Jean-Paul Belmondo© Angeli
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Ils ont joué dans des films mythiques, des années 60 aux années 80 et ils ont fait rêver des millions de spectateurs et aussi de téléspectateurs. Aujourd'hui, ils sont en colère et s'organisent en une fronde contre chaînes et producteurs, car ces centaines d'interprètes n'ont rien perçu des ventes de cassettes ou encore de DVD. L'Express fait état de la situation.
Un Bronzé et des stars en colère
Michel Creton peut être fier d'avoir joué dans l'une des comédies les plus cultes du cinéma français : Les Bronzés. Celui qui était l'attachant Boursault n'a pas ri en voyant que StudioCanal, qui a réédité le DVD, lui demande de collaborer aux bonus et ne lui a jamais rien donné comme participation aux ventes. "Devant un tel mépris, je n'ai eu d'autres choix que de saisir la justice", explique Michel Creton.
Depuis trois ans, il se bat pour faire reconnaître son dû et il n'est pas le seul. De 1960 à 1985, de nombreux comédiens français n'ont rien perçu des films dans lesquels ils ont joué, en raison des contrats qui ne stipulaient aucune "disposition sur les DVD, les cassettes ou la vidéo à la demande, simplement parce que ces modes de diffusion n'existait pas", ajoute L'Express !
Le 23 septembre, Jean-Paul Belmondo (A bout de souffle, Pierrot le fou) - par ailleurs au coeur d'un scandale à cause de sa compagne -, Alain Delon (La Piscine), Marlène Jobert (Nous ne vieillirons pas ensemble), Anny Duperey (Un éléphant ça trompe énormément) ou encore la comédienne et peintre Michèle Morgan (Le Quai des Brumes) et des anonymes ont adressé, à travers l'Adami, société de gestion collectives des droits des artistes, une mise en demeure à tous les détenteurs de catalogues. Les cibles ne sont pas moins que StudioCanal, TF1 Droits audiovisuels, SNC (groupe M6), Pathé, Gaumont, MK2... Ils ont jusqu'à la fin du mois d'octobre pour ouvrir les négociations.
Les arroseurs arrosés ?
Cette situation est un véritable comble pour ces sociétés, qui pourrait être "assignées en justice pour délit de contrefaçon" comme de "vulgaires pirates" ! Elles avaient fait tant de tapage pour que le gouvernement crée la Haute Autorité pour la protection des oeuvres sur Internet (Hadopi), destinée à lutter contre le téléchargement illégal et à promouvoir des offres légales et payantes...
Pourquoi cependant les comédiens s'insurgent-ils seulement maintenant ? La plupart ont préféré passer l'éponge, craignant d'être ensuite black-listés pour de prochains films. Mais l'âge avançant et la situation précaire de certains d'entre eux les ont fait changer d'avis. Michèle Morgan défend sa démarche : "Je pense surtout à ceux qui sont le besoin et qui manquent de moyens, ce qui n'est pas mon cas."
Un travail dit "titanesque"
Le problème va être de régler un travail dit titanesque selon les chaînes et producteurs, qui entraînera des procès longs et complexes au cas par cas, puisqu'il n'est pas possible en France de mener une attaque collective devant la justice. Seules des stars peuvent se permettre de suivre un tel processus. Michel Galabru a mené sa bataille seul et l'a remporté contre SNC, filiale de M6. Gendarme de Saint-Tropez au côté de Louis de Funès entre 1964 et 1982, dont les cassettes et DVD ont été un franc succès, il a mené une action en justice en 2009 qui s'est soldée par une "médiation restée confidentielle (on parle d'une centaines de milliers d'euros), entre l'acteur et le groupe".
Pour que tous, stars ou non, puissent être dédommagés, il faut donc un accord collectif. Franck Mandelsaft, directeur juridique à StudioCanal déclare toutefois : "Les demandes qui nous ont été faites ne sont absolument pas réalistes, notamment sur le plan économique." Certains se disent prêts à "appliquer un barème prévu depuis 1990, en vertu duquel l'ensemble des interprètes d'un même film touchent 2% des revenus, une fois l'oeuvre cinématographique devenue rentable". Isabelle Feldman, directrice juridique à l'Adami, estime de son côté : "Il se gardent bien de faire référence à d'autres accords collectifs plus récents et plus rémunateurs." La note risque d'être salée...
Retrouvez l'intégralité de cet article dans L'Express du 20 octobre 2010.
Un Bronzé et des stars en colère
Michel Creton peut être fier d'avoir joué dans l'une des comédies les plus cultes du cinéma français : Les Bronzés. Celui qui était l'attachant Boursault n'a pas ri en voyant que StudioCanal, qui a réédité le DVD, lui demande de collaborer aux bonus et ne lui a jamais rien donné comme participation aux ventes. "Devant un tel mépris, je n'ai eu d'autres choix que de saisir la justice", explique Michel Creton.
Depuis trois ans, il se bat pour faire reconnaître son dû et il n'est pas le seul. De 1960 à 1985, de nombreux comédiens français n'ont rien perçu des films dans lesquels ils ont joué, en raison des contrats qui ne stipulaient aucune "disposition sur les DVD, les cassettes ou la vidéo à la demande, simplement parce que ces modes de diffusion n'existait pas", ajoute L'Express !
Le 23 septembre, Jean-Paul Belmondo (A bout de souffle, Pierrot le fou) - par ailleurs au coeur d'un scandale à cause de sa compagne -, Alain Delon (La Piscine), Marlène Jobert (Nous ne vieillirons pas ensemble), Anny Duperey (Un éléphant ça trompe énormément) ou encore la comédienne et peintre Michèle Morgan (Le Quai des Brumes) et des anonymes ont adressé, à travers l'Adami, société de gestion collectives des droits des artistes, une mise en demeure à tous les détenteurs de catalogues. Les cibles ne sont pas moins que StudioCanal, TF1 Droits audiovisuels, SNC (groupe M6), Pathé, Gaumont, MK2... Ils ont jusqu'à la fin du mois d'octobre pour ouvrir les négociations.
Les arroseurs arrosés ?
Cette situation est un véritable comble pour ces sociétés, qui pourrait être "assignées en justice pour délit de contrefaçon" comme de "vulgaires pirates" ! Elles avaient fait tant de tapage pour que le gouvernement crée la Haute Autorité pour la protection des oeuvres sur Internet (Hadopi), destinée à lutter contre le téléchargement illégal et à promouvoir des offres légales et payantes...
Pourquoi cependant les comédiens s'insurgent-ils seulement maintenant ? La plupart ont préféré passer l'éponge, craignant d'être ensuite black-listés pour de prochains films. Mais l'âge avançant et la situation précaire de certains d'entre eux les ont fait changer d'avis. Michèle Morgan défend sa démarche : "Je pense surtout à ceux qui sont le besoin et qui manquent de moyens, ce qui n'est pas mon cas."
Un travail dit "titanesque"
Le problème va être de régler un travail dit titanesque selon les chaînes et producteurs, qui entraînera des procès longs et complexes au cas par cas, puisqu'il n'est pas possible en France de mener une attaque collective devant la justice. Seules des stars peuvent se permettre de suivre un tel processus. Michel Galabru a mené sa bataille seul et l'a remporté contre SNC, filiale de M6. Gendarme de Saint-Tropez au côté de Louis de Funès entre 1964 et 1982, dont les cassettes et DVD ont été un franc succès, il a mené une action en justice en 2009 qui s'est soldée par une "médiation restée confidentielle (on parle d'une centaines de milliers d'euros), entre l'acteur et le groupe".
Pour que tous, stars ou non, puissent être dédommagés, il faut donc un accord collectif. Franck Mandelsaft, directeur juridique à StudioCanal déclare toutefois : "Les demandes qui nous ont été faites ne sont absolument pas réalistes, notamment sur le plan économique." Certains se disent prêts à "appliquer un barème prévu depuis 1990, en vertu duquel l'ensemble des interprètes d'un même film touchent 2% des revenus, une fois l'oeuvre cinématographique devenue rentable". Isabelle Feldman, directrice juridique à l'Adami, estime de son côté : "Il se gardent bien de faire référence à d'autres accords collectifs plus récents et plus rémunateurs." La note risque d'être salée...
Retrouvez l'intégralité de cet article dans L'Express du 20 octobre 2010.