"Il faut savoir partir joliment", soufflait Juliette Gréco au micro de RTL en janvier. Et pour nous, savoir se rendre à l'évidence : la muse de Saint-Germain-des-Prés, l'immense interprète de Brel, Ferré, Gainsbourg et beaucoup d'autres, entame le 24 avril au Printemps de Bourges sa toute dernière tournée. Sobrement intitulée Merci.
Interrogée par Le Parisien a quelques jours du lancement de son ultime tournée, Juliette Gréco, le verbe libre et léger, évoque ses adieux : "Oui, j'ai 88 ans, et je n'ai pas envie de monter sur scène en boitant. C'est une question de courtoisie, de dignité. (...) Je veux partir debout. Je ne voudrais pas faire pitié. J'ai horreur de ça." L'insoumise et amie des poètes confie qu'elle est heureuse sur scène mais qu'elle ne "voudrait pas que ça devienne un effort". Ces dernières années, Juliette Gréco a fait quelques malaises sur scène en raison d'un coeur qui s'emballe. Elle dit n'avoir peur que de la mort des gens qu'elle aime, mais elle reconnaît que son dernier anniversaire lui a fait quelque chose : "Il y a quelques mois, j'ai réalisé que j'allais avoir 88 ans alors que l'âge, vieillir, ne m'inquiétait pas jusque-là. C'est la première fois que je prenais conscience du temps."
Après la scène, comme le fait depuis ses adieux le jeunot Eddy Mitchell, Juliette Gréco aimerait continuer à enregistrer des disques : "Si la voix est encore là. Si j'avais dû arrêter ma carrière plus jeune, je serais entrée dans l'humanitaire. Là, je ne sais pas, j'avais des projets au cinéma, mais qui ne se font pas. Si on me proposait une pièce de théâtre, je dirais oui." Mais pour l'heure, la scène, pendant au moins encore un an. Elle ouvrira le Printemps de Bourges le 24 avril prochain et prépare une séries de concerts dans différents lieux de Paris : le 7 décembre au Théâtre du Châtelet, le 18 à la Cigale, le 19 au Théâtre des Champs-Élysées, le 5 février 2016 à l'auditorium du Louvre (un lieu que sa silhouette noire hantait dans le mythique Belphégor) et le 7 au Théâtre de la Ville.