La première semonce n'aura donc pas suffi. En octobre 2014, excédés par la hardiesse de certains photographes, coupables à leurs yeux de faire subir à leur jeune fils le prince George de Cambridge un véritable "harcèlement", le prince William et Kate Middleton adressaient aux intéressés un dernier avertissement sans frais. En réaction au comportement trop intrusif d'un photographe en particulier, lequel s'était déjà vu notifier plusieurs mises en garde après avoir approché le bambin au cours de promenades dans un parc du centre de Londres, le couple avait tempêté. "Aucun parent ne supporterait de devoir se méfier de quelqu'un qui poursuivrait et harcellerait son enfant et la personne qui s'en occupe. Si le duc et la duchesse ne reçoivent pas les garanties que ce comportement cessera, ils envisageront l'option d'une action légale", stipulait fermement le communiqué émis alors par leurs services. On s'en rapproche...
Dernièrement, un paparazzi, trop audacieux et trop ignorant du "fair deal" moral et tacite qui régit les rapports entre la famille royale et la presse (la première se mettant de son plein gré en scène pour la seconde et partageant des images de sa sphère intime pour prix d'une certaine tranquillité médiatique), a ainsi été repéré alors qu'il planquait dans une voiture à proximité d'une aire de jeux pour enfants, dans l'espoir de photographier le prince George.
Cette fois, c'est une lettre très formelle et très musclée que le duc et la duchesse de Cambridge ont fait diffuser par leur chargé de communication au palais de Kensington, Jason Knauf, relayée par leur compte Twitter officiel, @KensingtonRoyal. Déterminés à protéger les enfants de l'avidité médiatique (et pas seulement dans leur havre de paix d'Anmer Hall !), et à leur éviter l'enfer dont William et Harry ont pu faire l'expérience dans leurs jeunes années, ils expriment leur colère.
Sur le réseau social, le couple, qui a publié cet été des photos du baptême de sa fille Charlotte ainsi qu'un nouveau portrait du prince George pour ses 2 ans, a commencé par remercier le public, mais aussi, entre les lignes, les bons élèves de la sphère médiatique : "Le duc et la duchesse veulent adresser leurs remerciements pour les gentils messages de soutien qu'ils ont reçus ces derniers mois. Ils ont été enchantés de partager des photos de leurs enfants et continueront de le faire dans les mois et les années à venir. Néanmoins, des paparazzi embusqués continuent de poursuivre leurs enfants, vendant des images du prince George à des publications internationales", lisait-on dans trois messages successifs. Un préambule qui annonçait l'orage : "Kensington Palace a émis une lettre sur la sécurité et les problèmes d'éthique concernant les photos non autorisées d'enfants", indiquait un dernier tweet, comportant un lien pointant vers le long texte en question, sur le site officiel du duc et de la duchesse ainsi que du prince Harry.
"J'écris, commence Jason Knauf, pour livrer un état des lieux des défis auquel Kensington Palace doit faire face tandis que nous nous efforçons de protéger le prince George et la princesse Charlotte du harcèlement et de la surveillance des paparazzi. J'espère que notre expérience servira pour le chantier en cours en matière d'élévation des critères de protection des enfants dans un paysage médiatique qui change rapidement."
L'émissaire de William et Kate distribue ensuite les bons points, en leur nom : "Le duc et la duchesse de Cambridge ont exprimé leur gratitude aux groupes de médias britanniques pour leur politique consistant à ne pas publier des photos non autorisées d'enfants. Cette position, guidée non seulement par leur désir en tant que parents mais aussi par les standards et les codes du milieu concernant les enfants, il convient de la saluer. Ils sont également heureux que presque toutes les publications respectables à travers le Commonwealth et dans d'autres marchés médiatiques majeurs, comme aux Etats-Unis, adoptent la même."
Le récit de l'incident de trop, la liste des intrusions...
Soulignant que de nouveaux photographes sont régulièrement invités à couvrir les événements les concernant, le duc et la duchesse de Cambridge constate l'aggravation de la pression exercée par les paparazzis : "Ils surenchérissent en matière de télé-objectifs extrêmes pour observer et épier les mouvements du prince George et, tout en étant cachés, réaliser des images de lui pour les vendre aux quelques titres internationaux encore disposés à les leur acheter. Un incident récent - pas plus tard que la semaine dernière - a été dérangeant, mais pas du tout isolé. Un photographe a loué une voiture et l'a garée dans un endroit discret, à l'écart d'une aire de jeux pour enfants. Déjà dissimulé grâce à des vitres teintées, il a été jusqu'à ajouter des draps à l'intérieur pour créer une planque, pleine de quoi manger et de quoi boire pour tenir toute une journée de surveillance, dans l'espoir de faire des photos du prince George. La police l'a trouvé allongé dans le coffre du véhicule, en train d'essayer de faire des photos au moyen d'un télé-objectif par un petit trou sur le côté."
Rapprochant cette "tactique" qui fait écho à d'autres pratiques plus nocives que de la simple surveillance, et expliquant qu'il "ne sera pas toujours possible de faire rapidement la différence entre quelqu'un qui prend des photos et quelqu'un qui a l'intention de nuire de manière beaucoup plus directe", Jason Knauf, qui désigne à demi-mot mais très lisiblement une tactique de sniper, liste tous les incidents ayant impliqué des photographes au cours des derniers mois : photos longue distance de George en train de jouer au parc (privé) avec sa maman, surveillance des déplacements de George et de sa nourrice Maria Teresa Turrion Borrallo ainsi que d'autre membres du personnel, photos d'enfants de tiers en visite chez le duc et la duchesse, filature de véhicules, planque aux abords d'Anmer Hall dans le Norfolk, dans les dunes d'une plage où le garçonnet est allé avec sa grand-mère Carole Middleton ou encore à proximité du manoir des Middleton dans le Berkshire...
George est leur cible numéro un, le public a le droit de savoir
"Il est clair (...), en déduit le secrétaire du prince William et de la duchesse Catherine, que le prince George est actuellement leur cible n°1. Nous avons pris la décision de débattre à présent de ces problèmes puisque ces incidents se multiplient et les tactiques deviennent alarmantes. Une ligne a été franchie, et toute escalade supplémentaire dans les stratégies représenterait un risque réel en matière de sécurité. Tout cela a fait grandir chez le duc et la duchesse de Cambridge l'inquiétude quant à leur capacité à assurer au prince George et à la princesse Charlotte une enfance exempte de harcèlement et de surveillance. Ils savent que tous les parents adorent partager des photos de leurs enfants, eux compris. Mais ils savent que n'importe quel parent s'opposerait à ce que quiconque, en particulier des étrangers, prenne des photos de leurs enfants sans leur permission (...) Le duc et la chance ont évidemment beaucoup de chance d'avoir des résidences privées où les photographes ne peuvent pas faire d'images de leurs enfants. Mais ce qu'ils croient profondément, c'est que le prince George et la princesse Charlotte ne doivent pas avoir à grandir exclusivement derrière des portes de palais et dans des jardins ceints de murs. Ils veulent que leurs deux enfants soient libres de jouer en public ou dans des lieux semi-publics avec d'autres enfants sans être photographiés. De plus, la vie privée de ces autres enfants et familles aussi doit être préservée."
Décidés à faire de ce débat un sujet public, Kate et William, par la voix de leur secrétaire, précisent encore avec beaucoup de discernement : "Nous sommes conscients que bien des gens qui lisent et apprécient ces publications qui jugulent le commerce de photos non autorisées d'enfants ignorent les circonstances inacceptables derrière ces photos souvent charmantes. L'utilisation de ces photos est généralement assortie d'un langage positif et fun, qui parle d'images "mignonnes", "adorables"... Il nous semble que les lecteurs ont le droit de savoir les tactiques déployées pour les obtenir."
