"Reprendre aux Jeux, ce serait magique ! J'y pense tous les jours ! Mais imaginez si je pète : pfff, ça pourrait m'achever." Plus tôt cette semaine, dans L'Equipe, Gaël Monfils se racontait après deux mois de silence et d'abstinence de tennis, révélant l'étonnante et salutaire retraite mystique à laquelle il s'est consacré. Mort de faim, avide de renouer avec la compétition, il n'était pas en mesure de dire s'il pourrait disputer les Jeux Olympiques de Londres. La réponse est venue vendredi 20 juillet 2012 d'un communiqué de la Fédération française de tennis (FFT), négative.
Quelques heures après le forfait de Rafael Nadal, victime d'une tendinite aux genoux et sinistre comme une défaite au premier tour en grand chelem, c'est au tour du Français de jeter l'éponge pour le tournoi olympique, dont l'or devrait se jouer entre Roger Federer (désireux d'accrocher à son palmarès l'ultime graal lui faisant encore défaut) et Novak Djokovic.
Absent du circuit depuis fin mai et sa défaite au premier tour de l'Open de Nice, Gaël Monfils, actuel n°3 français et n°17 mondial, déclare forfait car "insuffisamment remis" de cette blessure au genou droit qu'il tente de soigner et pour laquelle il a même fini par accepter, lui qui est à la base contre le fait d'injecter des substances dans le corps, une aide médicamenteuse censée l'aider pour les six, voire les douze prochains mois. C'est Julien Benneteau qui a été appelé au sein de la délégation olympique afin de pallier ce forfait, rejoignant Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon et Richard Gasquet pour porter les espoirs tricolores de médaille en simple. En double, Tsonga sera associé à Michaël Llodra, tandis que Gasquet jouera avec Benneteau.
"Ca s'est décidé aujourd'hui à l'entraînement", a déclaré Monfils par téléphone à l'AFP. "C'était mon troisième jour d'entraînement (sur le court) et je n'ai pas vraiment réussi à bouger sur le terrain. J'ai toujours une appréhension dans mes déplacements surtout côté coup droit, car j'ai été blessé au genou droit. Je ne suis pas à 100% dessus. Après, j'ai été arrêté deux mois sans rien faire. Certes, j'ai fait une super préparation physique, mais dans une semaine, c'est trop dur pour viser une médaille. J'espère surtout pouvoir me déplacer avec beaucoup de fluidité sur le terrain. Ce serait mentir que de dire que dans une semaine je serai compétitif à 100%," a-t-il encore expliqué. Une clairvoyance qui n'efface pas la déception, pour celui qui avait atteint les quarts de finale du tournoi olympique en 2008 à Pékin : "C'est quelque chose d'extraordinaire, de magique, une expérience que je n'ai jamais retrouvée. Je suis super triste."
Déja abattu et plongé en pleine déprime par son forfait pour Roland-Garros 2012, Gaël Monfils, qui expliquait avoir ressuscité en lui le fighting spirit au cours des six dernières semaines, risque de mal vivre ce nouveau revers, même s'il se voulait lucide dans ses récentes déclarations : "Je n'ai pas touché une raquette depuis le 23 mai. Là, je n'en peux plus ! J'ai la dalle (...) Je voulais tout régler avant de rejouer (...) Est-ce que je serai compétitif pour les Jeux ? Je ne sais pas (...) Est-ce que mon genou va tenir les appuis ? Est-ce que je ne vais pas avoir une douleur à l'épaule quand je vais servir ? Est-ce que mon bras va encaisser les vibrations ? Est-ce que ça ne vaut pas le coup de ne revenir que quand je serai vraiment prêt ? (...) Reprendre aux Jeux, ce serait magique ! J'y pense tous les jours ! Mais imaginez si je pète : pfff, ça pourrait m'achever."
Ce risque est évité ; reste à digérer la déception et à revenir "vraiment prêt", avec la hargne de la revanche pour la saison sur dur au mois d'août.