Quelle honte ! Il ne manquerait plus, pour parachever l'apocalypse, qu'on nous annonce le forfait des Bleus pour leur dernier match de "qualification" (Qui est encore prêt à rêver ? Montrez-vous !)...
Car ce qui se passe actuellement en Afrique du sud est une crise sans précédent, d'une ignominie terrible pour le football hexagonal, qui n'est pas prêt de panser ses blessures ni de recouvrer un minimum de crédit aux yeux du monde.
Ce dimanche 20 juin, les joueurs de l'équipe de France, menés par leur capitaine Patrice Evra, ont exprimé leur colère contre la Fédération française de football, face à l'exclusion de Nicolas Anelka (qui a quitté l'Afrique du Sud ce matin), en raison des insultes qu'il a proférées et de son refus de présenter des excuses publiques.
Une colère qui s'est traduite par un... boycott pur et simple de la séance d'entraînement programmée aujourd'hui à 16 heures : suite à une altercation très houleuse entre le préparateur physique Robert Duverne et Patrice Evra, qui a obligé Raymond Domenech à intervenir pour contenir le premier, qui s'échauffait, les joueurs sont remontés dans le bus et ont regagné leur hôtel, refusant de s'entraîner.
Cette action, selon le site du journal L'Equipe, qui en fait le récit détaillé, semblait en fait préméditée : "S'ils se sont bien rendus à l'entraînement 16h00, soit l'horaire convenu, les Bleus se sont directement dirigés en basket - signe que leur action était préméditée - vers les quelque 250 supporters venus assister à la séance. Tous sauf un : Patrice Evra resté aux côtés de Raymond Domenech. Devant une assistance interloquée, le capitaine de l'équipe de France a été pris à partie par un Robert Duverne venu à sa rencontre passablement énervé. Il a fallu que le sélectionneur s'interpose entre les deux hommes pour éviter que l'altercation ne dégénère. Le préparateur physique des Bleus a immédiatement quitté le terrain, jetant au passage son sifflet son rage".
Raymond Domenech est apparu un peu plus tard pour lire un communiqué émanant des joueurs. Une scène que vous pouvez regarder ci-dessus, ainsi que le clash Evra/Duverne, grâce à nos confrères de France 2.
La suite, nous vous l'avions relatée, n'est pas plus glorieuse. Jean-Louis Valentin, directeur délégué de la FFF en charge de l'équipe de France, annonce sa démission. Au bord des larmes, l'homme est outré, scandalisé, "écoeuré" par cette fronde des joueurs. A cran, il déclare tout en partant (des propos et une émotion que vous pouvez découvrir en vidéo chez nos confrères de L'Equipe en cliquant ici) :
"Il y a des élus, il y a un sélectionneur et des joueurs, a-t-il expliqué. Chacun assume ses responsabilités. Moi je suis un administratif de la Fédération, un salarié. Je suis monté en ligne quand il fallait pour défendre ce que j'estimais être les intérêts de la Fédération. Je considère que ce qui se passe cet après-midi est un scandale. Un scandale pour les Français, un scandale pour les jeunes qui sont ici, un scandale pour la Fédération et pour l'équipe de France. Dans ces conditions, je démissionne. Ils ne veulent pas s'entraîner. C'est inacceptable. En ce qui me concerne, c'est terminé. Je quitte la Fédération, je quitte naturellement mes fonctions. Je suis écoeuré et dégoûté."
Or, si les joueurs fondent leur insurrection, dramatique à bien des égards, sur leur colère envers la Fédération, s'offusquant que l'exclusion d'Anelka ait été décidée sans leur approbation, la version du président Jean-Pierre Escalettes est bien différente :
"La délégation française et son président, Jean-Pierre Escalettes, ont pris acte avec consternation du refus des joueurs de l'equipe de France de participer à l'entraînement de ce jour. Ce mouvement inacceptable est la conséquence de l'éviction de Nicolas Anelka, selon eux, injustiée. Contrairement aux affirmations des joueurs, cette sanction a été prise à l'issue d'un long entretien avec l'intéressé, en présence du capitaine. La FFF, par la voix de son Président, présente ses excuses pour le comportement inadmissible des joueurs représentants notre pays".
La fin du communiqué nous prépare un feuilleton meurtrier : "Un Conseil Fédéral sera convoqué immédiatement dès le terme du parcours de l'équipe de France pour tirer toutes les conséquences de la situation de crise ainsi créée."
Il est loin le temps où la France perdait sans bravoure tandis que Johnny chantait "Oh les champions, on est tous ensemble/C'est le grand jeu, la France est debout/Votre passion toujours nous rassemble/Allez, les Bleus, on est tous avec vous". Après les insultes verbales, leur comportement est insultant : nous vous invitons d'ailleurs vivement à lire un pamphlet que publiait il y a quelques minutes le site de L'Equipe, intitulé "Les traîtres", en cliquant ici.
En 2010, le slogan, c'était "Tous ensemble pour un nouveau rêve bleu" : concernant ce rêve bleu, Aladdin a dû se gourer de lampe...
G.J.