Réactualisation : Harvey Weinstein s'est présenté devant la justice new-yorkaise mardi 5 juin 2018. Le producteur de 66 ans n'a prononcé que quelques mots durant cette première audience : "Non coupable", a-t-il déclaré au juge, d'une voix à peine audible, note l'AFP.
"M. Weinstein dément avoir commis ces crimes, a déclaré son avocat Ben Brafman. Il maintient n'avoir jamais eu de relation non consentie (...). Aussi répréhensible que ce crime [il est jugé pour deux viols , NDLR] puisse être, il est tout aussi répréhensible d'accuser faussement quelqu'un de viol. Aujourd'hui marque le début du processus. Notre combat commence maintenant."
Le 31 mai, nous écrivions : Après la libération de la parole, place à l'action et à la justice. Mercredi 30 mai, un "grand jury" new-yorkais a validé l'inculpation d'Harvey Weinstein pour un viol et une fellation forcée. Il s'agit d'une étape supplémentaire vers un possible procès pour le producteur déchu, accusé depuis cet automne par près d'une centaine de femmes d'abus sexuels allant du harcèlement au viol.
Le tycoon hollywoodien avait été inculpé pour la première fois vendredi par la police new-yorkaise pour un viol présumé commis en 2013 et une fellation forcée en 2004. Le producteur de 66 ans avait ensuite été présenté à un juge et remis en liberté, moyennant une caution de 1 million de dollars, le port d'un bracelet électronique et des déplacements limités aux États de New York et du Connecticut. Mais les preuves réunies contre lui par le procureur de Manhattan devaient encore être validées par un "grand jury", un panel de jurés qui, selon le système judiciaire américain, doit vérifier que les preuves sont suffisantes pour une inculpation.
Mercredi, le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, s'est donc félicité de voir Weinstein définitivement inculpé. Cette décision "rapproche l'accusé du moment où il devra répondre des crimes dont il est inculpé", a-t-il déclaré dans un communiqué, en rappelant néanmoins que l'"enquête était toujours en cours" et en appelant toute victime potentielle de Weinstein à contacter ses services.
De son côté, l'avocat du producteur incriminé, Ben Brafman, avait contesté d'avance la décision du grand jury, qu'il avait dénoncée comme "inévitable" au vu de "la pression politique injuste" pesant sur le procureur pour poursuivre Weinstein. Une pression exercée notamment par le mouvement anti-harcèlement #MeToo, qui a fait chuter des dizaines d'hommes de pouvoir aux États-Unis depuis cet automne.
Brafman était d'autant plus furieux que son client n'a pas pu témoigner devant ce grand jury, faute d'avoir pu préparer correctement son audition. Le ténor du barreau new-yorkais reprochait notamment au procureur de ne lui avoir fourni les détails correspondant aux deux accusations que vendredi soir, à la veille d'un long week-end férié aux États-Unis, et d'avoir refusé de reporter la convocation du grand jury.
Il défend également Harvey Weinstein en laissant entendre que l'accusation de viol émanerait selon lui d'"une femme avec qui M. Weinstein a eu des relations sexuelles consentie pendant dix ans, qui s'est poursuivie après la plainte de viol pour 2013". La police et le procureur n'ont jusqu'ici donné aucune information sur l'identité de la plaignante. L'accusation de fellation forcée émane en revanche d'une personnalité qui avait déjà rendu publiques ses allégations, Lucia Evans, aspirante actrice au moment des faits présumés en 2004.
Trois chefs d'accusation ont été retenus, deux pour viol et un pour agression sexuelle. En cas de condamnation, ils pourraient valoir de 5 à 25 ans de prison au producteur qui devrait "plaider non coupable et se défendre vigoureusement face à ces accusations non étayées qu'il dément fermement". La prochaine audience dans cette affaire est prévue pour le 30 juillet.