Devenue grande-duchesse héritière de Luxembourg au mois d'octobre par son mariage avec le prince Guillaume, union à laquelle le gotha et toutes les cours d'Europe ont apporté leurs voeux, Stéphanie de Luxembourg (ex-comtesse Stéphanie de Lannoy) n'aura pas attendu longtemps avant d'étrenner son nouveau titre et son nouveau statut en mission officielle.
Si elle avait déjà eu l'occasion de se faire la main, visiblement intimidée mais épaulée par son compagnon, avant leurs noces, il apparaît qu'elle semble avoir pris de l'aisance depuis ses premiers pas - il faut dire qu'elle a véritablement fait irruption dans le grand monde au printemps, révélée d'un seul coup par le prince Guillaume et arrivée brusquement sous les projecteurs du fait de leurs fiançailles.
Hier, mercredi 5 décembre, le grand-duc Henri de Luxembourg, son épouse la grande-duchesse Maria Teresa, son fils le grand-duc héritier Guillaume et sa belle-fille la grande-duchesse héritière Stéphanie découvraient ensemble au Forum d'art contemporain du Casino Luxembourg l'exposition Atelier Luxembourg - Making of, en compagnie de la ministre de la Culture, Madame Octavie Modert. Les deux curatrices de l'installation ainsi que des artistes ayant réalisé certaines des oeuvres étaient présents pour guider la visite de la famille grand-ducale, qui semblait d'humeur joviale. Sur les photos, on voit notamment l'élégant grand-duc Henri, 57 ans, s'amuser à superposer sur le visage de son fils... un masque à son effigie. Des rires et une décontraction qui font bonne impression après le scandale que vient d'essuyer le grand-duché...
Il y a quelques jours, un hebdomadaire du pays, le Lëtzebuerger Land, agitait violemment la petite mare luxembourgeoise avec une histoire d'espionnage, en révélant des présomptions d'accointances ente le grand-duc Henri et les services de renseignement britanniques, le MI6. L'homme à l'origine de ces révélations et de ces soupçons est l'ancien chef des services de renseignement luxembourgeois (le SREL, Service de renseignement de l'État du Luxembourg), Marco Mille. "Nous disposons de rapports crédibles qui nous disent que la Cour, que le grand-duc lui-même, ont des contacts permanents avec les services de renseignement britanniques", aurait ainsi affirmé M. Mille au Premier Ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, selon le verbatim publié vendredi par le Lëtzebuerger Land d'un entretien entre les deux hommes. L'échange, dont les circonstances sont douteuses, aurait eu lieu début 2008, et Marco Mille l'aurait enregistré à l'insu de son interlocuteur au moyen d'une montre-magnétophone (ce n'est qu'à la mi-2009 que M. Juncker a eu connaissance de l'enregistrement). Dans cet entretien, le Premier ministre demande à M. Mille si le grand-duc entretient de façon délibérée des relations avec le MI6. "Je ne vais pas aller lui lui demander", lui a répondu le patron du renseignement luxembourgeois, qui a quitté son poste en 2010 pour travailler dans le privé (chef de la sécurité chez Siemens). Jean-Claude Juncker, qui s'apprête à quitter comme il l'avait prévu la présidence de l'Eurogroupe, a dû s'expliquer vendredi (jour où est paru l'article) devant la Commission du contrôle parlementaire du service de renseignement, et a qualifié d'inacceptables le procédé et les allégations de Marco Mille, qui a également signalé l'existence d'un CD qu'il dit avoir récupéré mais pas décrypté. Le Figaro complète ces investigations en notant qu'à cette affaire est adossée l'affaire Bommeleeër, désignant 18 attentats à l'explosif contre des pylônes du fournisseur d'électricité Cegedel entre 1984 et 1986, pour lesquelles deux inculpés doivent être jugés en 2013.
Dans la foulée, la cour grand-ducale a formellement démenti samedi par le biais d'un communiqué mis en ligne sur son site "les informations parues dans les médias concernant les relations qu'elle aurait entretenues avec les services secrets britanniques".
Loin de l'atmosphère pesante de cette polémique, la princesse Stéphanie apporte un souffle d'air frais aux activités de la famille grand-ducale. Après l'avoir vue mi-novembre auprès du couple grand-ducal pour l'audience du Professeur Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix 2006, lors de sa visite au Luxembourg dans le cadre de la Semaine de la Microfinance, on la voyait accompagner le prince Guillaume en Chine fin novembre dans le cadre d'une mission économique.