Il est né à Paris en 1929. A grandi dans le Tarn, élevé par sa mère après le divorce de ses parents. Il a étudié dans un collège tenu par des frères dominicains pendant la guerre, a passé trois ans avec son père à Madrid de 1945 à 1948, enregistré son premier disque grâce à Eddy Barclay en 1959. Il a été le copain de Bob Dylan à New-York, où il est allé vivre un an au début des années 60 après y avoir été invité par Maurice Chevalier. Il a concouru pour le Luxembourg à l'Eurovision, posé en 1966 pour la photo du siècle aux côtés de 46 vedettes des yéyés. Il a été pote avec Johnny Hallyday, Carlos, Jean Reno. Il chante, bien sûr, ses standards comme Céline, Stewball ou Santiano, mais il peint aussi et sculpte, fait de la voile et du cheval... Résumer la vie d'Hugues Aufray, qui fête ce 18 août son 95ème anniversaire, c'est traverser un siècle d'histoire et croiser les stars du show-business des 60 dernières années. De quoi fatiguer un homme.
Pas lui, qui en dépit de ses 95 ans a gardé la fougue de sa jeunesse, notamment grâce à Murielle, la jeune femme née en 1974 qu'il a croisée par hasard dans un train en 1995, qui partage sa vie depuis 2005 et qu'il a épousée il y a un an, le 2 septembre 2023. "Le fait d'avoir quelqu'un de très jeune à mes côtés me fait beaucoup de bien", avait-il confié à La Voix du Nord. Une preuve ? Peu après avoir célébré ses noces de coton, celui qui a changé radicalement de vie, partira sur les routes de France et de Belgique pour une tournée qui le mènera de Duras, le 15 septembre, à Abbeville, le 27 jusqu'à Ploemeur, en Bretagne où il achèvera son tour de chant le 13 décembre prochain. Une performance incroyable pour ce presque centenaire -qui a malgré tout vu la mort de près- quand tant d'artistes de son époque ont depuis de longues années déjà quitté la scène, quand ce n'est pas ce monde...
Avec une telle énergie, une activité si débordante, une longévité si exceptionnelle, et une carrière aussi diversifiée, on pourrait supposer qu'Hugues Aufray continue de chanter pour son seul plaisir et qu'il est à l'abri du besoin depuis des décennies. Hélas pour lui, il n'en est rien.
Le chanteur en avait fait la révélation il y a quelques années dans les pages du magazine Gala. S'exprimant sur l'état de ses finances, il avait fait cette révélation surprenante en évoquant sa carrière. "Chaque fois que je faisais une bonne année, je confiais mes intérêts à un associé qui me reprenait tout". L'artiste, fataliste, avait poursuivi : "J'étais un candide. Je me suis fait voler toute ma vie." Il avait alors conclu avec cette phrase étonnante "C'est la chance que j'ai eue"...
En quoi le fait d'avoir été volé toute sa vie, pouvait-il constituer une chance ? Le chanteur l'avait expliqué un peu plus loin lors de cet entretien : "Quand je regarde mes copains qui ont gagné beaucoup d'argent – dont la plupart ne sont plus là – je me dis que j'ai beaucoup de chance. Parce que je préfère la vie à l'argent, Parce que je me dis que, peut-être, tout se paye." Il avait achevé en ces termes, qui permettent de mieux comprendre pourquoi il monte encore sur scène aujourd'hui : "Quand on est riche, on est enclin à faire des bêtises ou à se dire : 'C'est bon, maintenant j'ai gagné assez d'argent, je me retire'. Arrêter ? Pour moi, c'est impensable."
Ces soucis financiers ne l'ont pas pour autant plongé dans le dénuement. Durant de longues années, il a habité à Marnes-la-Coquette, à deux pas de la maison de Johnny Hallyday que Laeticia ne parvient toujours pas à vendre. Cette sublime propriété, à l'orée d'un bois doté d'un grand parc avait constitué un abri idéal pour toute sa famille. "J'étais entouré de mes deux filles, leurs maris, et cinq petits enfants -dont l'un est mort tragiquement il y a peu. Je menais une vie de patriarche avec beaucoup de charges. C'était un peu difficile financièrement parlant. Maintenant, je suis plus tranquille", avait-il confié au Figaro il y a cinq ans en expliquant qu'il avait quitté sa maison de Marne pour aller vivre en 2016 avec Murielle à Marly-le-Roi, autre banlieue calme et huppée de la région Parisienne dans laquelle ils se sont unis l'an dernier, entourés d'amis comme Renaud ou Jean-Luc Reichmann.
Si cette demeure qu'ils ont choisie est plus modeste, elle est chargée d'histoire. Les peintres Rodin et Renoir y ont usé leurs pinceaux avant qu'Aristide Maillol, le peintre, graveur et sculpteur français n'en fasse son repaire... Un nid douillet, loin de l'agitation parisienne, qu'il habite désormais avec sa nouvelle épouse.
Avant Murielle, qui fut longtemps son amante, Hugues Aufray eut en effet une première femme, Hélène, une ancienne danseuse avec qui il s'était marié en 1951. Le couple a eu deux enfants, Marie, née en 1958, et Charlotte, en 1951. Or, le chanteur bien qu'il ne vivait plus avec elle depuis de longues années avait tenu à rester son son mari. Dans le Matin, en 2015, il expliquait pourquoi... "Nos horloges biologiques, entre hommes et femmes, ne sont pas les mêmes. Le Viagra, je ne connais pas ! Je suis toujours marié avec la femme que j'ai connue à 20 ans. Elle ne peut pas me suivre. Je suis un homme normal, avec une activité normale, avec une activité professionnelle importante et donc, c'est vrai, j'ai une jeune compagne. Je ne mens ni à l'une ni à l'autre. J'ai la conscience tranquille."
Cinq ans plus tard, sur France 2, il avait ajouté : "On ne peut pas rejeter quelqu'un qui vous a donné des enfants magnifiques, des petits-enfants, qui a fait des sacrifices pour vous. On ne peut pas la jeter du jour au lendemain, le divorce, c'est quand même quelque chose de très humiliant pour celui qui est abandonné."
Hugues Aufray n'abandonna donc jamais Hélène et resta marié avec elle jusqu'à sa mort, le 6 octobre 2022. Quant aux deux filles qu'ils ont eues ensemble, l'artiste a déjà tout prévu pour le jour où il viendra à disparaître. Invité en avril dernier sur le plateau de TPMP, il avait détaillé les mesures prises pour sa succession et notamment la raison pour laquelle il avait vendu Marne-la-Coquette. "Quand je vois les histoires Johnny et Delon je ne supporte pas (...) J'ai vendu à un certain prix et j'ai donné tout l'argent à mes enfants pour qu'ils fassent des travaux pour pouvoir faire une ferme où l'on pourrait avoir des chambres d'hôtes". Il avait poursuivi en précisant que c'est Marie, sa fille aînée qui habitait désormais la ferme : "Je suis très heureux qu'elle soit là ! Elle a pu être à côté de sa maman à la fin de sa vie."
"J'ai plus de souci. Maintenant je travaille pour Murielle", avait conclu Hugues Aufray en évoquant sa nouvelle épouse. Monter sur scène pour elle, une formidable preuve d'amour !