Les Bleus pour "l'honneur" : Bachelot fait pleurer les joueurs, Domenech n'a plus confiance, et Zidane s'emballe !
Publié le 22 juin 2010 à 12:04
Par Guillaume J.
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus... Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...© Abaca
Roselyne Bachelot a rencontré les Bleus et les a fait pleurer...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus de Domenech...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus de Domenech...
Le 21 juin 2010, Roselyne Bachelot a évoqué son "entretien extrêmement émouvant" avec les Bleus
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...
Le 21 juin 2010, Zinedine Zidane était prévu en conférence de presse. Un timing impitoyable : le champion du monde 98 a dû s'exprimer sur le scandale des Bleus...
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Immanquablement, tous les yeux seront rivés sur les Bleus, ce mardi 22 juin, pour ce qui n'apparaît plus comme un match pour la qualification ni même pour l'honneur, mais simplement pour enrayer la chute libre dans le déshonneur. Histoire de voir si ces Bleus-là seront capables, après avoir mouillé leurs joues et sali le maillot, de faire l'inverse : jouer sans se salir et mouiller le maillot.

Pourtant, à quelques heures de cette rencontre contre l'hôte sud-africain qu'on n'aurait jamais imaginée déterminante à ce point, ce sont bien les interventions de tous bords qui accaparent l'attention, en pleine guerre des nerfs. Des explications d'un Domenech résigné mais toujours tranchant à la réaction inattendue de Zinedine Zidane, en passant par la harangue héroïque de Roselyne Bachelot, revue de détail du blues des Bleus.

"Le mot confiance n'a plus lieu d'être" (Raymond Domenech)

Au camp de base de l'équipe de France, hier, un spectacle pittoresque : les Bleus s'entraînent. Robert Duverne, qui avait eu un coup de sang spectaculaire en apprenant la mutinerie des joueurs en représailles à l'exclusion de Nicolas Anelka (qui a retrouvé sa famille et réserve ses déclarations jusqu'à ce que l'équipe de France en ait fini avec la compétition, suivant l'injonction de son club de Chelsea), a dirigé la séance physique. Raymond Domenech, au centre du rectangle vert, a distribué les consignes.

Lundi, le tacticien tricolore avait prévu une allocution laconique en réponse aux derniers événements. Il espérait pouvoir parler du match d'aujourd'hui. Peine perdue. Soutenant - évidemment - la décision de la FFF d'exclure Nicolas Anelka en signalant que "personne n'a le droit de se comporter de telle manière" et "ne cautionnant pas" le boycott des joueurs, il a notamment expliqué pourquoi il était intervenu auprès des médias lors du déclenchement de la crise en venant lire le communiqué émanant des joueurs : "Ça faisait 45 minutes, même plus, que j'essayais de convaincre les joueurs de l'imbécilité, de la stupidité sans nom de ce qu'ils faisaient. Avec le staff et les membres de la Fédération, on a tous essayé de les convaincre que c'était ahurissant, qu'ils ne pouvaient pas se permettre de faire ça... A un moment donné, il fallait dire stop. C'était retransmis en direct à la télé, les Français avaient le droit de savoir. J'ai donc pris le papier, je l'ai lu et je suis parti... Voilà. Point. Si vous avez des questions sur l'Afrique du Sud, je suis prêt à y répondre, sinon je m'en vais".

C'est un sélectionneur démissionnaire par la force des choses qui, un peu plus tard, déclarait : "Le mot confiance n'a plus lieu d'être (...) Si avec les signes qu'on leur envoie de l'extérieur, ils n'ont pas compris qu'il vaudrait mieux qu'ils soient prêts... Ça leur appartient complètement".

Quand humiliation rime (quand même) avec foire au pognon

Au nombre de ces signes extérieurs, signalons notamment ceux... de richesse : dans le sillage de la pétition lancée par l'animateur vedette de la station RMC Jean-Jacques Bourdin, qui réclame que les revenus des joueurs liés à cette Coupe du Monde soient intégralement reversés au football amateur (déjà plus de 100 000 signataires en 24h), la Fédération a effectué une mise au point très pragmatique. Selon un communiqué, les joueurs ne percevront aucune prime en cas d'élimination, rappelant que c'est la règle depuis le dernier Mondial et précisant que la somme allouée par la Fifa pour les frais d'organisation sera "répartie à parité entre le football amateur et la LFP". En revanche, les revenus issus du sponsoring ne sont pas de son fait et sont calculés sur l'ensemble de la saison sportive. Or, Le Parisien a fait la calcul : c'est une manne de 5 millions d'euros (recette générée depuis 2006) que les sponsors pourraient distribuer, auquel cas un joueur régulièrement aligné au cours des qualifications et de la compétition toucherait... 300 000 euros. Faut-il compter sur les joueurs eux-mêmes, alors que les annonceurs retirent à tour de rôle leurs publicités et que les Bleus sont dernièrement apparus sans floquages sponsors, pour faire amende honorable et reverser une partie de leurs émoluments au pro rata ?

"Vous ne serez plus les héros (...) Comment voulez-vous qu'on se souvienne de vous ?" (Roselyne Bachelot)

Pour ce genre de mea culpa, il faut une prise de conscience. A en croire Roselyne Bachelot, celle-ci a eu lieu. Dans les larmes. Lundi soir, la ministre de la Santé et des Sports a livré un compte-rendu de "l'entretien extrêmement émouvant" qu'elle avait demandé à avoir avec les joueurs de l'équipe de France, et qu'elle a bien eu. Elle leur a rendu compte du "désastre moral" dont ils sont responsables et coupables, les yeux dans les yeux. "Les yeux dans les Bleus" - version 2. "J'ai vu les yeux de chacun d'entre eux. Je leur ai dit : ce sont vos gosses, nos enfants, pour qui peut-être vous ne serez plus les héros. C'est l'élan de vos compagnes, de vos amis, de vos supporteurs, que vous avez peut-être brisé. C'est l'image de la France que vous avez ternie. Pour beaucoup d'entre vous, c'est peut-être votre dernier match de Coupe du monde. Vous en avez rêvé quand vous étiez enfant." (voir vidéo ci-dessus)

Coup de grâce, la ministre a puisé dans les annales et les vestiaires du rugby un moment fort de l'histoire du XV du coq, racontant comment Raphaël Ibanez, ancien capitaine de l'équipe, avait galvanisé ses troupes à la veille d'un match contre les All Blacks à Cardiff : "Il avait simplement écrit cette phrase sur le tableau des vestiaires : Comment voulez vous qu'on se souvienne de vous ? Je la leur ai répété en regardant chacun dans les yeux : "Comment voulez-vous qu'on se souvienne de vous ? Quelle image voulez-vous laisser ?" Avec cette phrase, les Bleus, ils avaient gagné un match ingagnable..." Cela étant, on signalera qu'il y a un monde (voire plus) entre l'ovalie et la planète foot...

Une authentique affaire d'Etat : quand le gouvernement sévit... avant même la Fédération !

Si elle a tiré des larmes aux Bleus, Roselyne Bachelot ne souhaite pas s'en contenter. Cet épisode sinistre aura des conséquences, pour cette génération de Bleus et pour les suivantes. Frank Leboeuf avait réclamé, sur TF1, une intervention du gouvernement ; la ministre des la Santé et des Sports a répondu à l'appel, annonçant un pack de mesures décidées après consultation avec "le Président de la République, le Premier Ministre et des responsables du sport français" :

1) Un audit externe par un cabinet indépendant de tout ce qui s'est passé pendant cette Coupe du monde.
2) Le chantier de la rénovation de la gouvernance.
3) Le combat de la moralisation financière du sport.
4) La déontologie.

Sur ce dernier point, elle entend faire respecter un texte fondamental, quasi constitutionnel, adopté en 2008 : "Une charte de la déontologie a été instituée dans le football en 2008. Elle a été foulée au pied. Je veux qu'avant une compétition internationale, elle fasse l'objet d'une lecture solennelle et d'une signature non moins solennelle de chacun des joueurs. Cela n'a pas été le cas avant ce Mondial. Si un joueur ne veut pas s'y conformer, il ne doit pas être sélectionné".

Zizou revient, Zi-i-zou revient...

Un homme dont on n'attendait plus l'immixtion dans ce chapitre nauséabond de la saga bleue : Zinedine Zidane. Tout juste a-t-on parfois prononcé, ces derniers jours, le nom de l'ancien triomphateur avec le groupe France 98 en rapprochant le coup de gueule d'Anelka du coup de boule de Zizou. Or, Zizou avait de longue date plannifié, sur la demande de son partenaire Adidas, son apparition en conférence de presse lundi. "Je pensais que ce serait tranquille", fait-il remarquer en guise d'entrée en matière, conscient que le timing l'oblige à s'exprimer sur l'implosion des Bleus.

S'il se range du côté des joueurs concernant la publication des insultes de Nicolas Anelka, des faits de vestiaires qui ne devraient pas en sortir, il condamne fermement, en revanche, le boycott de l'entraînement : "De cette Coupe du monde, on se souviendra de deux choses : du vainqueur et de ce jour où l'équipe de France ne s'est pas entraînée".

Du temps où Zizou portait la tunique bleue, ses relations conflictuelles avec Domenech et les luttes de pouvoir en interne entre les deux hommes ont abondamment été commentées. Il met les choses au point : "En 2006, on pouvait penser que j'avais un problème avec l'entraîneur. En fait, je n'en ai jamais eu. Mais je n'ai jamais eu de feeling non plus avec lui. En tant que capitaine, je disais parfois des choses, mais il était au-dessus de moi, et je respectais ses consignes. Je n'ai jamais eu un semblant de faux comportement."

L'explication de texte est encore plus animée lorsqu'un journaliste espagnol demande à l'ancien Madrilène (toujours conseiller technique auprès du club merengue), dans le sillage de Libération, s'il est intervenu auprès des joueurs pour faire modifier le schéma tactique de Raymond Domenech (d'un 4-2-3-1 à un 4-4-2 avec Henry) : "Que les choses soient bien claires : quand j'étais joueur, il m'arrivait de donner mon avis à un sélectionneur sur tel ou tel joueur, mais je ne lui ai jamais donné mon avis sur une composition d'équipe, sur quel joueur devait être ou non aligné. Alors, penser que, quatre ans après, je vais appeler un joueur pour influer sur l'équipe, il faut vraiment avoir "des gaufres" (???, NDLR) pour dire ça !"

"Ça pourra faire rire, mais je me dis : pourquoi la France ne gagnerait-elle pas la Coupe du monde ?" (Zinedine Zidane)

A 16 heures ce mardi, il sera inconditionnellement derrière les Bleus. "Peut-être qu'ils le méritent un peu, mais je trouve qu'on leur crache dessus comme jamais... Moi, je me dis qu'il reste un match et que tout est possible (...) Je me dis, même si ça pourra faire rire : pourquoi l'équipe de France ne gagnerait pas la Coupe du monde ?" Et d'ajouter, plus loin : "S'ils passent, on oubliera tout".

Cela étant, il a déjà la tête à l'après-Coupe du Monde. S'adressant en espagnol aux journalistes ibériques - une confidence qui n'a toutefois pas échappé aux autres -, il évoquait la relève que s'apprête à prendre Laurent Blanc dans des termes bien francs : "Laurent Blanc va tout changer. Dub moins, il va changer tout ce qui se passe à l'intérieur de l'équipe de France..."

Quelle équipe contre l'Afrique du Sud ?

"Donnez tout, battez-vous", a exhorté Roselyne Bachelot. Et d'ajouter : "J'ai vraiment vu avec leur capitaine Patrice Evra, avec tous, qu'ils avaient l'intention de tout donner". Le hic, c'est que ledit Evra, anciennement l'homme auquel Domenech avait accordé sa pleine confiance et dernièrement le chef des insurgés (un... traître lui-même ?), n'est plus capitaine. D'ailleurs, le latéral mancunien ne sera pas sur le terrain pour le très probable épilogue de l'équipe de France dans cette Coupe du monde 2010.

Capitaine aux nerfs fragiles sur le terrain (on se souvient de ses larmes... avant le match contre le Mexique, au moment des hymnes), il a mené, pour sa première Coupe du monde, la fronde en coulisses. Déception de Domenech et démissionnaire, totalement démotivé, depuis les événements, Evra était dans l'équipe des remplaçants lors des entraînements. Sur le flanc gauche de la défense, on trouvera donc Gaël Clichy, pour sa cinquième cape. Dans ces conditions, et en tenant compte de la suspension de Jérémy Toulalan, c'est Alou Diarra (29 ans, 25 sélections) qui hérite du brassard, préféré à Gallas, entre autres. Lloris, Gallas, Abidal, Sagna, Diaby et Govou, un des rares hommes de connfiance de Domenech, seront dans l'équipe qui débutera la rencontre, à l'instar de Ribéry et... Gourcuff, titularisé en raison de la mise à l'écart de Malouda. Devant, on peut s'attendre à voir Djibril Cissé.

Mais on n'est pas à l'abri de nouvelles surprises : le sélectionneur, désormais divorcé de ce groupe qui l'a trahi, affirme que c'est bien lui qui décidera, même s'il sait que certains ne seront probablement pas en état de jouer. "On verra qui sera en état physique et psychologique de jouer ce match à fond. Depuis deux jours, les joueurs ont usé beaucoup d'énergie", a-t-il admis tout en se disant confiant dans leur "motivation".

Qui est prêt à croire encore à une rébellion - honorable, cette fois ?

Guillaume Joffroy

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