Depuis son retour émouvant, fracassant, exceptionnel dans La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld en 2009, Isabelle Adjani est plus que jamais sur le devant de la scène. Son rôle dans le film, celui d'une femme résistant au machisme le plus extrême, fait d'elle la marraine naturelle de l'opération "Toutes en jupe", organisée ce 25 novembre par l'association Ni Putes Ni Soumises (NPNS).
À cette occasion, celle qui prête sa voix à la Mère Gothel dans Raiponce (le 1er décembre en salles) et de nombreuses personnalités féminines telles Claire Chazal - on sait que sa jupe offerte sera griffée Yves Saint Laurent -, Zazie, Sophie Marceau, Charlotte Gainsbourg, Carole Bouquet, Valeria Bruni-Tedeschi ou encore Vanessa Paradis et Emmanuelle Béart entre autres, ont accepté d'offrir une de leurs jupes pour une grande vente aux enchères : les profits seront dédiés à la construction d'appartements-relais pour des femmes victimes de violences. Ce grand rendez-vous se tient, jeudi soir, à 19 heures au Palais de Tokyo, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Malheureusement, Isabelle Adjani ne pourra être présente aux côtés de ses consoeurs qui feront le déplacement. L'actrice est retenue au Luxembourg - et en pleine tempête de neige ! - sur le tournage du film De Force de Franck Henry, pour lequel elle donne la réplique à Eric Cantona et Anne Consigny. Mais cette absence, qu'elle regrette de tout son coeur, ne l'empêche en aucun cas de tenir son rôle de marraine avec l'attachement qu'on lui connaît. À vrai dire, l'actrice ne mâche pas ses mots en déclarant que la jupe est "un manifeste et une anti-burqa contre l'obscurantisme et la haine des femmes".
Dans le magazine ELLE paru le 19 novembre, elle regrette, par exemple, que seulement 2% des victimes de violences conjugales fassent appel à la police. Pour l'actrice qui a fait ses classes à la Comédie-Française, cette loi du silence rappelle le destin tragique d'Antigone : "Comment passer de la loi du sang à celle de la cité ? Comment accepter que le conflit familial devienne un conflit public ? Comment supporter que l'intime et le privé soient soudain soumis à la lumière parfois aveuglante de la justice ? Certaines femmes se murent dans le silence comme Antigone a choisi d'être emmurée vivante, et cela, c'est une véritable tragédie." D'où son important soutien à Ni Putes Ni Soumises et à cette vente aux enchères qui permettra de financer des structures d'accueil pour les victimes. Une pierre à cet édifice que tous doivent construire.
L'actrice précise dans ELLE : "Je ne m'engage pas dans le combat de Ni pute Ni Soumises, je m'engage tout court quand la nécessité de le faire s'impose à moi." Aussi est-elle montée au créneau, quitte à s'exposer aux foudres iraniennes pour sauver Sakineh, et participera fin novembre à l'opération Frimousse pour l'Unicef. C'est cet engagement sans frontière, inconditionnel, cette conviction, qui lui a aussi valu le 5e Prix de la Laïcité, le 5 octobre dernier.
Pour finir, un dernier mot sur La journée de la jupe : le film de Jean-Paul Lilienfeld donnera lieu à une pièce de théâtre ainsi qu'un remake en Allemagne. On souhaite aux actrices allemandes qui se glisseront dans le rôle de Sonia Bergerac autant de succès qu'Isabelle Adjani. Elle avait reçu, entre autres, à cette occasion, son cinquième César de la meilleure actrice.