La musique africaine vient de perdre l'un de ses piliers... Producteur légendaire (Alpha Blondy, Salif Keita...), Ibrahima Sylla est mort des suites d'une longue maladie, le 30 décembre dernier à Paris, alors qu'il n'avait que 59 ans, comme l'a annoncé son label Syllart. Cinq jours plus tard, le monde de la musique a pu dire adieu au producteur sénégalais lors de ses obsèques à Dakar, où il a été inhumé samedi près de son père et de son frère aîné.
Fils d'un dignitaire musulman sénégalais, Ibrahima Sylla devient rapidement le plus grand dénicheur de talents en Afrique. Créateur du label Syllart au début des années 1980, le natif de Kaolak avait ainsi produit une multitude de futurs grands noms du continent comme Baaba Maal, Orchestra Baobab, Salif Keita, Alpha Blondy ou encore Ismaël Lô, figurant parmi les nombreux artistes venus à ses obsèques. Ibrahima Sylla va alors construire un catalogue référence qui va marquer l'histoire de la musique africaine, sorte d'équivalent à la Motown pour la soul ou Fania pour la salsa. Après avoir vécu en Afrique de l'Ouest, il s'était installé en France dans les années 1980.
Malgré la maladie dont il souffrait, qui n'a pas été communiquée, Ibrahima Sylla va continuer à vivre sa passion et son travail avec la même intensité. Intransigeant et perfectionniste jusqu'au bout des doigts, celui qui était capable de rentrer dans des colères noires en studio avait sorti le huitième album solo du collectif salsero Africando, Viva Africando, en novembre dernier, comme le rappelle LeMonde.fr, son oeuvre testament. Un groupe qui a contribué au renouveau de la salsa en Afrique. Trois ans plus tôt, il sortait également avec Syllart une grosse anthologie intitulée Africa, 50 Years of Music, 1960-2010, pour le cinquantenaire des indépendances africaines.
L'émotion était donc grande samedi 4 janvier au moment de ses obsèques à Dakar, d'abord dans la demeure familiale au Plateau puis au cimetière musulman de Yoff pour l'inhumation en présence de nombreux artistes de son écurie. "C'est une grande perte pour le continent. Ibrahima Sylla a été le meilleur producteur de musique africaine durant les 30 dernières années", a ainsi déclaré Lord Alajiman. Son label Syllart a quant a lui regretté la perte d'un "découvreur aguerri (...) et un connaisseur encyclopédique des musiques d'Afrique". Youssou N'Dour a quant à lui évoqué la perte d'un "grand homme" d'après RFI.fr.