L'actrice américaine Kim Novak avait soulevé une étrange polémique à l'heure où The Artist séduisait toute l'Amérique, quelques semaines avant le sacre des cinq Oscars. La comédienne de 79 ans s'insurgeait contre le film français muet, hommage à l'âge d'or hollywoodien. La raison de sa colère ? L'utilisation, dans une scène primordiale de The Artist, d'une musique emblématique de Sueurs froides (Vertigo) d'Alfred Hitchcock dans lequel elle tient le rôle principal. Les mots qu'elle a choisis étaient d'une grande violence : elle s'estimait violée par The Artist.
Sa réaction avaient suscité l'indignation. Et pas uniquement parce qu'elle reprochait au film d'avoir pillé la musique d'un autre alors que, comme l'expliquait le réalisateur de The Artist, Michel Hazanavicius, "la musique de Bernard Hermann avait été utilisée dans différents films". C'est surtout cette comparaison abusive avec un viol, un acte sans commune mesure avec une soi-disant spoliation dans un film, qui avait choqué.
La star de Sueurs froides s'est alors justifiée et The Hollywood Reporter rapporte ses propos : "J'ai dit qu'il s'agissait d'un viol, car c'est ainsi que je l'ai ressenti. J'ai subi dans ma jeunesse un viol qui a fait écho à ce qui m'a été fait. Je n'ai pas utilisé ce mot à la légère. J'ai été abusée étant enfant. Je n'en ai jamais parlé, alors quand j'ai vu que The Artist avait abusé de la musique de Sueurs froides, j'ai ressenti le besoin de le dire. [...] Je n'ai jamais rapporté ma véritable agression, j'ai alors eu besoin de faire part de celle de The Artist. [...] J'ai eu l'impression qu'il fallait que quelqu'un parle, parce que la musique avait été trop abusée."
Après Sueurs froides en 1958, la carrière de Kim Novak s'était engagée sur une pente descendante. Elle n'a jamais retrouvé les lumières de la gloire et, en 1991, elle mettra un terme définitif à sa carrière. En s'invitant dans la frénésie liée à The Artist, elle est revenue sous les feux de la rampe mais sans recevoir de soutien d'autres membres de la maison hollywoodienne. Ce nouveau retour, nourri de confessions intimes, risque également de décontenancer son auditoire, sans forcément créer l'empathie.