50 ans jour pour jour après l'assassinat de John F. Kennedy, l'Amérique se souvient de son 35e président des États-Unis, victime des balles de Lee Harvey Oswald (selon l'enquête officielle de la Commission Warren), le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas). Depuis, cinq décennies, le président américain, véritable mythe et martyr, quasi déifié dans cette figure de l'homme politique, jeune, beau et surtout moderne, reste dans l'imaginaire américain.
Une figure que le cinéma, et par extension la télévision, continue de mettre en scène, de manière plus ou moins réaliste. Mais plus que jamais, au-delà de l'homme politique, c'est bien l'assassinat d'un président moderne et prêt à changer le monde – même si au fond, son bilan politique n'était pas exceptionnel – qui continue de fasciner. Un constat : les écrans, petits comme grands, ont construit cette figure mythique de la pop culture.
"L'histoire que vous connaissez"
Dernière oeuvre à évoquer JFK et ce fameux assassinat, le film d'enquêtes Parkland (2013). Dans la bande-annonce, cette phrase : "L'histoire que vous connaissez." Ou comment le public s'est approprié un événement historique qui bouleversa la face des États-Unis, puis du monde. Le long métrage, dirigé par Peter Landesman et produit par Tom Hanks, suit les protagonistes qui graviteront autour du défunt président, de son passage à Dealey Plaza immortalisé par la caméra d'un homme aux prémices d'une enquête controversée. Parkland faisait alors écho à Bobby, un film d'Emilio Estevez qui remuaient, en 2007, les braises d'un assassinat légendaire en ravivant celles du sénateur démocrate Robert F. Kennedy, assassiné en juin 1968, ancien ministre de la Justice, candidat démocrate à la Maison Blanche et probable successeur de son frère.
Mais le véritable premier film sur JFK - car l'histoire démarre aussi comme cela, par un film - c'est ce qu'Abraham Zapruder immortalise bien involontairement sur sa caméra Bell & Howell 8 mm, lorsqu'il filme l'assassinat du président comme un citoyen lambda. Le cinéma américain étant relativement vorace, capable de mettre en scène un film quelques années seulement après le drame, on n'attendra pas plus de dix ans avant de voir un cinéaste s'intéresser de près à la théorie du complot autour de l'assassinat de JFK.
Complot et paranoïa
1973, David Miller réalise Complot à Dallas, avec Burt Lancaster dans le rôle principal. Un premier film qui ose directement, affronter la théorie du complot. Une vision qui fera bien des émules par la suite. Deux ans plus tôt, Clint Eastwood avec L'Inspecteur Harry, traquait un tueur fou qui abat des innocents en tirant depuis les toits de San Francisco. Il n'en fallait pas plus pour opérer le lien. L'année suivante, c'est Alan J. Pakula (qui réalisera deux ans plus tard Les Hommes du président), qui s'intéresse également au complot, mais de manière déguisée, avec À cause d'un assassinat.
Preuve que l'affaire Kennedy fascine, même si le cinéma étranger s'y met. En France, c'est Henri Verneuil et son I... comme Icare (1979) qui, de manière détournée et dans un pays qui n'existe pas, suit l'enquête d'une commission sur l'assassinat d'un haut dirigeant. Aux États-Unis, plutôt que d'affronter la réalité – qui est laissée au documentaire à l'instar de JFK, narré par le journaliste Peter Jennings – le cinéma fond dans la paranoïa et la théorie du complot, de Blow Out à Jeux de pouvoir. Une raison à ce succès : le spectateur y exorcise ses peurs pour renouer avec une Amérique toute puissante.
Sur le petit écran en revanche, on n'hésite plus à aborder de front l'assassinat de Kennedy. Le Clan des gagnants – avec Patrick Dempsey dans la peau du président Kennedy – ou encore Killing Kennedy avec Rob Lowe, trouvent un certain succès. Côté séries, c'est au Canada que l'on comprend à quel point l'histoire de cette famille peut fasciner, par le prisme de son plus célèbre représentant. Les Kennedy, avec Greg Kinnear et Katie Holmes, retracera cette histoire, de la montée en puissance politique de JFK à son assassinat, en passant par ses relations avec les femmes.
LE film culte
Reste un film-phare, celui qui se trouve être sur toutes les lèvres : JFK, d'Oliver Stone. En 1991, le réalisateur de Platoon et Wall Street revisite l'assassinat et défraie la chronique avec un film où, visiblement en désaccord avec la thèse officielle, il nous dit que Kennedy voulait arrêter la guerre au Vietnam (un épisode qui marque le cinéaste) et se rapprocher du dictateur communiste cubain Fidel Castro, avant de se faire assassiner par une alliance militaro-industrielle. Thèse dont se moquait déjà en 1968 le film satirique Greetings, avec Robert De Niro. JFK a beau être devenu culte, il est aussi vivement critiqué pour ses erreurs historiques. Preuve que Kennedy, cinquante ans après sa mort, fait toujours débat.