L'enquête se poursuit autour des malversations présumées de l'ancien roi espagnol. Comme l'a rapporté l'AFP le 21 août 2020, dans une lettre écrite en 2018 et publiée vendredi dans la presse, Juan Carlos Ier assure que son ex-maîtresse ne lui a pas servi de prête-nom pour dissimuler sa fortune. De son côté, la principale intéressée, Corinna Larsen, a clamé son innocence dans une interview accordée à la BBC jeudi.
La femme d'affaires d'origine danoise, qui a pris le nom d'un ancien mari allemand, le prince zu Sayn-Wittgenstein, fait l'objet avec d'autres suspects d'une enquête de la justice suisse sur les fonds déposés en Suisse par l'ancien monarque, notamment 100 millions de dollars reçus d'Arabie saoudite en 2011. Corinna Larsen, qui a été la maitresse de Juan Carlos entre 2004 et 2009, a reconnu avoir reçu plus tard de sa part une énorme donation : 65 millions de dollars à en croire une enquête du journal suisse La Tribune de Genève. La quinquagénaire a expliqué à la BBC que le roi lui a fait ce "cadeau extraordinairement généreux" en reconnaissance pour son amitié, pour assurer son avenir, et parce qu'il s'était pris d'affection pour son fils.
Le procureur suisse soupçonne que la donation de 65 millions à Corinna zu Sayn-Wittgenstein servait en fait à cacher ce qui restait des 100 millions saoudiens. Si c'était le cas, et si l'argent était d'origine illicite, elle se serait rendue coupable de blanchiment de capitaux, ce qu'elle dément catégoriquement. Dans sa lettre datée du 12 août 2018 et adressée à son homme d'affaires en Suisse, l'avocat Dante Canonico, Juan Carlos assure que la donation faite à Corinna en 2012 était irrévocable, et qu'il n'a jamais cherché à récupérer l'argent qu'il lui avait donné. "Madame Corinna zu Sayn Wittgenstein n'a donc jamais porté de l'argent pour mon compte, contrairement à ce qui a pu être indiqué par la presse espagnole", écrit l'ancien monarque.
Le scandale soulevé par les révélations de son ancienne maîtresse, qui ont déclenché des enquêtes judiciaires en Suisse et en Espagne, a poussé l'ancien souverain de 82 ans à quitter l'Espagne le 3 août pour s'installer aux Émirats Arabes Unis. Mais il a fait savoir qu'il restait à la disposition de la justice.
"Guidé par la conviction de rendre le meilleur service aux espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a-t-il écrit dans une lettre adressée à son fils, l'actuel roi Felipe VI. Une missive officielle dans laquelle il n'a pas pris la peine de mentionner la reine Sofia, son épouse depuis 58 ans, qui a quant à elle préféré rester en Espagne avec ses enfants et petits-enfants.