A contre-courant des "fils de..." qui n'attendent qu'une occasion de s'affranchir du modèle paternel, Julien Dassin semble s'épanouir pleinement dans la catégorie hommage. A peine le fils de Joe Dassin avait-il rendu, avec le spectacle Il était une fois... Joe Dassin, sous la houlette de Christophe Barratier, un hommage collégial plein de légèreté au chanteur de L'Eté indien, du Petit Pain au chocolat et de Salut les amoureux, qu'il s'attelait à honorer la mémoire d'un autre grand monsieur de son histoire personnelle et familiale : Yves Montand. Le fils Dassin entretient avec cette autre icône de la chanson française qui semble appartenir à tous un lien particulier, qui l'empêche de l'appeler autrement que "Monsieur" avec un grand M...
Un lien noué deux générations plus tôt, lorsque son grand-père le cinéaste Jules Dassin, fuyant la chasse aux sorcières menée aux Etats-Unis par la commission McCarthy, trouve refuge en France au début des années 1950 avec sa femme et ses enfants, Julie, Rickie et Joe. Et trouve un soutien public de poids en la personne d'Yves Montand. Lequel paiera le prix de son amitié, interdit de territoire américain en 1958, alors qu'il doit tourner La Loi devant la caméra de Jules Dassin à New York. Le cinéaste imposera son ami à la production, et Yves Montand tiendra bien ce fameux rôle de parrain italien (Matteo Brigante) face à Claude Brasseur, Gina Lollobrigida et Marcello Mastroianni. Un film d'anthologie pour lequel un certain Joe Dassin joue les figurants et oeuvre sur la bande-son.
Yves Montand n'est plus, mais Julien Dassin, plus de vingt ans après sa mort, prolonge cet attachement avec l'album hommage Monsieur Montand, disponible depuis fin janvier. Il y revisite avec gaieté les plus grands succès de Montand en duo avec Florence Coste, rencontrée dans la troupe du spectacle Il était une fois... Joe Dassin. La jeune chanteuse-comédienne met à son tour un pied dans la famille. Ensemble, ils ont voulu retenir des classiques qui leur semblent "résolument dans l'air du temps et offrent un coin de ciel bleu quand les nuages s'amoncellent dans les coeurs". Et c'est avec une belle fraîcheur mâtinée de sépia qu'ils s'enivrent de guinguette et de joie de vivre avec Sous le ciel de Paris, oeuvre de Jean Bretonnière pour le film éponyme (1951) de Julien Duvivier, popularisée par Yves Montand sur l'album Le Paris de Montand (1968).
Dernièrement, Julien Dassin appuyait son hommage à Montand et confiait son admiration dans une interview intime accordée à Ici Paris : "Je suis un amoureux de la vraie chanson française. Dans cet album, on retrouve la légèreté, la fraîcheur et l'insouciance de l'après-guerre. En ces temps de crise, ça fait du bien ! De plus, les chansons de Montand, comme celles de mon père, parlent vraiment aux gens. (...) Je fais un métier qui me plaît, avec comme ambition d'être à la hauteur d'artistes complets, de ces hommes qui donnent de la joie, tel Yves Montand."