Les faits avaient été relatés par Marianne à l'automne dernier lorsqu'Isabelle Adjani devait faire face à la justice. Quelques mois auparavant, la star, écrivaient nos confrères, avait commandé et payé des objets dans une grande enseigne parisienne de décoration pour un montant s'élevant à plusieurs milliers d'euros. Les paquets ont longtemps attendu que sa propriétaire vienne les récupérer... En vain. L'anecdote, qui peut prêter à sourire, montre peut-être qu'Isabelle Adjani manque d'organisation ou est un peu rêveuse, elle est surtout révélatrice du rapport que la comédienne entretient avec l'argent : un relatif désintérêt, un détachement certain, qui lui ont valu bien des déconvenues...
Elle a beau être une légende du cinéma, elle n'en reste pas moins femme, avec ses forces et ses faiblesses. Isabelle Adjani a vu son nom, à plusieurs reprises durant sa longue carrière, mêlé à des problèmes d'argent.
Dernier épisode de cette série, cette convocation devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre d'accusations de fraude fiscale et de blanchiment. Résultat : Isabelle Adjani a été condamnée, en son absence, en décembre dernier, à deux ans d'emprisonnement avec sursis et 250 000 euros d'amende, reconnue coupable d'avoir établi une fausse résidence au Portugal en 2016 et en 2017, d'avoir fait passer une donation de 2 millions d'euros pour un prêt et enfin, d'avoir eu sur un compte bancaire américain non déclaré la somme de 120 000 euros. Elle a immédiatement fait appel à cette décision qui a été rendue en son absence. Une nouvelle audience en cour d'appel va être fixée. Comment la légende du cinéma français, cette intellectuelle engagée, pouvait-elle tomber pour des motifs si bassement matériels ?
Un ami à elle confiait à Marianne avant le jugement que cela ne le surprenait malheureusement pas : "Ça ne m'étonne pas qu'elle se retrouve dans des embrouilles de fric. Elle ne s'occupe pas de ces choses-là. Ça fait 25 ans que je la fréquente et je ne l'ai jamais vue avec une carte bleue ou un chéquier. Elle ne parle pas d'argent, n'en a jamais sur elle et aussi étrange que cela paraisse, confie régulièrement qu'elle a du mal à s'en sortir."
Etrange, mais a priori, vrai ! Il n'est qu'à recenser les imbroglios financiers auxquels elle a dû faire face, notamment lorsqu'elle a mis entre parenthèses sa carrière pour s'occuper de son fils, Gabriel-Kane - né en 1995 de ses amours avec Daniel Day-Lewis. "J'avais décidé de me consacrer à lui dès sa naissance alors que je venais de me séparer, dans la douleur, de son père, Daniel Day-Lewis. Je voulais être une mère infaillible" expliquait-elle a posteriori dans Paris Match.
Une mère infaillible et une actrice qui refuse aussi les compromissions. En 2002, le milliardaire algérien Rafik Khalifa s'était offert la présence de nombreux people lors du lancement de sa télé. Sting, Naomi Campbell, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve faisaient partie des "invités" qui auraient été payés plusieurs dizaines de milliers d'euros pour participer. Isabelle Adjani avait refusé... "J'ai trouvé très suspect tout cet argent offert aux uns et aux autres, cette façon d'acheter les artistes, comme s'ils constituaient des lots. Je trouvais ça décadent. Et insultant", avait-elle confié après coup à Gala.
Prendre de l'argent, non. En donner, en revanche, oui ! "La générosité ça déclenche les endorphines... l'hormone du bonheur", proclamait-elle en 2009. Justement, cette année-là, elle avait visiblement eu des largesses aveugles pour son ancien compagnon, le Dr Delajoux, à qui elle avait prêté 150 000 euros afin de lancer un site internet. "Au vu de l'exposé de la vocation humanitaire du projet tel qu'il lui avait été présenté, et conformément à ses convictions personnelles connues et reconnues en la matière", elle avait accepté de prêter cet argent, avait justifié son avocat. Mais le site n'avait jamais vu le jour. Suite à sa séparation avec le fameux chirurgien, Adjani avait attaqué Delajoux en justice, et retrouvé ses sous... Mais elle ne les avait pas gardés, préférant reverser en toute discrétion l'intégralité de la somme au Sidaction, une cause qui est chère à celle qui avait à l'époque été l'objet d'une effroyable rumeur.
Si elle ne les avait pas donnés, cela lui aurait peut-être évité d'emprunter 157 000 euros au consultant en stratégie qui gérait sa société de production en 2011. C'est du moins ce dont cet homme l'avait ensuite accusée, estimant avoir été floué, et jamais remboursé... L'affaire, treize ans après, vient tout juste de connaître son épilogue : le parquet de Paris a requis un non-lieu pour la comédienne qui était mise en examen pour escroquerie depuis 2020.
Malgré ses ennuis, Isabelle Adjani peut compter sur certains pour prendre sa défense. "On la prend pour une diva ? C'est tout le contraire, confiait dans Marianne un ancien conseiller de la star. Elle est très simple et pense toujours aux autres avant de penser à elle. C'est scandaleux pour elle de faire de la philanthropie pour se mettre en valeur. Sa générosité, elle l'exerce au quotidien avec des anonymes le plus souvent. Elle qui déteste la fréquentation des grands de ce monde, je l'ai vu s'inviter à la table d'un ministre pour obtenir une faveur. Mais pas pour elle !"
Celle qui vient de faire ses adieux à un ami proche, va devoir à l'avenir réfréner ses ardeurs généreuses. Nul doute qu'elle le fera à sa manière, tranquille et philosophe, elle qui déclarait dans Paris Match à l'automne dernier : "On ne peut pas être ruinée quand on n'a jamais été fortunée." Si elle le dit...