Jean-Marc Morandini n'en avait pas fini avec la justice. Ce lundi 24 octobre 2022, le présentateur de Cnews a dû se rendre au tribunal correctionnel de Paris dans le cadre des accusations de "corruption de mineurs" qui pèsent sur lui depuis 2016. L'AFP a dévoilé le compte-rendu de cette comparution.
Ainsi apprend-t-on qu'un an de prison avec sursis a été requis contre Jean-Marc Morandini pour avoir échangé des messages sexuels avec deux adolescents et poussé un troisième mineur à se dénuder lors d'un casting. Jugé pour "corruption de mineurs", l'homme de 57 ans a fait "basculer la vie" de "ces enfants" et ne fait preuve aujourd'hui "d'aucune prise de conscience", a estimé le procureur Aurélien Brouillet, en réclamant également qu'il se soumette à une obligation de soins.
Lors de l'audition, Jean-Marc Morandini devait en effet justifier les contenus explicitement sexuels envoyés à deux adolescents de 15 ans et revenir sur le casting à son domicile en 2009 pendant lequel il aurait demandé à un jeune de 16 ans de se dénuder et de se masturber. Face ces accusations, il a plaidé tour à tour la "maladresse", "l'humour" ou "l'imprudence". "On est dans le virtuel, pour moi il n'y aucune volonté de rencontre", a-t-il assuré avant de récuser toute "attirance particulière" pour les mineurs.
Le tribunal s'est d'abord penché sur les messages qu'il a échangés en 2013 avec Romuald (prénom modifié). Un jeune homme qui était fan de lui à l'époque où il travaillait encore pour NRJ12. Il l'a ainsi contacté sur Twitter après avoir assisté à l'une de ses émissions. Et très vite, Jean-Marc Morandini a orienté la conversation vers les pratiques sexuelles de l'adolescent, en demandant notamment s'il avait des érections. Des messages lus à l'audience. L'animateur a alors assumé ce "jeu de séduction" et ces "échanges très ouverts parce que la sexualité ce n'est pas tabou". Il affirme qu'il ignorait le jeune âge de son interlocuteur même si la présidente du tribunal a lu un message dans lequel Romuald interrompait une conversation parce que sa "mère doit lui faire réciter son (cours d') histoire". Et il a expliqué que quand il a appris son âge, il a cessé "immédiatement" tout échange avec lui.
Jean-Marc Morandini a toutefois admis qu'il connaissait l'âge de Simon (prénom modifié), l'autre jeune de 15 ans avec lequel il a discuté sur Twitter en 2015-2016 et à qui il a demandé des mois durant, en vain, de lui envoyer une photo de lui dénudé. "On était dans l'humour", a tenté le prévenu à la barre. La présidente Alice Perego lui a alors rappelé l'âge du jeune homme. "Ça n'empêche pas d'avoir de l'humour", a répondu l'accusé. Le plaignant, lui, avait un tout autre souvenir : "A aucun moment, ce n'était de l'humour. Je lui ai demandé d'arrêter." Et d'ajouté qu'il a toutefois rechigné à cesser les échanges avec l'animateur dont il était "très fan". "Je voulais travailler dans le milieu des médias, c'était la seule porte que j'avais pour pouvoir assister une émission", a-t-il poursuivi, en ajoutant être encore aujourd'hui "sous médicaments pour pouvoir dormir normalement".
Puis est venu le cas de Clément (prénom modifié) qui en 2009, alors qu'il était inscrit sur un site de casting, a reçu un message d'une certaine Claire. Un pseudo derrière lequel se cachait Jean-Marc Morandini. On lui a fait miroiter un rôle pour un remake de Ken Park, un film qui met en scène des relations sexuelles très crues entre adolescents. Il a fini par se rendre au domicile du présentateur qui lui aurait fait visionner des passages très explicites du film et l'aurait conduit à se dénuder devant son objectif dans le but qu'il se masturbe. Une requête refusée par l'adolescent de 16 ans. "Ça m'a traumatisé", a-t-il confié. Jean-Marc Morandini a affirmé n'avoir gardé aucun souvenir de cet épisode et a contesté les faits.
Une des parties civiles a alors révélé que d'autres aspirants comédiens ont participé à ce casting - une "quinzaine", a admis Jean-Marc Morandini - pour un film qui n'a jamais vu le jour. "S'ils voulaient se masturber, ils pouvaient le faire. Je ne pense pas que ce soit illégal", a rétorqué l'accusé. Et la présidente de répondre. "Ce n'est pas illégal pour des majeurs", lui rétorque la présidente.