C'était il y a trois ans, jour pour jour. Gérard de Villiers, père de la saga d'espionnage SAS, succombait à un cancer du pancréas le 31 octobre 2013. Il avait 83 ans. Depuis, ses deux enfants, Michel et Marion, sont toujours en guerre contre sa quatrième et dernière épouse, Christine. Le couple était séparé depuis 2003 mais n'avait jamais divorcé. Pour compliquer le tout, la veuve est la gestionnaire et l'héritière majoritaire des éditions de Villiers, fondées en 1998.
Malgré un empire colossal du roman de gare, il n'y a guère plus beaucoup d'héritage à se disputer. Si les aventures de SAS ont donné lieu à 200 romans, vendus à 100 millions d'exemplaires entre 1965 et 2013, Gérard de Villiers dépensait sans compter. De son vivant, il avait dû se séparer de son appartement avenue Foch pour éponger une partie de ses dettes. Depuis sa mort, il faudrait vendre sa villa, évaluée au prix de 7,2 millions d'euros, aux Parcs de Saint-Tropez mais tout est bloqué en raison du conflit qui oppose ses deux enfants à Christine.
Ma belle-mère est venue à la clinique uniquement pour lui faire signer des papiers. Elle n'est plus réapparue
Dans son numéro en kiosques ce mardi, L'Express se penche sur cette affaire. Pour la première fois, Marion, la fille du romancier, s'exprime et répond aux accusations de sa belle-mère, qui avait déclaré en septembre dans Le Monde que Gérard de Villiers ne voyait plus ses enfants "depuis trente ans". À 46 ans, Marion vit au Canada depuis 1994 mais estime être restée très proche de son père, qu'elle a retrouvé dès qu'elle a appris sa maladie. "Je suis rentrée à Paris pour rester aux côtés de mon père. En août 2013, ma belle-mère est venue à la clinique uniquement pour lui faire signer des papiers. Elle n'est plus réapparue après cette fois-là. Elle ne lui versait même plus l'argent qu'elle lui devait pour les SAS vendus, alors qu'elle était la gérante ! Et elle n'était pas à l'enterrement, que j'ai moi-même payé et organisé."
Dans l'autre camp, on accuse Marion (46 ans) et son grand frère, Michel, de ne se soucier qu'aujourd'hui de ce que leur père a créé et on se réfugie derrière un contrat de mariage béton. Mais comme le note L'Express, "le montant de l'héritage risque d'être mince au regard des dettes accumulées". La vente des archives, souhaitée par Gérard de Villiers dans ses dernières volontés, comme celle de sa villa, est bloquée. Quant à sa soudaine célébrité américaine, à la suite de la parution d'un article du New York Times, elle aurait pu donner lieu à un film mais la mort du romancier a mis fin aux négociations. Parmi les dernières volontés de l'auteur, l'interdiction de poursuivre la série SAS. Les seuls revenus restent donc la vente des titres déjà sortis et de leur réédition entreprise par sa dernière épouse.
La situation est si délicate que le fils du romancier, Michel, handicapé, a été expulsé de son logement parisien. Selon L'Express, il n'est plus question de se disputer un quelconque pactole mais, d'un côté comme de l'autre, de remettre "tout cela d'équerre", selon l'expression de Christine. D'ici là, une administratrice judiciaire s'occupe des éditions de Villiers...