Le sort de Jérôme Kerviel s'est joué mercredi 19 mars devant la Cour de cassation. L'ancien trader, accusé par la Société Générale de lui avoir fait perdre 5 milliards d'euros en 2008, devenu le symbole des dérives de la finance mondiale, est soulagé : la cour confirme sa peine d'emprisonnement de 5 ans, dont 3 ans ferme, mais annule les dommages et intérêts records de 4,91 milliards d'euros. "C'est une victoire", a commenté Me David Koubbi, l'un des avocats du jeune homme, mais l'intéressé n'était pas sur place pour savourer. Depuis presque un mois, il marche...
Plus de six ans après les faits, Jérôme Kerviel (37 ans) est partie en Italie. Il y a bientôt un mois, il rencontrait le pape François au Vatican. Il marche depuis pour rejoindre Paris. Au moment du verdict, Kerviel était à Reggio d'Emilie, près de Modène. Il porte la barbe et un pull rouge, son unique tenue depuis son départ de Rome. Il prend la pose devant le photographe qui le suit. Dans un café, il trinque avec une grande bière, fume une cigarette. Sur la table, quelques chips et de la charcuterie. Au micro de RTL, Kerviel se dit "super content" de la décision rendue par la Cour de cassation. "C'est la fin de la récréation pour les banquiers et les banques, c'est la fin de l'impunité. C'est comme ça que je l'interprète", estime le jeune homme qui dénonce cette impunité en marchant les 1 400 kilomètres qui séparent Rome de Paris. Sur les routes, il retrouve "la liberté et la fraternité". L'égalité ? "Elle n'existe pas quand on se retrouve devant une banque."
Quelques heures plus tôt, son chemin le conduisait à passer devant une banque, on y reconnaît le logo noir et rouge de la Société Générale. En France, la banque estime que Jérôme Kerviel à "perdu son procès". "L'arrêt de la Cour de cassation clôt [...] ce dossier sur le plan pénal", a-t-elle estimé dans un communiqué à l'AFP. La suite se jouera au civil : la question des dommages et intérêts fera l'objet d'un nouveau procès, le dossier a été renvoyé devant la cour d'appel de Versailles.
Le combat se poursuit, Jérôme Kerviel en est très conscient. Mardi soir, il confiait à l'AFP être prêt : "Quoi qu'il arrive, ce n'est pas une fin. Je suis en train de me régénérer pour un combat qui peut durer des années." Une fois à Paris, il devra purger sa peine de prison, 2 ans et 10 mois ( moins les remises de peine légales, à savoir plus ou moins huit mois, ce qui ferait environ 26 mois à purger) puisqu'il a déjà passé 41 jours derrière les barreaux en 2008. Il espère que son nouveau procès aura un sens, car s'il reconnaît avoir perdu pied, il estime avoir servi de fusible à la Société Générale qui l'aurait utilisé pour masquer ses pertes.
Avis de tempête, un film inspiré de l'affaire est en préparation ; Arthur Dupont devrait jouer le rôle de Jérôme Kerviel.