La comédie française accumule les controverses ces derniers jours. Après À bras ouverts avec Christian Clavier et Ary Abittan, c'est au tour de Gangsterdam, mené par Kev Adams, de ne pas faire l'unanimité. Par ses ingrédients (humour potache, bande de jeunes potes, quiproquos...), le film rappelle American Pie, SuperGrave ou encore Ali G et récemment Sausage Party. Qualifié de "tuerie de films" par certains internautes très enthousiastes sur Twitter, il est toutefois loin d'avoir convaincu la presse. Au point que 20 Minutes en a fait sa couverture avec ce titre pour le moins évocateur : "Un film adominable."
Le Figaro décrit Gangsterdam comme une "comédie triste à pleurer", Le Monde se désole du niveau de son humour et Télérama estime que le film n'est "à réserver qu'aux pré-ados peu exigeants". Mais ce n'est pas tout, le problème est ailleurs. Les mésaventures de Kev Adams dans la capitale hollandaise donnent en effet à voir à ce très jeune public un certain nombre de scènes choquantes, dont celle du viol du "méchant", forcé à faire une fellation à son garde du corps tout en étant filmé pour étouffer tout désir de vengeance.
Il faut arrêter de croire que les ados sont innocents.
Si la journaliste Claire Barois de 20 Minutes n'est pas grande fan de Gangsterdam, cependant, l'article qu'elle a écrit ne se limite toutefois pas à une simple critique de film négative et s'interroge sur la façon dont le film va être digéré par les jeunes. Elle a fait appel à l'expertise de Xavier Pommereau, psychiatre spécialiste des adolescents, pour tenter de comprendre comment les jeunes spectateurs pourront faire face à ce film qui n'a pas reçu d'interdiction aux moins de 12 ans mais a été qualifié de "film tout public avec avertissement" : "Il faut arrêter de croire que les ados sont innocents. Ils regardent des pornos entre amis à 13 ans pour rigoler, des décapitations de Daesh pour voir ce que ça fait... Ils sont beaucoup moins dupes que les générations précédentes face aux écrans : ils regardent tout avec beaucoup de second degré." Cependant, il le reconnaît, "à force d'enchaîner le second degré, on finit par tomber au premier degré ras les pâquerettes".
Ça dépend de la perception de chacun.
Interrogé sur les limites de l'humour par La Dernière Heure, Kev Adams avait répondu : "Quand c'est bien amené, il n'y a pas de limite. On peut rire de tout, à condition de parler de tout le monde. Le personnage de Durex est antisémite, homophobe, sexiste, raciste, mais il est horrible avec tout le monde, donc cela ne me gêne pas. Surtout qu'on le présente dès le début comme quelqu'un d'un peu abruti. Cela ne me choque pas d'aller aussi loin. Au contraire, je trouve ça amusant de rire des conneries que tout le monde pense des autres. Mais il faut prendre ça au quatrième degré. Quand il parle de viol cool, par exemple, c'est n'importe quoi. Cela ne veut rien dire. Tout comme cela ne veut rien dire de s'étonner d'un juif qui ne sait pas conduire une Porsche. Ou de dire que les Arabes sont tout le temps des voleurs. Le personnage est choquant en soi. Et évidemment, je ne défends aucun de ses propos. Mais que certaines vannes dérangent plus que d'autres, ça dépend de la perception de chacun."
On trouve de l'humour trash, bête et méchant dans bon nombre de films, Gangsterdam n'est pas le premier. "#Gangsterdam fait polémique, car c'est @kevadamsss... vous étiez où pour les films de Sacha Baron Cohen ?", a répondu un fan à ceux qui critiquent le film. Un post retweeté par la star des jeunes.
Gangsterdam serait-il lynché plus violemment que d'autres films à cause de la seule présence de Kev Adams ? Au-delà des haters auxquels il est souvent confronté sur la douce planète de l'amour que sont les réseaux sociaux, le jeune comédien a construit sa notoriété sur une fan base très jeune. Le contraste entre l'image de l'acteur sympathique que les parents adorent pour leurs enfants et le propos très trash de Gangsterdam accroît le sentiment que le film est en décalage avec une partie du public ciblé. L'ampleur "polémique" qu'a prise l'affaire du soi-disant space cake apporté sur le plateau de C à vous par les acteurs de Gangsterdam et les justifications de la star dans Touche pas à mon poste ont encore accentué ce décalage.
Reste maintenant à attendre le verdict du public, à travers le box-office.