Homme fort de l'UFC (Ultimate Fighting Championship), dont il est le champion incontesté chez les poids légers avec 28 victoires en autant de combats, Khabib Nurmagomedov voit sa force mentale mise à l'épreuve : son père, Abdulmanap Nurmagomedov, est mort vendredi 3 juillet 2020 des suites de complications liées au coronavirus à l'âge de 57 ans.
"Nous avons perdu notre colonne vertébrale. C'était un père, un entraîneur, un frère, une icône. Rien ne sera jamais plus pareil sans lui", a déclaré le coach du combattant russe, Ali Abdelaziz, qui s'est chargé d'annoncer la mauvaise nouvelle au nom de sa famille. Le père de Khabib, qui est la personnalité russe la plus suivie d'Instagram, avait été hospitalisé au mois de mai à Moscou. Infecté par le Covid-19, diagnostic établi après son admission, il avait dû être opéré du coeur en raison d'un problème pré-existant que le virus avait aggravé. Il avait été placé dans le coma pour favoriser sa convalescence et l'évolution de son état avait pu sembler positive puisqu'il avait "ouvert les yeux" et "répondu un peu" aux stimuli. "Khabib est très fort, sa famille est très forte et son père est très fort", avait à l'époque positivé Ali Abdelaziz. Las, ces espoirs ont été déçus...
Lundi dernier, le cador des MMA (arts martiaux mixtes), âgé de 31 ans, avait partagé avec ses quelque 21 millions d'abonnés sur Instagram une photographie issue d'une séance d'entraînement figurant Abdulmanap. "Père", légendait-il très sobrement, suscitant d'innombrables messages de soutien et de prières de la part de ses admirateurs. Un père auquel il devait tant, en particulier sa carrière : Khabib Nurmagomedov avait commencé à se passionner pour les arts martiaux en observant les entraînements dans la salle de sport que son père avait aménagée au rez-de-chaussée de leur domicile, avant de s'initier lui-même à la lutte - discipline aussi commune pour les enfants du Daghestan, dont il est originaire, que peut l'être par exemple le judo ailleurs dans le monde - dès l'âge de 8 ans sous la houlette du paternel, ancien athlète décoré et ancien combattant. Il avait continué son apprentissage avec le judo, justement, puis le sambo, art martial russe mêlant judo, boxe et lutte que son père, entraîneur national de la discipline, lui enseigna.
Khabib Nurmagomedov, qui aurait dû défendre à l'UFC 249 son titre de champion du monde en avril 2020 contre Tony Ferguson sans la crise sanitaire mondiale, qui l'a obligé à rester confiné en Russie, a reçu les condoléances de nombreuses figures du milieu, y compris celles de son rugueux rival irlandais Conor McGregor, qu'il avait maté en avril 2018 par soumission à la quatrième reprise, entérinant son avènement au panthéon du MMA.
"La perte d'un père, d'un entraîneur et d'un supporter dévoué à ce sport", a écrit McGregor, tandis que le coach de ce dernier, John Kavanagh, saluait la mémoire d'un "génie des sports de combat et d'une source d'inspiration absolue" pour tous les combattants. "Je suis désolé pour toi Khabib. Ton père nous a quittés le coeur empli de fierté en sachant que tu honoreras sa mémoire", a pour sa part réagi l'Américain Justin Gaethje, champion intérimaire des poids légers de l'UFC.