Des écrans, Isabelle Carré est passée au papier et sort aujourd'hui un livre à mi-chemin entre le roman et l'autobiographie, Les Rêveurs (Ed. Grasset). À coeur ouvert, elle livre des épisodes de sa propre jeunesse, comme lorsqu'elle a découvert l'homosexualité de son père, ou bien sa tentative de suicide. Dans VSD, si elle n'évoque pas directement ce drame, elle dépeint l'après, la révélation qu'elle a eu lorsqu'elle était internée en hôpital psychiatrique.
"Ce que je retiens de cet hôpital psychiatrique, et c'est pas une pose, c'est vraiment ce que j'ai en mémoire, c'est la fraternité, assure-t-elle. On vit dans un monde parallèle. Comme j'imagine ceux qui sont en prison ou qui vivent dans la rue. Il y a des nouvelles règles de vie, une nouvelle façon de gérer le quotidien. La hiérarchie. Le temps, c'est un autre état du monde. Et on est obligé de tout faire pour en sortir."
C'est alors qu'un événement survient et fait basculer l'existence de la jeune et fragile Isabelle. "C'est là que j'ai découvert Romy Schneider. C'était dans Une femme à sa fenêtre, de Pierre Granier-Deferre, et sur une toute petite télé, j'ai vu cette actrice dire si joliment 'préférer les risques de la vie aux fausses certitudes de la mort'", se souvient-elle, avant d'ajouter qu'écrire "cette phrase sur ce cahier a été un déclic". Elle s'explique : "D'un coup, j'avais comme l'autorisation d'être un peu décalée, de ne pas être normal."
Dès lors, Isabelle Carré sera actrice avec à son actif de jolis films tels que Les Émotifs anonymes ou encore Les Enfants du marais, mais aussi la reconnaissance de ses pairs avec le César de la meilleure actrice en 2003 pour son rôle dans Se souvenir des belles choses ainsi que le Molière de la comédienne à deux reprises (en 1999 pour Mademoiselle Else et en 2004 pour L'Hiver sous la table).