Exclusif : Isabelle Adjani et son frère Eric photographie de Dominique Isserman . Toute reproduction interdite© Dominique Isserman
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L'expression "interview-fleuve" semble être un euphémisme face à l'entretien qu'Isabelle Adjani a offert au magazine Vogue Hommes. Avec son extraordinaire carrière, couronnée par cinq César, deux nominations aux Oscars et un prix d'interprétation à Cannes, son parcours peut remplir sans mal d'innombrables pages. À coeur ouvert, l'icône ne parlera pas que septième art, même s'il rythme sa vie. Son frère, son père et ses anciens compagnons seront au coeur de cette rencontre intime et passionnante.
Le frère
Portée au sommet avec La Gifle en 1974, Isabelle Adjani connaît très jeune le succès. Mais elle n'a pas voulu sombrer dans les travers des folles soirées du show business : "J'ai eu un frère qui a passé sa jeunesse dans les méandres de la nuit. J'étais désespérée pour lui. Il avait seulement deux ans de moins que moi, mais j'avais toujours peur que quelque chose lui arrive. Et manifestement, des choses lui sont arrivées. Il est tombé dans le tourbillon de la nuit et ses addictions, l'alcool, la drogue, une forme de folie. Et pourtant, il paraissait indestructible. (...) Je m'inquiétais toujours pour mon frère, mon double. (...) Je ne me suis jamais accordé le luxe d'essayer de me perdre."
Son frère Eric est décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre 2010 d'un arrêt cardiaque. Il avait démarré sa carrière au cinéma en tant qu'assistant caméra de Marguerite Duras (Le Camion en 1977) et avait tourné dans quelques films en tant qu'acteur, avant de trouver sa voie dans la photographie. "Il n'était pas si jeune quand il est mort, mais il a toujours été une sorte d'homme-enfant pour moi. Je ne sais pas comment il a fait pour vivre ainsi durant des années. Il était un homme absolument charmant, irrésistible. Beau comme un ange... abîmé. Personne ne pouvait lui résister. Il y a eu des périodes d'accidents, de tentatives de suicide, d'overdoses. Et un jour, son corps a dit stop, c'est trop."
Le père
Dans le magazine Gala, Isabelle Adjani évoquait leur enfance difficile : "Les filles ont une capacité de résilience inouïe, mais un garçon peut être brisé. Il l'a été. J'ai assisté à ça en tant qu'aînée, impuissante. On a eu des enfances violentes." Leur père, un homme qu'elle décrit comme très beau, comme Paul Newman, un autodidacte profondément malheureux. Dans Madame Figaro, elle disait qu'il "avait décrété une dictature d'anéantissement du corps". Leur relation était complexe, rappelle-t-elle dans Vogue : "Je voulais lui montrer désespérément que je l'aimais pour que je puisse le forcer à m'aimer en retour, pour qu'on puisse se sortir de notre relation toxique. (...) Il était à la fois le père qu'on aime et celui qu'on est incapable de sauver."
L'amoureux
Le frère, le père et ensuite l'amoureux. Isabelle Adjani évoque d'abord Bruno Nuytten, qui l'avait magnifiquement dirigée dans Camille Claudel en 1988. Ensemble, ils auront un fils, Barnabé, devenu musicien. Ce film lui vaudra un César et sur la scène, en venant chercher son prix, elle récitera un extrait des Versets sataniques de Salma Rushdie, un auteur frappé d'une fatwa édictée par l'ayatollah Khomeini. Des mots qui ont attiré l'attention de Daniel Day-Lewis : "Camille Claudel était présenté en avant-première à Londres et Daniel connaissait Salman Rushdie. (...) Il voulait me rencontrer. Je suis allé à Londres promouvoir le film et quand je suis arrivée dans ma chambre d'hôtel, j'ai vu une note disant : 'Bienvenue dans ce pays minable', avec son numéro de téléphone. (...) On s'est vus à Paris. C'était un coup de foudre."
Père de son fils Gabriel-Kane, Daniel Day-Lewis est comme Isabelle Adjani, très impliqué dans ses performances, mais l'actrice estime qu'il va plus loin : "Daniel est plus fragile et en même plus fort que moi parce qu'il est capable de contourner sa fragilité." Pour illustrer le degré d'implication de l'acteur dans ses rôles, elle citera l'exemple du film Philadelphia, qu'il a refusé de faire : "Il s'est dit, si je fais Philadelphia, je peux mourir.' Dit comme ça, c'est très romanesque, mais c'était très réfléchi surtout."
Isabelle Adjani sera au théâtre l'héroïne de Kinship de Carey Perloff, mis en scène par Julien Collet Vlaneck avec également Carmen Maura et Niels Schneider, à partir du 21 octobre au théâtre de Paris.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Vogue - Hommes (automne-hiver 2014)
Le frère
Portée au sommet avec La Gifle en 1974, Isabelle Adjani connaît très jeune le succès. Mais elle n'a pas voulu sombrer dans les travers des folles soirées du show business : "J'ai eu un frère qui a passé sa jeunesse dans les méandres de la nuit. J'étais désespérée pour lui. Il avait seulement deux ans de moins que moi, mais j'avais toujours peur que quelque chose lui arrive. Et manifestement, des choses lui sont arrivées. Il est tombé dans le tourbillon de la nuit et ses addictions, l'alcool, la drogue, une forme de folie. Et pourtant, il paraissait indestructible. (...) Je m'inquiétais toujours pour mon frère, mon double. (...) Je ne me suis jamais accordé le luxe d'essayer de me perdre."
Son frère Eric est décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre 2010 d'un arrêt cardiaque. Il avait démarré sa carrière au cinéma en tant qu'assistant caméra de Marguerite Duras (Le Camion en 1977) et avait tourné dans quelques films en tant qu'acteur, avant de trouver sa voie dans la photographie. "Il n'était pas si jeune quand il est mort, mais il a toujours été une sorte d'homme-enfant pour moi. Je ne sais pas comment il a fait pour vivre ainsi durant des années. Il était un homme absolument charmant, irrésistible. Beau comme un ange... abîmé. Personne ne pouvait lui résister. Il y a eu des périodes d'accidents, de tentatives de suicide, d'overdoses. Et un jour, son corps a dit stop, c'est trop."
Le père
Dans le magazine Gala, Isabelle Adjani évoquait leur enfance difficile : "Les filles ont une capacité de résilience inouïe, mais un garçon peut être brisé. Il l'a été. J'ai assisté à ça en tant qu'aînée, impuissante. On a eu des enfances violentes." Leur père, un homme qu'elle décrit comme très beau, comme Paul Newman, un autodidacte profondément malheureux. Dans Madame Figaro, elle disait qu'il "avait décrété une dictature d'anéantissement du corps". Leur relation était complexe, rappelle-t-elle dans Vogue : "Je voulais lui montrer désespérément que je l'aimais pour que je puisse le forcer à m'aimer en retour, pour qu'on puisse se sortir de notre relation toxique. (...) Il était à la fois le père qu'on aime et celui qu'on est incapable de sauver."
L'amoureux
Le frère, le père et ensuite l'amoureux. Isabelle Adjani évoque d'abord Bruno Nuytten, qui l'avait magnifiquement dirigée dans Camille Claudel en 1988. Ensemble, ils auront un fils, Barnabé, devenu musicien. Ce film lui vaudra un César et sur la scène, en venant chercher son prix, elle récitera un extrait des Versets sataniques de Salma Rushdie, un auteur frappé d'une fatwa édictée par l'ayatollah Khomeini. Des mots qui ont attiré l'attention de Daniel Day-Lewis : "Camille Claudel était présenté en avant-première à Londres et Daniel connaissait Salman Rushdie. (...) Il voulait me rencontrer. Je suis allé à Londres promouvoir le film et quand je suis arrivée dans ma chambre d'hôtel, j'ai vu une note disant : 'Bienvenue dans ce pays minable', avec son numéro de téléphone. (...) On s'est vus à Paris. C'était un coup de foudre."
Père de son fils Gabriel-Kane, Daniel Day-Lewis est comme Isabelle Adjani, très impliqué dans ses performances, mais l'actrice estime qu'il va plus loin : "Daniel est plus fragile et en même plus fort que moi parce qu'il est capable de contourner sa fragilité." Pour illustrer le degré d'implication de l'acteur dans ses rôles, elle citera l'exemple du film Philadelphia, qu'il a refusé de faire : "Il s'est dit, si je fais Philadelphia, je peux mourir.' Dit comme ça, c'est très romanesque, mais c'était très réfléchi surtout."
Isabelle Adjani sera au théâtre l'héroïne de Kinship de Carey Perloff, mis en scène par Julien Collet Vlaneck avec également Carmen Maura et Niels Schneider, à partir du 21 octobre au théâtre de Paris.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Vogue - Hommes (automne-hiver 2014)