L'affaire des paris suspects et du match supposément truqué du Montpellier Agglomération Handball avait connu une journée décisive mardi dernier avec la mise en examen de la plupart des protagonistes, dont les frères Karabatic, Nikola et Luka.
Ce vendredi 5 octobre, l'histoire a pris un nouveau virage avec la plainte déposée par les avocats des deux joueurs contre la police judiciaire, selon le quotidien Midi Libre. Me Michael Corbier, l'un des collaborateurs de Me Phung, avocat des deux joueurs, a ainsi souhaité dénoncer les pressions qui auraient été exercées sur les joueurs comme sur les avocats durant les auditions qui se sont tenues à l'Office des courses et jeux de Nanterre, notamment pour "menace et acte d'intimidation commis envers un avocat en vue d'influencer son comportement".
Me Corbier, qui assistait aux auditions au nom de Me Phung et Me Dupon-Moretti, révèle ainsi le stratagème qu'auraient mis en place les officiers de police pour tenter de faire parler les frères Karabatic, qui avaient décidé de garder le silence : "J'ai été pris à partie par les policiers présents qui ont tout tenté pour que mes clients renoncent à leur droit au silence. Ils se sont amusés à interrompre les interrogatoires toutes les deux minutes, pour essayer de convaincre mes clients de parler dès que j'avais le dos tourné. Ça a été comme ça tout au long de la garde à vue."
"Quand je suis arrivé, les policiers ont vu que je n'étais ni Dupond-Moretti ni Phung, a ainsi expliqué Me Corbier à l'AFP. Ils m'ont pris pour un petit jeune. Ils ont voulu en profiter. Ils ont dit, 'Me Corbier, vous allez être connu pour être l'avocat qui aura envoyé Nikola Karabatic en prison, ça va pas vous aider pour votre carrière. Vous devriez bien réfléchir avant d'aller voir votre client. On va saisir votre bâtonnier. On va appeler un avocat commis d'office. On a eu le juge au téléphone et il est très en colère contre vous'."
La plainte a été adressée au procureur de la République de Montpellier Brice Robin. "J'ai saisi les deux chefs de service de l'Office des courses et jeux et du SRPJ de Montpellier, en leur demandant de me faire part de leurs explications, après avoir recueilli les observations des fonctionnaires de police concernés", a-t-il expliqué, avant de préciser qu'il prendrait "sa décision à l'issue". Si le comportement des policiers était avéré, ils risqueraient jusqu'à trois années de prison et 45 000 euros d'amende.
Outre cette plainte, les avocats ont décidé de faire appel des conditions du contrôle judiciaire auquel sont soumis Nikola et Luka Karabatic, qui les empêche aujourd'hui de jouer au handball puisqu'ils n'ont pas le droit d'entrer en contact avec l'encadrement du club de Montpellier ou avec les protagonistes de l'affaire. "Ceux qui n'ont plus le droit de jouer, ce sont ceux qui n'ont pas répondu aux questions des policiers puis du juge. Pourquoi voulez-vous que cela change?", a confié une source judiciaire qui explique que l'appel ralentirait la procédure, rendant peu probables ses chances d'aboutir. La décision pourrait être prise en audience le 16 ou le 23 octobre, selon l'AFP.