

"Il ne faut jamais dire jamais", a-t-on envie de penser. Après Ceux qui m'aiment prendront le train du regretté Patrice Chéreau, puis Janis et John avec sa fille Marie, Jean-Louis Trintignant avait déjà déclaré qu'il arrêtait le cinéma. Pour revenir dix ans plus, ne pouvant résister à l'appel d'Amour de Michael Haneke. Un retour accompagné d'une Palme d'or, une magnifique façon de terminer la danse. Aujourd'hui, ce n'est plus seulement à l'écran qu'il veut faire ses adieux, c'est aussi à la scène. "J'ai encore plus de plaisir à jouer qu'à 30 ans, mais je suis très vieux, et j'ai du mal à me déplacer. Alors après ces deux dernières représentations, je ne fais plus rien. Ni théâtre ni cinéma. Place aux jeunes", avait-il déclaré fin septembre dans Nice-Matin. La dernière représentation de son spectacle Trois Poètes libertaires du XXe siècle a finalement été jouée à Vannes le 9 octobre. Des adieux poétiques et discrets.
Officiellement, l'ultime représentation de la pièce Trois Poètes libertaires du XXe siècle devait se dérouler à Antibes, mais l'insistance de Béatrice Desroche, chargée de production du théâtre Anne-de-Bretagne à Vannes, sera parvenue à convaincre l'acteur de venir jouer dans l'Ouest de la France, explique Le Parisien/Aujourd'hui en France. Passionné de Prévert, Vian et Desnos, Jean-Louis Trintignant a décidé de raccourcir le titre de son spectacle : "Ça s'appelle Libertaires", le titre initial faisant "un peu prétentieux, ennuyeux", trouvait-il, comme le rapporte l'AFP.
Accompagné de l'accordéoniste Daniel Mille et du violoncelliste Grégoire Korniluk, Jean-Louis Trintignant en impose, plus d'une heure durant, reprenant les textes poignants de ces grands auteurs et laissant toute sa place à l'émotion. Quand sonne l'heure de la fin, les spectateurs applaudissent et ovationnent l'artiste, qui salue le public avec ses deux complices. Puis, il rejoint son fauteuil et entame : "Souviens-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest, ce jour-là..." La salle reprend les applaudissements jusqu'à n'en plus pouvoir, une fois le rideau tombé.
À la veille de ses 83 ans, Jean-Louis Trintignant s'en va discrètement peut-être, mais avec les mots des plus grands. "Ce sont des poètes d'une incroyable résonance aujourd'hui. Ils parlent de choses graves, mais toujours de façon légère", disait-il dans Nice-Matin. De son pas léger, il a quitté la scène, laissant néanmoins un vide bien lourd.