marques d'humanité m'ont permis de conserver l'envie de me battre. J'ai eu une vie passionnante. Je voudrais qu'elle le reste jusqu'au bout." S'il doit se soigner "en permanence", Georges Moustaki n'en reste pas moins actif : "J'écris, je peins, je dessine... Ce sont autant d'activités que je ne parvenais pas à pratiquer lorsque je désertais mon appartement pour partir en tournée. Désormais, je voyage dans ma chambre... J'y redécouvre des objets, comme un jeu d'échecs que je pratique beaucoup."
Georges Moustaki vit toujours dans son appartement parisien au coeur de l'île Saint-Louis. Depuis janvier, un prix de la chanson française porte son nom. Il publiait en février dernier un livre de souvenir intitulé La sagesse du faiseur de chanson.