L'ex-maîtresse de Juan Carlos Ier est sortie du silence et multiplie les prises de parole dans les médias. Après une première intervention remarquée sur la BBC fin août, Corinna zu Sayn-Wittgenstein a accordé une nouvelle interview au magazine Paris Match du 17 septembre 2020. Un entretien lors duquel la femme d'affaires est revenue sur sa relation extraconjugale avec l'ancien roi espagnol, entre 2004 et 2009, et la fameuse donation de 65 millions d'euros qu'il lui a faite en 2012...
"J'ai été surprise. J'ai trouvé cela extrêmement généreux et je suis allée en Espagne pour le remercier [elle habitait à Monaco, NDLR]. Je voulais m'assurer qu'il n'avait aucune attente, il m'a assuré que non. Il m'a dit que c'était bien le moins qu'il pouvait faire pour moi, pour mon fils, et que nous restions très importants dans sa vie", a expliqué la Danoise de 56 ans. Selon elle, Juan Carlos a préparé son testament de son vivant par méfiance envers sa propre famille, par peur que ses dernières volontés ne soient pas respectées.
Une généreuse donation avec laquelle Corinna zu Sayn-Wittgenstein a acheté "un manoir en Grande-Bretagne" pour son fils, né d'une précédente relation et aujourd'hui âgé de 18 ans : "Il souhaitait que je m'en serve pour Alexander (...). Ça n'a rien changé à ma façon de vivre. Ce don avait une valeur sentimentale pour lui, il n'était pas seulement question d'argent." Sauf qu'à cause de cette donation, la Danoise fait aujourd'hui l'objet d'une enquête en Suisse pour blanchiment d'argent aggravé...
Les 65 millions d'euros seraient une partie du "cadeau" de 100 millions d'euros offert par le roi d'Arabie saoudite Abdallah à Juan Carlos en 2008. Une sacrée somme qui serait en fait une commission illégale des Saoudiens au roi espagnol en vue de décrocher le contrat de construction du nouveau TGV entre Médine et La Mecque, finalement signé en 2011 avec un consortium de douze entreprises espagnoles. Dans une lettre écrite en 2018 et publiée cet été dans la presse, Juan Carlos Ier assure que son ex-maîtresse ne lui a pas servi de prête-nom pour dissimuler sa fortune et qu'il n'a jamais cherché à récupérer son argent.
Début août, en plein scandale, l'ancien souverain de 82 ans a quitté son pays pour s'exiler aux Émirats arabes unis. Il a fait savoir qu'il restait à la disposition de la justice. "Guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a-t-il écrit dans une lettre adressée à son fils, l'actuel roi Felipe VI. Une missive officielle dans laquelle il n'a pas pris la peine de mentionner la reine Sofia, son épouse depuis 58 ans, qui a quant à elle préféré rester en Espagne avec ses enfants et petits-enfants.