Isabelle Aubret a connu un immense succès avec C'est beau la vie que lui a écrite Jacques Brel, son ami, en 1970. Lundi 3 octobre 2016, celle qui fut désignée meilleure chanteuse du monde à Tokyo en 1976 a fait ses adieux à la scène sur celle de l'Olympia de Paris. Un moment d'immense émotion partagé avec son public et de nombreuses personnalités venues l'applaudir.
Après son tour de chant, Isabelle Aubret, mignonne comme une petite fille dans sa robe noire, dissimulait avec difficulté son émoi. Entourée de ses musiciens, elle a dit adieu à son public, sans vouloir vraiment quitter la scène, un énorme bouquet dans les bras. En coulisses, elle a retrouvé de nombreux amis venus l'embrasser et partager ce moment avec elle, comme Charlotte Julian et Sophie Darel, Fabien Lecoeuvre et sa compagne Anne Richard, Alain Sachs, Isabelle Boulay, l'avocat Eric Dupond-Moretti, Pierre Laurent, Julien Laupêtre, Claude Lemay, Patrick de Carolis, Nelson Monfort et sa fille Isaure, Isabelle Alonso et, bien sûr, Gérard Meys, son producteur de toujours et l'un des deux hommes de sa vie...
En réalité, ce tour de chant n'est que le lancement des adieux d'Isabelle Aubret qui publie l'album Allons enfants et prépare deux tournées : avec Âge tendre et tête de bois cet hiver (du 4 novembre au 17 février 2017) puis en solo après. Le Parisien, qui lui a consacré un bel article dimanche, la décrit comme pimpante et s'étonne qu'elle souhaite quitter la scène. Mais Isabelle Aubret a ses raisons, similaires à celles d'Eddy Mitchell : "Ces adieux, je ne les fais pas de gaieté de coeur, mais par respect pour le public, après cinquante-cinq ans de carrière, je veux lui dire au revoir en forme et en chantant bien. Je ne veux pas qu'on dise : 'C'est le disque de trop.' Je n'ai pas honte de moi quand je me lève le matin."
Nos confrères reviennent ensuite sur la formidable carrière de l'artiste qui chantait Brel, Ferrat et Aragon, qui était engagée, qui n'avait pas peur des sujets graves alors que ses boucles blondes et son physique lumineux auraient laissé imaginer un répertoire plus léger. Isabelle Aubret est née dans une famille de onze enfants. Très jeune, elle travaille à l'usine et suit, le soir, des cours d'art dramatique. Elle se rêve actrice et chanteuse. L'un de ses professeurs de chant rendra cela possible et c'est en 1962 que sa carrière décolle. Le Parisien rappelle qu'Isabelle Aubret est la troisième Française à remporter le concours de l'Eurovision avec Un premier amour. Elle est, dès lors, adulée à l'étranger.
Mais ce parcours a été marqué par deux accidents. Le premier lui a coûté le premier rôle des Parapluie de Cherbourg (finalement tenu par Catherine Deneuve et le film reçut la Palme d'or en 1964) : deux semaines avant le tournage, elle est défigurée dans un accident de voiture et souffre de dix-huit fractures. "Pour que je me remette, financièrement et moralement, Brel m'a offert sa chanson La Fanette à vie. C'est dire le grand homme qu'il était." Le second a lieu en 1982, durant le Gala de l'Union des artistes, qui vient en aide aux artistes en difficulté justement, elle se brise les deux jambes en chutant d'un trapèze. Il lui a fallu deux ans pour s'en remettre...
Le Parisien évoque aussi les hommes de sa vie : Serge Sentis, disparu l'année dernière, et Gérard Meys, toujours à ses côtés. Isabelle Aubret n'a jamais eu d'enfants en raison de ce premier accident à 23 ans et de ses "Jules et Jim" (référence au film de Truffaut) qui n'en ont pas voulu.
Reste qu'à 78 ans, Isabelle Aubret demeure sensible au monde qui l'entoure et son dernier album en témoigne. Comme Johnny Hallyday et d'autres, les attentats lui ont inspiré une chanson : La Belle Endormie. Le titre de son album Allons enfants, c'est elle, tout simplement : "Cela veut dire qu'il faut toujours se battre. C'est ma vie."
Isabelle Aubret par Le Parisien, un article à retrouver en ligne sur le site du quotidien.