C'était la grosse rigolade vendredi 10 mars 2017 sur le Hollywood Walk of Fame, où John Goodman inaugurait son étoile en compagnie entre autres d'un Jeff Bridges, son ancien complice de The Big Lebowski, au taquet et d'une Brie Larson, sa partenaire à l'écran dans Kong : Skull Island, lumineuse. Annabeth Hartzog, son épouse depuis 1989, et leur fille Molly, assistante de production cinématographique, étaient également à ses côtés, très fières. De quoi être en effet d'excellente humeur, au point de se laisser aller à des poses hasardeuses, se vautrant avec délectation sur le trottoir.
Alors que sortait le même jour sur les écrans américains le reboot signé Jordan Vogt-Roberts inspiré par King Kong, John Goodman, 64 ans, pouvait compter sur la présence de ses partenaires Tom Hiddleston et Brie Larson, histoire d'allier l'utile et l'agréable, la promo et la camaraderie. Le trio était mieux à Los Angeles qu'à Ho-Chi-Minh-Ville, au Vietnam, où, quelques heures plus tôt, l'avant-première de Kong: Skull Island était marquée par un incendie dévastateur !
Acteur caméléon "plus charismatique à l'écran que bien des premiers rôles", comme le souligne à juste titre l'un des critiques de la revue spécialisée The Hollywood Reporter, et homme discret bien plus à l'aise dans sa ville de La Nouvelle-Orléans que dans le lac aux requins hollywoodien, John Goodman a aussi eu la joie de partager ce grand moment avec le non moins charismatique Jeff Bridges (67 ans), bientôt 20 ans après leur association devant la caméra des frères Coen dans The Big Lebowski (1998) : pour l'occasion, l'inoubliable interprète du Duc (The Dude) avait apporté le fameux gilet en tricot de son personnage, l'enfilant par-dessus son impeccable costume bleu au moment de dire quelques mots à la gloire de son ami, revisitant son fameux rôle. Il ne manquait guère plus que quelques verres de White Russian pour porter un toast.
"C'est un bon acteur, c'est un homme bon, John Goodman, a commencé par dire Jeff Bridges, pastichant le laïus que le personnage de Goodman, le vétéran de la Guerre du Vietnam Walter Sobchak, prononce à la fin du film culte à la mémoire de leur ami Donny (Steve Buscemi). Il est l'un d'entre nous, il aime être dehors et jouer la comédie. En tant que showman, il a parcouru les scènes de Los Angeles à New York - on parle de Broadway, là, mec -, il a fait quelques petits films bizarres, aussi. Et il a vécu sa vie, comme tant d'autres hommes des générations passées ont vécu la leur. C'est un homme de son temps, un homme de notre temps, et il est devenu une légende. Dans ta grande sagesse, Seigneur, tu as vécu au travers de John comme tu as vécu au travers de tant de jeunes acteurs en pleine éclosion avant lui. Je parle d'hommes comme Clark Gable, Gabby Hayes, Roy Rogers - pour rester dans le côté western - Groucho Marx, Jimmy Cagney. On pourrait continuer encore et encore, mais tu saisis le truc. Conformément à ce que nous pensons qu'auraient été tes dernières volontés, nous avons confié à ces trottoirs d'Hollywood une étoile. Une étoile pour toi, une étoile parce que nous t'aimons tellement. Quelle heure est-il ? C'est l'après-midi ? Bon après-midi, mon doux prince."
Un numéro aussi savoureux qu'inattendu pendant lequel John Goodman n'a pas pu s'empêcher de s'esclaffer.
Révélé dans la série Roseanne (Golden Globe du Meilleur acteur en 1993) et figure récurrente des films des frères Coen - Raising Arizona (1987), Barton Fink (1991), The Big Lebowski (1998), O Brother, Where Art Thou? (2000), Inside Llewyn Davis (2013) -, l'acteur insaisissable également vu dans The Artist, Argo et The Gambler, actuellement attendu dans Atomic Blonde, a dû savourer cet honneur et l'atmosphère du moment. Sobre depuis 2007 après avoir touché le fond - il n'a jamais caché son difficile combat contre l'alcool - et métamorphosé après avoir perdu de très nombreux kilos ces dernières années, John Goodman a sans aucun doute et plus que jamais de quoi nous surprendre encore.