D'un média à l'autre, la grande Isabelle Adjani poursuit ses confessions dans une ambiance intimiste. Tout cela en vue de cette soirée spéciale qui lui sera consacrée le 5 mai sur arte, avec la diffusion de La Journée de la jupe (pour lequel elle a glané un cinquième César de la meilleure actrice) suivi d'un documentaire, Isabelle Adjani, 2 ou 3 choses qu'on ne sait pas d'elle, tourné chez elle. Les critiques des journalistes qui ont déjà visionné ce documentaire sont toutes dithyrambiques. Cette fois-ci, c'est pour Le Figaro Madame que l'actrice décide de confier ses souvenirs passés, de son père à son rapport au corps et même son projet avorté de film autour de l'affaire DSK, avec Gérard Depardieu et sous la direction d'Abel Ferrara.
Le film en question, The June Project, est actuellement en tournage. Projet de longue date pour le réalisateur de The King of New York, le long-métrage encore à ses balbutiements voit sa préproduction retardée lorsqu'Isabelle Adjani quitte le projet. Elle devait y incarner le double d'Anne Sinclair. Relativement silencieuse depuis ce départ (elle est remplacée par Jacqueline Bisset), Isabelle Adjani met les points sur les "i" : "Aucun contrat n'était signé, nous n'étions même pas au stade des négociations", lâche-t-elle d'emblée. Ajoutant en riant : "C'était la promesse d'être sûrement mal traitée et mal payée." Mais les vraies raisons, où étaient-elles ? Selon l'intéressée, c'est le statut même de biopic qui a dérangé, l'actrice refusant "de participer à la curée médiatique". Aujourd'hui, elle s'en amuse : "Un film, c'est un mariage, et j'ai préféré renoncer aux fiançailles", dans une oeuvre qui "dépassait le bon équilibre hormonal".
Pourtant, l'épreuve comme plus tard la médiatisation, Isabelle Adjani la connaît. Mais elle la contrôle surtout, ce qui fait d'elle une personnalité équilibrée qui n'a jamais failli. Elle traîne néanmoins des souvenirs peu euphorisants de sa jeunesse, et notamment de son père, lequel "avait décrété une dictature d'anéantissement du corps". Un comble pour une jeune fille, alors emprisonnée. "Les miroirs en pied étaient inexistants, et l'on ne m'a jamais dit que j'étais jolie, je ne l'ai jamais entendu", dit-elle. Le cinéma se chargera de rattraper l'erreur, comme dans L'Été meurtrier où, nue, elle avoue avoir "transgressé l'interdit paternel". "C'est un défi que je me suis imposé, je me suis fait violence. (...) Mon père est mort avant la sortie du film. C'était presque un soulagement. Il n'aurait pas applaudi son actrice de fille !", dit-elle en riant. Mais les souvenirs, eux, restent. "Ignorer son corps crée des dommages irréparables : on ne le laisse pas facilement être gagné par le bien-être ou... l'être bien", concède-t-elle.
De quoi expliquer ses relations sentimentales, et notamment celle qu'Isabelle Adjani affronte les larmes aux yeux dans ce documentaire : son union avec Bruno Nuytten, réalisateur de Camille Claudel et père de son premier enfant, Barnabé. "La déception amoureuse, le chagrin, a été des causes de son éclipse", avance celle qui assure également que "le passage de l'ombre à la lumière a carbonisé quelque chose de lui". Elle conclut alors : "Tout cela reste dans le coeur." Pas mieux.
Interview à retrouver dans son intégralité dans "Le Figaro Madame", en kiosque le 3 mai.