À 71 ans, toujours aussi loin de la retraite, Harrison Ford est à l'affiche de La Stratégie Ender. La grande avant-première américaine du film se déroulait à Los Angeles ce 28 octobre. Au milieu d'un casting fort jeune, si on excepte les présences de Viola Davis et Ben Kingsley, Harrison Ford passe pour ce papy attachant à la carrière exemplaire.
Très présent pendant la promotion de ce film de science-fiction où les enfants sont les derniers espoirs pour sauver l'humanité, Harrison Ford est pourtant un homme discret et solitaire. Un drôle de portrait pour celui qui règne depuis des décennies sur le box-office, empilant les succès. Les explications de ces derniers, Harrison Ford les dissémine à l'occasion d'un entretien accordé à Paris Match.
Pour celui qui se dit au cinéma "difficile à reconnaître" tant ses rôles varient d'un film à l'autre, l'équilibre repose sur l'argent, des projets savamment réfléchis, de l'ambition, une maîtrise de son jeu et de la discrétion. Harrison Ford n'est pas du genre à être la cible des tabloïds. Il a préféré le repos, loin de Los Angeles, dans un ranch du Wyoming. "Je sors peu. Je ne fréquente pas la société du spectacle. Je cherche le respect des gens avec qui je travaille et je n'attends rien de plus, confie l'acteur hollywoodien à la journaliste Christine Haas. J'ai eu une vie formidable. Tout ce que je demande, c'est que ça continue." Harrison Ford n'est donc pas prêt à prendre sa retraite, un truc fait "pour les vieux", alors que lui a un tout autre credo : "Tant qu'il y aura de bons rôles, je veux en être. Et je suis preneur de nouveaux défis !"
L'équilibre de cet acteur, fin négociateur (le garçon est passé de 150 dollars pour son premier salaire hebdomadaire en 1966 à plus de 20 millions par film aujourd'hui), repose également sur l'argent. Harrison Ford ne s'en cache pas : "Je vais rarement contre la logique qui est de continuer à gagner ma vie." Pour celui qui ne veut pas se "considérer autrement que comme un artisan", il reste toujours "heureux d'apporter un budget à un film". "Et je fais en sorte d'être très bien payé pour ma contribution", ajoute-t-il. Une qualité que le comédien cultive depuis son plus jeune âge : "Déjà, à l'époque où j'étais menuisier, j'exigeais d'être bien rémunéré pour mon travail."
Même solitaire et redoutable négociateur, Harrison Ford reste un philanthrope et un homme de coeur qui s'engage, notamment auprès des SDF à Los Angeles. "J'essaie de compenser la chance que j'ai eue", glisse le comédien.
Indiana Jones mythique (il dit n'avoir jamais "compris pourquoi ce crétin porte une veste en cuir et un chapeau de feutre pour courir dans la jungle"), Harrison Ford porte un regard sans concession sur l'industrie du cinéma qui a fait de lui star. Il n'en veut pas à l'Académie qui ne lui a jamais remis d'Oscar et dézingue la science-fiction, lui qui a joué dans Star Wars, Blade Runner et donc, dernièrement, La Stratégie Ender. "On perd la notion d'échelle humaine", tonne l'acteur en pointant du doigt le trop-plein d'effets spéciaux et cette "tendance à surcharger l'image".
Vu sur le tournage d'Expendables 3 face à un Sylvester Stallone "qui travaille dur et est très généreux avec ses partenaires", Harrison Ford est aussi attaché à la France, notamment grâce à Jacques Demy. "Il a été le premier réalisateur à croire en moi. Il voulait me confier le rôle principal de Model Shop et ça ne s'est pas fait car les producteurs ne voulaient pas d'un inconnu. Mais je lui en ai été reconnaissant à tout jamais.". Bel hommage.
Interview à retrouver dans son intégralité à partir du 30 octobre dans "Paris Match".