Au terme d'une longue journée où tous les protagonistes soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire des paris suspects et du match truqué de Montpellier face à Cesson-Sévigné le 12 mai dernier ont été présentés devant le juge d'instruction, les mises en examen sont tombées.
Treize personnes ont ainsi été mises en examen pour "escroquerie par manoeuvre frauduleuse, en l'espèce en étant en possession d'information selon laquelle des joueurs de l'équipe de handball de Montpellier s'étaient entendus préalablement pour modifier ou altérer le déroulement normal de la rencontre entre Cesson et Montpellier". Parmi eux, les frères Nikola et Luka Karabatic et leurs compagnes respectives, Géraldine Pillet et Jeny Priez, mais également les joueurs de Montpellier Primoz Prost, Dragan Gajic et Issam Tej, les ex-joueurs de Montpellier aujourd'hui au PSG Handball Samuel Honrubia, Mladen Bojinovic, ainsi que quatre autres parieurs. Trois autres joueurs de Montpellier ont été remis en liberté et seront convoqués ultérieurement pour être mis en examen, Mickaël Robin, Vid Kavticnik et Wissem Hmam.
Ces mises en examen s'accompagnent d'une interdiction d'entrée en contact avec l'encadrement du club et les autres protagonistes de l'affaire, entraînant de fait "une mise au chômage" des joueurs comme le déclarait l'un des avocats des frères Karabatic, Me Phung.
Une information judiciaire ouverte depuis le 1er août vise des faits "d'escroquerie et de recel d'escroquerie" aux dépens de la Française des jeux, qui avait alerté les autorités compétentes en remarquant des montants anormaux lors des paris sur la rencontre incriminée. Les joueurs et leur entourage sont en effet interdits de paris par la loi. L'information judiciaire concerne également des faits "de corruption active et passive", sous-entendu un trucage du match pour influer sur le résultat, comme le révélait déjà dans une déclaration publique le procureur de Montpellier, Brice Robin.
Malgré un dossier solide - les enquêteurs ont repéré sur les comptes des joueurs des mouvements financiers correspondant aux sommes pariées, ainsi que des écoutes téléphoniques accablantes - les joueurs ont refusé de s'exprimer durant leur garde à vue survenue à la suite du match du dimanche 30 septembre face au PSG. Me Eric Dupont-Moretti, l'avocat des frères Karabatic, avait dans un premier temps déclaré que son client Nikola Karabatic reconnaissait avoir parié, mais pas truqué le match, les deux frères étant blessés ce jour-là. Mais mardi 2 octobre, la déclaration de l'avocat changeait lorsqu'il rapportait les propos de son client tenus face au juge d'instruction. "Est-ce que j'ai parié ? Non, je n'ai pas parié", aurait-il ainsi déclaré, totalement abattu.
Jeny Priez, compagne de Luka Karabatic, avait rapidement coopéré avec les enquêteurs, reconnaissant avoir parié à la demande de son homme. Suspendue d'antenne par NRJ 12 sur laquelle elle officie, la jeune femme a depuis elle aussi été mise en examen.
Si les faits étaient avérés, les joueurs pourraient se voir infliger de lourdes sanctions. Judiciairement, ils risquent jusqu'à six matches de suspension et 15 000 euros d'amendes pour avoir parié, et jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amendes s'ils étaient reconnus coupables d'avoir truqué le match. Des sanctions qui pourraient s'accompagner d'un licenciement du club de Montpellier et entacher à jamais l'image d'un sport et de joueurs que l'on présentait comme la réussite ultime du sport français.