Lors de notre rencontre pour la comédie Garde alternée, Valérie Bonneton avait révélé que sa partenaire Isabelle Carré avait un très beau projet : la sortie d'un livre. Mais l'actrice inoubliable de Se souvenir des belles choses n'avait pas voulu en dire plus, préférant conserver le secret encore quelque temps sur son ouvrage. C'est désormais dans le magazine Marie Claire que l'artiste se dévoile sur sa première oeuvre en tant qu'auteure, Les Rêveurs, désormais disponible en librairie. Elle y revient sur son enfance, auprès de parents mal dans leur couple.
Son livre est un roman, mais il est clairement inspiré de l'expérience d'Isabelle Carré : celle de la fille d'un homme et d'une femme qui ont vécu ensemble malgré tout ce qui les séparait : lui, designer célèbre et gay n'arrivant pas à assumer son orientation sexuelle, elle, marquée à jamais par l'abandon du père de son fils alors qu'elle était enceinte. Petite, Isabelle Carré aurait voulu vivre dans une "famille classique banale", elle s'explique dans Marie Claire : "Les enfants sont conservateurs. Ils aiment que leur père soit en costume classique et que leur mère soit en jupe et talons. En tout cas, à mon époque." Elle ne sera pas pour autant dans le jugement : "Tu t'adaptes et tu ne poses pas de regard sur ce que tu vis. Cela m'a permis de comprendre très jeune le milieu homosexuel dans lequel vivait mon père."
Cependant, à l'adolescence, elle fait une tentative de suicide et se retrouve en hôpital psychiatrique, preuve d'un mal-être incompris. "Mes parents se sont réchauffés un temps. (...) J'ai en revanche beaucoup de mal à comprendre le manque de curiosité de mes parents sur le malaise qu'ils provoquaient en moi. J'ai souffert de parents occupés à trouver leurs propres voies." Isabelle Carré n'en dit pas plus sur la raison de ce geste mais tire une leçon de son passage dans l'établissement de santé : "Passer des semaines au milieu de jeunes complètement déglingués a été difficile, mais ça m'a tellement appris sur moi. Puis, c'est là que j'ai décidé de tenter d'être comédienne, après avoir vu Romy Schneider dans un film passant à la télé."
Les Rêveurs n'est pas un règlement de comptes. Sa mère a compris et accepté sa démarche d'écrire un livre. Son père ne figure toutefois pas dans les remerciements mais elle précise que son ouvrage est une "sorte d'hommage" qu'elle rend au "très grand designer qu'il a été, à l'éducation artistique qu'il nous a donnée, à l'incroyable richesse de son personnage". Un père avec qui la relation a été difficile manifestement, mais qui est aussi passé par des épreuves : celle par exemple d'être accusé d'escroquerie quand il était en charge du design de la Française des jeux et de s'être retrouvé en prison. Aujourd'hui, c'est en train de changer : "Il guérit de l'alcool et j'en suis très heureuse. Il s'est marié avec son compagnon."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Marie Claire du mois de février.