Isabelle Adjani : Une récompense qui la bouleverse totalement...

Sa prestation névrosée et déstabilisante dans La Journée de la jupe, drame personnel à la résonance sociale puissante de Jean-Paul Lilienfeld, qui lui valut le cinquième César de sa carrière (en plus d'un Globe de Cristal, d'un Prix Lumière et d'une Etoile d'or) et un cortège d'éloges, a laissé des traces. Et a ramené les projecteurs sur le fait que, à l'écran mais aussi à la ville, Isabelle Adjani est une femme préoccupée par les problématiques contemporaines. Pas seulement préoccupée : "engagée", comme le veut la terminologie en vogue.

C'est à ce titre, pour rendre hommage à ses prises de position et ses actions personnelles dans les domaines qui lui tiennent le plus à coeur - notamment tout ce qui a trait à la condition féminine moderne et aux droits de l'Homme et droits sociaux - que la comédienne de 55 ans s'est vu décerner vendredi 1er octobre 2010 le 5e Prix de la Laïcité.

Preuve que son énergie et son implication personnelle transcendent les frontières de sa profession, il s'agit de la première artiste distinguée par cette récompense attribuée par le Comité Laïcité République, que préside Patrick Kessel, ancien Grand Maître du Grand Orient de France. Isabelle Adjani, dans les locaux de la Mairie de Paris, a reçu des mains d'Anne Hidalgo, maire-adjoint, et en présence de Yamina Benguigui, conseillère de Paris, et de Jean-Pierre Changeux, président du jury, la statuette matérialisant cette récompense : une sorte de buste de Marianne (symbole de la République Française et des valeurs héritées de la Révolution en même temps qu'icône féminine intemporelle).

Il a été précisé que la lauréate l'avait mérité au regard de ses efforts en faveur de la liberté de conscience, de la liberté des femmes (s'exposant aux foudres iraniennes en manifestant son soutien à Sakineh), de l'égalité des droits, et tant pour ses engagements personnels que pour le rôle d'enseignante qu'elle interprète dans La journée de la jupe.

"Mon émotion est absolument maximale même si je la contiens", a déclaré la lauréate, bonnet rouge sur la tête - quasiment un bonnet phrygien ! "Je suis extrêmement touchée, extrêmement honorée que vous me fassiez une chose pareille, c'est-à-dire, de me remettre le prix de la laïcité. Si mes parents étaient vivants, je crois qu'ils en seraient absolument bouche bée parce, pour moi, recevoir ce prix c'est vraiment recevoir, l'expression d'une reconnaissance, la reconnaissance d'une forme d'engagement qui est le mien, même s'il est limité par rapport aux personnes qui sont présentes. Évidemment, en tant qu'actrice, mon engagement est plutôt de nature artistique mais c'est vrai qu'il peut se traduire parfois en engagement politique parce que de toute façon, il est impossible de faire autrement et il n'est pas question de faire autrement." Et d'insister sur le poids de cette distinction : "C'est un moment difficile pour moi aussi d'accepter la lourde responsabilité d'un symbole pareil de ce prix de la laïcité parce qu'il va falloir que je sache en être la représentante digne et modeste, dès que la circonstance se présente et c'est quand même tous les jours, c'est au quotidien." (retrouvez l'intégralité de son allocution en cliquant ici)

Décorée de l'ordre de la Légion d'honneur dans la promotion du 14 juillet 2010 et heureuse en amour avec le magnat italien Antonio Cacace, Isabelle Adjani peut se féliciter d'ajouter à son épanouissement personnel une carrière toujours florissante, comme en témoigne son agenda. Elle s'apprête en effet à commencer, la semaine prochaine, le tournage du nouveau film de Franck Henry, De force, incarnant une commissaire de la Brigade de Répression du grand banditisme, aux côtés d'Eric Cantona et Simon Abkarian. Elle se glissera ensuite dans l'étonnant registre de la dramédie avec Alexandre Astier et le film Madame Karlsson, puis se fera rédactrice en chef d'un magazine people dans Papier glacé, de Laurent Tuel, qu'elle coproduit.