Biographie
- Naissance : 5 janvier 1938, Rome
- Âge : 86 ans
- Signe astrologique : Capricorne
- Résidence : Espagne
Juan Carlos Ier est un ancien roi d'Espagne, qui régna sur le pays à la mort du dictateur Franco, selon les voeux de ce dernier. Il a piloté la transition démocratique vers une monarchie parlementaire, mais la fin de son règne et les années qui suivirent furent marquées par une accumulation de scandales qui ternirent son image de patriarche de l'Espagne moderne. Il est le père du roi Felipe VI, au profit duquel il abdiqua en 2014, et des infantes Elena et Cristina, fruits de son mariage avec la reine Sofia.
Juan Carlos Ier est né le 5 janvier 1938 à Rome. Il est le fils du prince Juan de Borbon, comte de Barcelone, et de Maria Mercedes de Borbon y Orleans, il est donc membre espagnol de la maison de Bourbon. Sa famille est exilée en Italie, à la suite de la destitution de son grand-père Alphonse XIII par la deuxième République, puis l'accession au pouvoir du dictateur Francisco Franco. Celui-là même qui va ensuite le désigner comme futur roi, après qu'il a fait ses études secondaires à l'institut privé Le Rosey, en Suisse, et suivi une formation militaire.
Le 29 mars 1956, Juan Carlos affronte à 18 ans son premier scandale quand il tue accidentellement son frère cadet Alfonso d'un coup de revolver, dans la résidence de ses parents à Estoril, au Portugal. L'arme lui avait été offerte par Franco peu de temps auparavant.
Le 14 mai 1962, il épouse à Athènes la princesse Sophia de Grèce et s'installe au Palais de la Zarzuela à Madrid, résidence habituelle des rois d'Espagne. Trois enfants naîtront de leur union : Elena (1963), Cristina (1965) et Felipe (1968).
Pendant la dictature, Franco le désigne comme son successeur et le nomme prince d'Espagne en 1969, le préférant à son père, jugé trop libéral, alors le jeune Juan Carlos, lui, sera relativement malléable. En 1975, il le nomme capitaine général des forces armées.
A la mort du dictateur, il prête serment et devient Juan Carlos Ier le 22 novembre 1975. La fin du régime fasciste suscite de nombreux troubles dans le pays, avec des grèves, des manifestations, parfois sanglantes, car réprimées sévèrement. Juan Carlos promulgue alors rapidement des réformes démocratiques de grande ampleur, pour faire de l'Espagne une monarchie constitutionnelle. Il affronte alors la colère des dignitaires de la dictature franquiste, mais nomme Adolfo Suarez à la tête du gouvernement, en le chargeant de mener à bien la transition démocratique. Des lois sont promulguées, des référendums organisés, qui conduisent le pays à sa première consultation démocratique en juin 1977. Le Congrès et le Sénat sont mis en place, chargés d'établir la constitution, approuvée par les deux chambres et par le roi le 27 décembre 1978. Le pays n'en avait plus depuis 1936 et la prise de pouvoir militaire. Comme dans les autres monarchies parlementaires d'Europe (Angleterre, Suède, Belgique, Hollande...), le roi ne gouverne pas, les partis politiques, de la droite à la gauche, sont autorisés, et il n'est que le garant et le symbole de l'unité du pays, en même temps qu'il en est le chef des armées.
Les tenants du régime fasciste ne désarment pourtant pas et en février 1981, une tentative de coup d'Etat militaire, menée par le lieutenant-colonel Tejero, est conduite, de façon violente, mais le roi donne alors une allocution télévisée où il incite l'armée à se rallier de façon inconditionnelle au régime démocratique. Son attitude et sa fermeté à défendre la constitution sont saluées, même par ses adversaires les plus convaincus. Il échappe quand même à une tentative d'assassinat du groupe séparatiste basque ETA, à Majorque, lieu de résidence estival de la famille royale.
Par la suite, et au fil de son règne, le roi et sa famille mènent une vie de représentation et de faste, tandis que les alternances démocratiques ont lieu de façon fluide. Mais si une partie du peuple reste attachée à la figure royale, divers scandales liés au train de vie de la famille de Juan Carlos et à ses attitudes se succèdent. En 2012, il est victime d'une fracture de la hanche lors d'une chasse à l'éléphant au Bostwana, ce qui a pour effet de révéler la cause de ce voyage, qui scandalise beaucoup de monde. D'abord parce que les éléphants sont une espèce protégée, ensuite par que cette distraction a coûté des dizaines de millions d'euros aux contribuables espagnols en pleine récession économique.
Puis une grave affaire de détournement de fonds de 6,5 millions d'euros d'argent public, appelée "l'affaire Noos", implique le gendre de Juan Carlos, l'ancien handballeur professionnel Inaki Urdangarin, et son épouse, l'infante Cristina. Au terme de plusieurs d'années d'instruction et d'un procès très médiatique à Palma de Majorque, le mari de l'infante écope de cinq ans et dix mois de prison ferme tandis qu'elle-même obtient la relaxe.
Quelques affaires très "ancien régime" d'adultère du roi ajoutent au refroidissement général de l'amour et du respect que porte le peuple à son monarque. Aussi, il décide d'abdiquer, en juin 2014, au profit de son fils Felipe. Le 18 juin, l'abdication est effective et le lendemain Felipe VI d'Espagne monte sur le trône. Devenu roi émérite, le vieux souverain, symbole d'un ancien monde, continue malgré tout à exercer des fonctions de représentation jusqu'en 2019, où il se retire définitivement de la vie publique.
Mais les révélations de son ancienne maîtresse, une aristocrate allemande, montrent que le souverain (dont la fortune personnelle était estimée à 300 millions d'euros en 2013) l'aurait utilisée pour cacher en Suisse, sur des comptes numérotés, des sommes considérables, issues de commissions sur des marchés d'Etat, dont 100 millions d'euros pour la construction d'un TGV en Arabie saoudite. Juan Carlos aurait ensuite profité d'une loi d'amnistie fiscale décrétée en 2012 pour rapatrier et blanchir une partie de ce capital. Le 8 juin 2020, la Cour suprême espagnole annonce l'ouverture d'une enquête pour établir s'il a une responsabilité pénale dans cette affaire de corruption présumée. Le parquet du haut tribunal prend en charge l'enquête.
En mars 2020, Felipe VI annonce qu'il renonce à l'héritage de son père, à la suite de nouvelles révélations sur sa fortune dissimulée, et lui retire sa dotation de 195 000 euros par an de frais de fonctionnement. Juan Carlos possède cent millions d'euros sur un compte au Panama, et dix millions sur un autre au Liechtenstein. D'autres se sont fait couper la tête pour moins que ça !
Il porte encore aujourd'hui le titre de "Sa Majesté catholique, roi d'Espagne, de Castille, de Léon, d'Aragon, des Deux-Siciles, de Jérusalem, de Navarre, de Grenade, de Tolède , de Valence, de Galice, de Majorque, de Minorque, de Séville, de Sardaigne, de Cordoue, de Corse, de Murcie, de Jaén, des Algarves, d'Algésiras, de Gibraltar, des îles Canaries, des Indes orientales et occidentales, de l'Inde et du continent océanien, de la terre ferme et des îles des mers océanes, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Milan, d'Athènes, de Néopatrie, comte de Habsbourg, de Flandre, de Tyrol et de Barcelone, seigneur de Biscaye et de Molina, marquis d'Oristan et de Gozianos", etc.