We all go back to where we belong, un titre sur mesure pour des adieux brillants, après trente ans d'une carrière qui le fut également. R.E.M., incontestablement un des plus grands groupes de rock alternatif de l'histoire et une des signatures musicales phares des deux dernières décennies du deuxième millénaire, tire, avec ce single inédit accompagné à l'écran par le doux visage de la comédienne Kirsten Dunst, sa révérence : "une décision pas facile à prendre" qui était dans l'air du temps depuis quelques années au sein de la formation américaine d'Athens (Etat de Georgie), et repoussée suite au succès de l'album Around the Sun (2004), et finalement annoncée catégoriquement par le talentueux Michael Stipe le 21 septembre 2011. "Toute chose a une fin, et nous voulions le faire comme il faut, le faire à notre manière", écrivait alors le chanteur à la voix rauque sur le site officiel du groupe, trente ans précisément après le succès de Radio Free Europe, premier single de R.E.M. paru à l'été 1981 et classé à l'époque comme l'un des dix meilleurs singles de l'année par le New York Times. "Nous nous en allons avec un sentiment formidable de reconnaissance, d'accomplissement et d'émerveillement devant ce que nous avons réalisé. A tous ceux qui ont un jour été touchés par notre musique, merci de l'avoir écoutée." Un adieu déchirant, mais pas sans marquer le coup...
Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage 1982–2011
Libéré de toute obligation contractuelle vis-à-vis de la maison Warner avec la parution de l'album Collapse into Now en 2011, R.E.M., qui avait été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2007, s'était quand même attelé à enregistrer de nouveaux titres pour un éventuel futur album auto-produit. Finalement, c'est une compilation généreuse, un double album augmenté de trois titres inédits, qui signera le baroud d'honneur de Michael Stipe et les siens : Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage 1982–2011 paraîtra le 15 novembre 2011. Comme son titre (littéralement repris d'une déclaration en interview de son guitariste Peter Buck à la fin des années 1990) l'indique, le best of revisitera en 37 titres + 3 inédits trente ans de carrière discographique, réunissant dans un tracklisting chronologique des morceaux extraits de Chronic Town, Murmur, Reckoning, Fables of the reconstruction, Lifes Rich Pageant, Document, Green, Out of Time, Automatic for the people, Monster, New Adventures in Hi-Fi, Up, Reveal, Around the Sun, Accelerate et Collapse into Now. C'est-à-dire tous les albums du groupe. Y figurent aussi Bad Day, un inédit paru sur un précédente compil', et The Great Beyond, tiré de la bande originale de Man on the Moon.
A Month of Saturdays et Hallelujah, parus en démos issues des Collpase Into Now Sessions, accompagnent We all go back to where we belong au rayon des nouveautés.
Kirsten Dunst et John Giorno touchants pour des adieux incandescents
Dévoilé sur les ondes mi-octobre, We all go back to where we belong joue sur la sobriété tant au niveau de l'image que du son, où l'on retrouve une patte pop-rock orchestrale qui fait la part belle à la guitare claire et brillante de Buck et à la voix marquée et marquante de Stipe, tout en préservant la pureté du message : un adieu teinté d'une captivante nostalgie... Impossible, à l'écoute de ce morceau (de l'instumentation à la mélodie en passant par l'atmosphère), de ne pas songer à la patte de Burt Bacharach, telle que sur I'll never fall in love again, entre autres exemples possibles.
Les deux clips tournés faire vivre We all go back to where we belong à l'écran respectent tout à fait ce cadre poétique et nostalgique. Plans fixes épurés en noir (un peu) et blanc (beaucoup), ils mettent en scène la star de Marie-Antoinette et du récent Melancholia Kirsten Dunst pour l'un, et le poète et activiste John Giorno. "Pouvoir travailler avec John et Kirsten était un rêve que je nourrissais depuis l'enregistrement de la chanson, et leur participation parachève la chanson, pour moi", explique Michael Stipe. Face caméra, plan serré, intimidant, sur le visage, qui ne peut échapper au cadre, Kirsten et John laissent naître, vivre et mourir les expressions au fil des quelque 220 secondes que dure le morceau, entre gravité et légèreté. Les sourires sont hésitants, les regards sont intenses, le résultat est superbe. A noter que Kirsten Dunst, chanteuse à ses heures et récemment vue dans le court métrage Fight for your right des Beastie Boys, avait précédemment joué la fille de clips pour Savage Garden et le titre I knew I loved you. C'était en 1999.
R.E.M., Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage 1982–2011, sortie le 15 novembre 2011.
G.J.