Jelena Dokic, espoir déchu du tennis féminin mondial a annoncé vouloir reprendre contact avec son père.
Une décision qui pourrait paraître banale, mais qui ne l'est pas lorsque l'on connaît le passif de la jeune femme de 28 ans.
Petit prodige du tennis
Tout avait pourtant parfaitement commencé pour Jelena Dokic. Née à Osijek en Croatie le 12 avril 1983 alors que le pays appartenait encore à la Yougoslavie, elle part pour l'Australie avec sa famille alors que la guerre éclate dans son pays. Petit prodige du tennis, elle prend la nationalité australienne et fait des débuts fracassants en atteignant les quarts de finale de Wimbledon et en pointant à la 43ème place mondiale à 16 ans à peine.
Sa progression fulgurante lui permet d'atteindre le quatrième rang mondial en 2002 sans pour autant avoir atteint la moindre finale d'un tournoi du Grand Chelem. Ses performances, elle les doit à un homme : son père et entraîneur, Damir. Mais ce dernier sera également le responsable de la chute vertigineuse de Jelena.
La descente aux enfers
En 2001, la joueuse et son père quittent l'Australie pour la Serbie en criant au scandale, accusant les organisateurs de l'Open d'Australie d'avoir "monté le tirage contre elle." Elle s'installe alors à Belgrade, prend la nationalité serbo-monténégrine et jure qu'elle ne jouera plus jamais pour l'Australie avec qui elle avait pourtant remporté un titre en 1999. Mais c'est le début de la fin pour la joueuse, qui quitte sa famille en 2002 et, après quelques années durant lesquelles elle truste le Top 10, plonge au classement pour se retrouver 617e joueuse mondiale en 2006 malgré un retour en Australie et un mea culpa...
Violence familiale
Ce n'est qu'en 2009 que Jelena Dokic expliquera les raisons de son départ précipité d'Australie suivi de sa "fuite", loin de sa famille. Elle expliquera qu'elle "n'avai[t] aucun contrôle sur ce qui se passait avant. [elle] ne prenai[t] pas les décisions." En cause ? La violence de son père. Elle a reconnu dans un entretien au magazine australien Sport & Style avoir été plusieurs fois victime de violence de la part de son père. Véritable tyran, la relation qu'il entretenait avec sa fille a conduit cette dernière à une véritable dépression : "Il y a eu une période où rien ne pouvait me rendre heureuse... Je voulais la vie de quelqu'un d'autre."
Car son père était coutumier du fait et possédait une réputation peu glorieuse dans le petit monde de la WTA. Ainsi, à Edgbaston en Angleterre, Damic Dokic s'était fait expulser pour avoir accusé les dirigeants du tournoi d'être des nazis soutenant le bombardement de la Yougoslavie. A Wimbledon en 2000, il piétine le téléphone d'un journaliste et se fait également expulser. Enfin après le départ de sa fille, il avait menacé celle-ci de mort, conduisant à son exclusion définitive du circuit féminin.
Mais Damic n'en est pas resté là. Il a purgé une peine de prison de 10 mois pour avoir menacé l'ambassadrice d'Australie en déclarant à un journal qu'il jetterait une bombe sur la voiture de la diplomate si celle-ci ne démentait pas des propos de la presse australienne selon laquelle il aurait maltraité sa fille. Il passera au total 15 mois derrière les barreaux, car à cette première condamnation s'ajoutait une autre peine pour avoir dissimulé des caches d'armes et des engins explosifs à son domicile...
Réconciliation
Aujourd'hui pourtant, la joueuse a reconnu avoir repris contact avec son père, comme l'a révélé l'AFP : "Je confirme les informations parues dans la presse évoquant la réconciliation avec mon père. Mon compagnon, Tin Bikic, et moi-même lui avons rendu visite chez lui pour mettre fin à nos désaccords."
Jelena Dokic a expliqué au site australien FoxSports les raisons de cette réconciliation, tout en admettant que beaucoup de gens seraient surpris par sa décision. "Ca été très difficile, il y a eu beaucoup de négativité, et j'avais également dit cette année encore que je ne lui parlerais plus jamais. Mais il faut pardonner et oublier pour avancer."
Toute la famille s'est donc retrouvée à Vrdnik sous la pression de Savo, le frère de la championne, heureuse de ce nouveau départ : "Je suis heureuse d'être à nouveau avec ma famille. Je me sens bien. C'était très émouvant, parce que j'ai vécu beaucoup de situations difficiles avec mon père et ça n'était pas facile du tout. Il est vraiment différent maintenant, je suis plus âgée et je prends mes propres décisions."
Quant à Damic, il s'est simplement déclaré très heureux, considérant que les mauvaises années étaient désormais derrière eux et qu'il espérait pouvoir aider sa fille à retrouver le niveau qui était le sien auparavant.
Jelena Dokic, qui a gagné cette année le tournoi de Kuala Lumpur et pointe à la 72e place au classement de la WTA, restera encore quelques jours en Serbie avec son compagnon Tin Bikic, où elle s'entraîne, déjà, avec son père avant de rejoindre l'Australie pour la pré-saison. Mais sans son père, qui restera lui en Serbie.