Un but encaissé après 20 minutes de jeu, un carton rouge sévère, quatre minutes plus tard, pour Yoann Gourcuff, coupable d'avoir bondi avec un peu trop d'envie sur un coup de pied arrêté, puis une crucifixion en règle dans les six mètres : au bout de trente minutes, l'oraison funèbre est dite, l'horizon du miracle a disparu. L'équipe de France n'aura sauvé ni sa peau, ni les apparences. Battue par des Bafana Bafana qui n'auraient pas osé demander aux Bleus d'être aussi inexistants, elle peut faire le check out auprès de la réception de son hôtel de luxe, embarquer à bord du jet du retour et s'asseoir sur ses primes. Nicolas Anelka, qui a un avion d'avance, n'aura au moins pas pris part à la dé-fête.
2-1 pour les hôtes : la débacle aurait pu être encore bien plus humiliante. Si, si : au moins au niveau du score. L'Afrique du Sud peut même se mordre les doigts de n'avoir pas concrétisé d'autres de ses multiples occasions nettes : le Mexique ayant été défait d'un but seulement dans l'autre rencontre du groupe, il leur aura manqué trois buts pour franchir le cap des poules. Mais qu'importe : face à des Tricolores aux abois de bout en bout, eux ont sauvé leur honneur.
Après l'entame de jeu apocalyptique, la suite est un long fleuve tranquille pour le pays organisateur. Lloris détourne une frappe croisée de Mphela des 25 mètres (42'), en écho à celle qui avait déjà frôlé son montant droit 20 minutes plus tôt, et à la belle demi-volée dans la lucarne, but refusé pour cause de hors jeu, du même Mphela.
2e mi-temps, ce sont encore les Bafana Bafana qui monopolisent le ballon, combinent, se procurent des occasions franches (poteau à la 51e, frappe croisée à la 58e, duel à la 62e, toujours Mphela). Il faut dire que, l'Uruguay menant simultanément 1 à 0 contre le Mexique, les Sud-Africains pourraient croire à une qualification historique en huitièmes à condition de passer encore quelques buts...
A la 55e, Raymond Domenech, qui a déjà remplacé Gignac par Malouda au retour des vestiaires, lance Henry à la place de Cissé. La France, moribonde pathétique, finira le match avec une seule pointe : on pressent que le compteur tricolore lors de cette Coupe du monde restera bloqué à... zéro. Perdu : petit miracle, sur une rare incursion tricolore dans les 30 derniers mètres adverses, lancé par Diaby, Ribéry, dans la surface, remise sur Malouda à hauteur du point de penalty, qui ne manque pas l'occasion. Anecdotique. Loin de sonner la révolte (souvenez-vous : ça, ça n'arrive qu'en dehors du terrain...), ce but pour l'histoire (mais la petite, alors) sera suivi de la fin de la compilation du jour : passes ratées, joueurs au comportement erratique, défenseurs aussi réactifs que les pierres de Stonehenge... "Cette équipe a du potentiel" : ça vous dit quelque chose ? C'est normal, c'est du Domenech. On y a eu droit pendant des années ; on y aura droit en guise de révérence, à l'issue du match. Et d'accorder sa bénédiction : "Je lui souhaite bonne chance pour la suite..."
Un dernier miracle de Lloris, qui a bien bossé, à la 92e. Le miracle, pour le football français, serait qu'il s'en remette d'ici la prochaine Coupe du Monde...
G.J.